Cabane : Le livre de Abel Quentin, Pierre-François Garel
Les résultats de l'IBM 360, alias " Gros Bébé ", sont sans appel : si la croissance industrielle et demographique ne ralentit pas, le monde tel qu'on le connaît s'effondrera au cours du XXIe siècle. Au sein de l'équipe, chacun réagit selon son tempérament ; le couple d'Américains, Mildred et Eugene Dundee, décide de monter sur le ring pour convaincre l'opinion mondiale de l'urgence d'une réaction ; le Français Paul Quérillot songe à sa carriere, rêve de vivre vite et de gagner des millions ; et l'énigmatique Johannes Gudsonn, le Norvégien, surdoué des maths ? Gudsonn, on ne sait pas trop. Certains disent qu'il est devenu fou ...
De la tiède insouciance des
seventies à la gueule de bois des années 2020,
Cabane est le récit d'une traque et la satire féroce d'un monde qui danse au bord de l'abime.
De (auteur) : Abel Quentin
Lu par : Pierre-François Garel
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Expérience de lecture
Avis Babelio
lucia-lilas
• Il y a 1 mois
En 1972, quatre jeunes scientifiques, spécialistes de mathématiques, économie et informatique, réunissent leurs compétences pour publier une étude intitulée « The Limits to Growth» (Les Limites à la Croissance) : les activités de l’homme sur la terre détruisent la planète. Voilà, c’est dit. Il faut donc renoncer non seulement à la croissance économique mais aussi démographique au risque d’un effondrement général vers 2050 c’est-à-dire demain. Des choses qu’on sait et qu’on vit maintenant, chaque jour. Notre modèle de société actuel épuise les ressources de la terre, perturbe le climat, crée des inégalités. Il faut donc redéfinir un nouveau modèle économique, freiner la surconsommation et l’usage abusif des matières premières, sinon nous connaîtrons crises, famines et conflits. Abel Quentin précise dans une note aux lecteurs que si le « rapport 21 » dont il parle dans « Cabane » s’inspire de celui de 1972, les personnages, eux, ont été inventés de toutes pièces. On se doute que l’auteur a dû s’intéresser de près à Donella et Dennis Meadows, William Behrens et Jørgen Randers pour créer le couple américain du roman : Mildred et Eugene Dundee, le Français Paul Quérillot et le Norvégien Johannes Gudsonn. Nous découvrons la façon dont le rapport a été élaboré et les tensions qu’il a provoquées au sein du groupe des scientifiques. (Quand on pense que ça fait 53 ans qu’on dispose d’informations claires et nettes sur le sujet et que nous peinons à enrayer le phénomène, j’avoue que cela laisse pantois.) Bref... Mais l’originalité du roman réside surtout dans le fait qu’il s’intéresse à la façon dont les quatre protagonistes ont réagi lorsqu’ils ont pris conscience du terrible constat que leur étude venait de mettre à jour. En effet : comment fait-on pour continuer à vivre normalement quand on a 25 ans et que l’on vient de découvrir que la planète ne va pas tenir le coup encore bien longtemps, et ce à une époque où la terre entière n’en a absolument rien à faire (pire que maintenant, c’est dire!) ? J’ai adoré les portraits de ces personnages que je trouve tragiques dans la mesure où ils sont détenteurs d’une horrible vérité et donc d’une trop lourde responsabilité pour eux. Chacun d’eux réagira à sa manière... « Cabane » est un roman passionnant, terrible, satirique, qu’on lit comme un roman policier et qui donne vraiment envie de réagir. On apprend plein de choses sur l’histoire de l’écologie et Abel Quentin est un génial vulgarisateur qui nous donne accès à des concepts scientifiques, philosophiques et écologiques essentiels. C’est ce type de livre qui donne envie de vivre autrement. Ça calme comme on dit ! Un vrai coup de coeur !
mylena
• Il y a 2 mois
Ce roman, inspiré du rapport Meadows, m’a d’autant plus fasciné que j’avais entendu parler de ce rapport à l’époque, pas par mes proches, mais probablement par des profs de lycée. Et curieusement ils mettaient tous l’accent sur la démographie (il faut dire que la courbe démographique est la plus parlante et la plus concrète pour le commun des mortels). Visiblement mes profs étaient peu ordinaires car jusqu’à ce livre je n’arrivais pas vraiment à comprendre pourquoi dès le milieu des années 80 j’ai eu l’impression d’être entourée de gens qui, en dehors d’écolos, n’étaient pas au courant, ne réalisaient pas ou pire, tenaient les discours qu’Abel Quentin met en scène dans ce roman. J’ai trouvé qu’Abel Quentin explorait toutes les facettes de réactions possibles, tant psychologiques que pratiques : abattement, déni, dépression, folie, repli sur soi, ... militantisme, égocentrisme (après moi le déluge), terrorisme,.… Il fait le tour complet des inactions et des impasses, avec une fin qui laisse un goût amer. Heureusement en cours de route il sème des pistes de lecture pour creuser, aller plus loin ou à l’inverse remonter aux sources. Ce roman, d’un point de vue littéraire, n’est pas un chef d’oeuvre, mais je crois que je ne vais pas tarder à le placer dans ma liste de livre à emporter sur une île déserte. C’est tout à fait approprié ! Au passage, six livres pour une île déserte, c’est vraiment beaucoup trop peu !
dupuisjluc
• Il y a 2 mois
Dans ce roman on parle écologie, effondrement, rapport, sonnette d'alarme brandie par certains depuis bien des années, cynisme aussi... On y suit quatre protagonistes principaux qui sont les quatre auteurs d'un rapport annonçant dans un avenir plus ou moins proche l'effondrement de notre mode de vie... Quatre personnalités avec chacune sa manière d'affronter cette nouvelle.... Un roman intéressant mais je déplore bien des longueurs et des digressions parfois sans intérêt...
gabb
• Il y a 2 mois
Ça ne fait plus de doute pour personne (ou presque) : on est foutus. L'humanité va droit dans le mur - en klaxonnant gaiement - alors avant le crash, pourquoi ne pas regarder une dernière fois dans le rétroviseur, histoire de bien mesurer l'étendue de notre bêtise collective ? Pourquoi ne pas remonter par exemple jusqu'au début des années 70, quand fut publié le "Rapport Meadows", l'un des premiers à pointer (déjà !) les limites de la sacro-sainte croissance et à proposer quelques mesures d'urgence à envisager pour retarder l'effondrement général ? C'est à peu près le projet d'Abel Quentin, qui a justement bâti (avec un talent inouï !) son troisième roman autour de ce fameux "Rapport Meadows", en le rebaptisant "Rapport 21", et en clonant ses auteurs - aujourd'hui injustement tombés dans l'oubli - en quatre personnages de fiction tout à fait singuliers et néanmoins parfaitement crédibles dans leur rôle de lanceurs d'alerte. Autant le dire d'entrée : j'ai adoré. Nous avons là d'abord Mildred et Eugene Dundee, un couple de scientifiques américains bien décidés à tirer activement la sonnette d'alarme écologique. Mildred déborde d'énergie et prendra en quelque sorte la direction des opérations tandis qu'Eugene, plus effacé, fait déjà figure de pionnier de l'informatique. Ses compétences s'avéreront précieuses pour programmer "Gros Bébé", le super-calculateur IBM chargé d'ingurgiter sous forme de cartes perforées la prodigieuse quantité de données et de paramètres interdépendants à corréler-compiler-interpréter pour élaborer différents scénarios, tous plus inquiétants les uns que les autres à très brève échéance. Au hasard et dans le désordre : explosion démographique incontrôlée entraînant famines et crises sanitaires, économiques ou politiques, exodes massifs de populations, extinction d'innombrables espèces, épuisement des ressources, catastrophes climatiques, etc... Les Dundee sont épaulés dans leurs travaux par Paul Quérillot, un jeune polytechnicien français aux motivations parfois plus discutables, et par Johannes Gudsonn, un génie des maths norvégien, personnage atypique et mystérieux dont le portrait m'a véritablement captivé et qui toute sa vie chercha "le monde divin dont les mathématiques sont le reflet", traquant les vérités cachées dans le Nombre et la Géométrie jusqu'à en perdre l'esprit. Mildred, Eugene, Paul et Gudsonn : voilà donc nos quatre cavaliers de l'Apocalypse, les quatre évangélistes qu'Abel Quentin envoie prêcher (dans le désert) et auxquels il prête vie de manière plus que convaincante ! Cinq-cents pages durant, en s'attachant successivement à chacun d'entre eux et en insérant même un cinquième personnage (Rudy, sympathique journaliste chargé d'enquêter sur le fameux matheux Norvégien qui semble avoir complètement disparu des radars), il imagine leurs parcours respectifs, depuis leur rencontre à Bercley en 1973 jusqu'aux tristes années 2020 qui confirment hélas, dans les grandes lignes, la validité de leurs courbes prédictives et de leurs modèles les moins engageants... Cinq cents pages pour cinquante années d'efforts, de combats, de mises en garde dans le but d'éveiller les consciences et de provoquer un hypothétique sursaut salvateur, de désamorcer la bombe à retardement que constitue l'opulence généralisée et de nous prémunir, peut-être, des "catastrophes qui attendent, cachées dans un futur proche, en embuscade". Parfois quelques espoirs, un regain d'optimisme quand le Rapport 21 est largement diffusé, lu et plébiscité à travers la planète, mais aussi bientôt les doutes, les controverses et les dissensions dans l'équipe, et finalement la sidération, l'impuissance et la résignation face au scepticisme et à l'immobilisme ambiants. Cinq cents pages pour cinquante années, enfin, durant lesquelles le lecteur pourra croiser la route de nombreux penseurs, philosophes, entomologistes, mathématiciens et écologues (de René Thom à Aurélien Barraut, de Jacques Ellul à Jean-Marc Jancovici) et même marcher sur les traces de Kurt Gödel ou de Rudolf Steiner : autant d'occasions mises à profit par Abel Quentin pour nous livrer des réflexions puissantes et parfaitement bien amenées sur le monde tel qu'il va ... et surtout tel qu'il ne va pas. Citons entre autres joyeusetés : - la société moderne, industrielle, technique, oublieuse de la Nature et de ses lois fondamentales, la civilisation "de la dope énergétique, du confort et de la vitesse" aveuglée par son intarissable soif de technologie. - la course effrénée au Profit, à la Croissance et à ce que l'on nomme indument Progrès ("chaque invention de merde appelle une autre invention de merde, sans que personne ne songe à enrayer cette routine. Qui aurait osé mettre en question la sortie d'une nouvelle génération d'iPhone ? En 2023, c'eût été aussi incongru que de vouloir inverser un courant maritime, ou la rotation de la Terre. Emprise invisible, mille fois plus sournoise que celle du fascisme. Contre elle, il était difficile de se révolter. Il aurait fallu, pour s'en libérer, nous révolter contre nous-mêmes.") - la multiplication incontrôlée de ces individus toujours plus nombreux, toujours plus voraces et plus égoïstes, que l'énigmatique Gudsonn voit proliférer comme des lapins de Fibonacci. - ces villes "pleines comme des oeufs, obèses, prêtes à exploser", ou cette ferme géante d'Ezhou qui concentre, dans un même et immense bloc de béton de 26 étages, un total de 650.000 porcs. - ces courbes exponentielles et ces mécanismes diaboliques qui lient démographie, pollution globale, surconsommation et usage effréné de ressources non renouvelables. - ... et tant d'autres signaux d'alerte encore auxquels nous sommes restés sourds depuis le Rapport Meadows/Dundree de 1973, tous ces seuils critiques franchis dans l'indifférence générale qui font dire en 2009 à une Mildred fataliste et désabusée : « Il y a cinquante ans, nous nous battions pour que nos sociétés humaines évitent l'effondrement. Aujourd'hui, la seule chose que nous puissions faire, c'est les préparer à encaisser le choc. » Voilà en quelques mots ce que vous trouverez dans cette remarquable Cabane, référence croisée à bicoque dans laquelle vécut Théodore Kaczynski (alias Unabomber, le mathématicien-terroriste américain violemment réfractaire à la société industrielle et à la civilisation technologique, qui fit trois morts et vingt-trois blessés, au moyen de seize bombes artisanales), et à celle où s'exila un temps Johannes Gudsonn, au fin fond de sa Norvège natale. Je doute que vous soyez nombreux à m'avoir lu jusque là (salutations amicales aux courageux !), alors après vous avoir parlé longuement du fond, j'abrège un peu sur la forme : en bref ce fut un régal ! Un ton vif, moderne, vivant, un style précis et addictif que j'ai découvert avec un immense plaisir. En somme Cabane est un grand roman, parfaitement construit et équilibré ; l'histoire d'un aveuglement coupable ; un récit foisonnant d'une très grande maîtrise doublé d'une approche passionnante de la "dynamique des systèmes" que nos quatre prophètes maudits tentent avec courage d'appréhender dans toute sa complexité. Longtemps je garderai en mémoire ce Rapport 21 dont le seul tort fut peut-être d'avoir eu raison trop tôt et qui a, le premier "apporté une vision panoramique et chiffrée du système-monde" tout en "démontrant scientifiquement l'impasse de la croissance dans un monde fini". Au passage il "mit au jour un mal sans visage, un crime collectif dénué d'intention criminelle : la croissance. Des milliards d'individus qui, pris isolément, ne poursuivent aucune intention malveillante : ils vont pourtant entraîner la mort de millions d'autres, provoquer des famines et noyer des deltas." Tout ça sonne terriblement juste, chaque constat m'a paru effroyablement limpide, chaque diagnostic m'a semblé être le bon... Longtemps aussi je me souviendrai des Dundee, de Paul Quérillot et de Johannes Gudsonn, les quatre points cardinaux de ce roman lucide, époustouflant d'intelligence et criant de réalisme. Je mets au défi quiconque de sortir indemne de cette lecture "collapsologique" ! J'ai quant à moi été complètement embarqué/effrayé par cette sombre méditation sur le suicide du monde (ce "moteur en surchauffe où le pire devient probable") et par l'incurie collective dont nous faisons preuve depuis plus d'un demi-siècle, sur le pont de notre Titanic. Elle causera notre perte... En attendant l'heure dernière, il est temps de conclure (enfin) ce (trop long) billet, en répétant le judicieux conseil de ce brave Rudy pour les temps qui viennent : « Faites en sorte que vos affaires soient en ordre. D'après Gudsonn, ce pourrait être pour bientôt. » Ah, et bonne année quand même !
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Romans , Roman Français
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- EAN
- 9791036637940
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- Collection ou Série
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- Format
- Livre audio
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- Durée
- 600 min
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