Ce que je sais de toi : Le livre de Eric Chacour, Loïc Renard

Tarik a grandi dans une famille aisée. Fils ainé d’une fratrie de deux, il embrasse le métier de son père, devient médecin, reprend la patientèle, crée un dispensaire dans le bidonville des chiffonniers, se marie avec son amour d’enfance, prend soin de sa famille après le décès du père. Pendant ce temps, sa sœur grandit dans son ombre, sans la pression de la famille, même pas celle de se marier. Un jour, Ali, un jeune homme, se présente au dispensaire et demande à Tarik de venir soigner sa mère. Une relation singulière va se nouer entre les trois, faite de rendez-vous quotidiens, du refus d’une mère de reconnaître l’évolution du mal héréditaire qui la diminue un peu plus chaque jour. Avant de mourir, elle fait promettre à Tarik de veiller sur Ali lorsqu’elle ne sera plus, Ali que Tarik a déjà pris sous son aile pour lui apprendre à soigner. La relation entre les deux hommes va évoluer et bouleverser la vie et le destin de Tarik. Trois parties pour ce récit : Toi – Moi - Nous. L’histoire est racontée à la deuxième personne du singulier. Qui est celui ou celle qui s'adresse à Tarik, remonte le fil de cette histoire d'amour à l'origine de la dispersion d'une famille ? Une passion aussi soudaine qu'intense, qui chamboule la vie si bien rangée de Tarik. Longtemps le lecteur ne saura pas qui est celui ou celle qui s’adresse à Tarik, relate sa vie, imagine ses émotions, l’interpelle sur ses choix. Et lorsqu’est révélée l’identité du narrateur, le fil du récit continue sur sa lancée, s’accélérant petit à petit. L’écriture est délicate, précise. Le récit est tout en sensibilité, en sensualité, avec le regard bienveillant de ce narrateur. Avec une pudeur qui, jusqu’à la dernière scène, imprègne le récit de délicatesse, de douceur, de nostalgie. La construction est fine, intelligente. Outre cette belle histoire d’amour impossible, de destin perturbé, de filiation, il y a l’histoire d’un pays, l’évolution d’une société. L’auteur nous plonge dans le Caire des années 1980/1990, entre guerre des 6 jours, mort de Sadate, retour des religieux intégristes. Il nous présente la hiérarchie de cette société, des quartiers bourgeois aux bidonvilles, des restaurants chics aux boîtes de nuit clandestines. Eric Chacour excelle également dans l’approche de la psychologie de ses personnages. Autour de Tarik qui a subi plus que choisi sa vie, et d’Ali qui n’a d’autre choix que la survie, il y a les femmes. Trois générations qui entourent Tarik de leur amour, de leurs attentes résultant du poids de la tradition et du regard de la société, de leur protection aussi. Jusqu’à la servante, sans éducation mais pas sans cœur ni sans esprit. Un premier roman parfaitement maîtrisé qui procure beaucoup d’émotions, avec une fin qui, comme le reste du roman, laisse le lecteur face à son propre imaginaire, l'auteur n'imposant jamais sa vie unique ni son jugement.

Excellent 1er livre ! Je viens de refermer ce roman dont la 4ième de couverture ne me laissait pas penser que je l’apprécierais autant : très belle écriture, l’histoire est prenante, les personnages sont travaillés. Rien de superflu, une seule envie : que l’auteur continue à écrire !

Très jolie écriture ! Et dire qu'il s'agit d'un premier roman !! Un réel plaisir du début à la fin. Mais malgré toutes ces éloges, je ne sais pas si Frédérique aimera ce livre autant que moi :) Joli cadeau à faire pour Noël ! Faut-il écrire 250 caractères pour publier sa critique ? Visiblement oui ! Ahahah

Sentiment partagé en refermant le livre. Ce que que j'ai aimé : plonger dans l'atmosphère de l'Egypte des années 80, jadis terre d'accueil notamment pour la communauté chrétienne levantine composée de ressortissants de différents pays tels que le Liban, la Syrie, la Jordanie et d'autres. Ayant des proches d'origine égyptienne (chrétiens), j'ai pu retrouver beaucoup de similitudes, mais aussi mieux comprendre leur histoire. Ces familles chrétiennes éduquées et aisées, occupant des places prestigieuses dans la société, font face aux transformations du pays, à la montée des extrémistes, et deviennent peu à peu étrangers dans ce pays ayant accueilli leurs ancêtre, beaucoup préfèrent l'exode vers l'Occident. Ce que j'ai moins aimé : l'histoire m'a paru un peu étrange et, à certains moments, manquant de vraisemblance. J'ai trouvé que l'auteur a beaucoup d'empathie envers les personnages masculins et beaucoup moins envers les personnages femmes (sauf une). J'ai trouvé l'attitude d'un personnage masculin assez égoïste et j'ai eu beaucoup de peine pour une femme ayant énormément souffert, y compris dans son corps. Le récit m'a paru un peu long par moment.