Ce que je sais de toi : Le livre de Eric Chacour, Loïc Renard

Ce livre qui m’a été conseillé par ma libraire, m’a d’abord surprise, j’ai eu du mal à comprendre qui parlait avec ce « tu » puis en poursuivant on comprend que ce livre comprend 3 parties. C.est l’histoire d’un médecin, fils de médecin en Égypte dans les années 1980 qui mène une vie traditionnelle en famille, jusqu’a son mariage avec Mira. Un jour il rencontrera Ali et la le voilà épris de ce jeune homme homo, qui fait de son corps son gagne pain, ils se verrons souvent, sa femme s’absentera souvent, peut être pour le laisser réfléchir ou pour le retrouver encore mieux. Un jour, il le retrouvera mort et sa vie prend un autre tournant.il part au Canada et abandonne tout.Il reviendra pour les obsèques de sa mère et apprend que la mort d’Ali a été manigancée par elle-même en accord avec Ali, et le pense encore vivant suite à une série de lettres adressées à lui_meme et gardées par sa mère qu.il lit en arrivant, il repart aussitôt le chercher et rencontré son médecin collaborateur qui lui dit qu.il est mort noyé, sans doute suicide car il avait la même maladie neurologique de sa mère. Encore déçu, il repart au Canada et la, son fils, dont il ignore sa naissance, se fait passé pour un journaliste et lui donne rendez vous à Boston dans un café.l’ histoire s’arrete la! Ce livre est très bien écrit, il se lit très facilement, c’est tendre, bien conçu, bien pensé, il s’agit d’une réflexion durant l’adolescence d’un jeune homme qui idéalise son père, l’excuse de son absence, cherche à comprendre la fuite car personne ne lui en a parlé, hormis la domestique par bribes, que va t- il penser?

Dès le commencement, ce que l'on sait sur Tarek, c'est que son existence est préalablement toute tracée. Tarek est ce cheval de course lancé à pleine allure sur la piste de l'univers, sans retour ni déviation possible. Aucune bifurcation n'est envisageable, aucun sentier non balisé et de chemin exotique ; sa vie se modèlera à l'image que ses parents espèrent de lui. Fils d'un remarquable médecin dans le Caire des années 80, il cheminera dans ses enjambées, empruntant ses souliers. Une existence douillette et sans turbulence attend Tarek. Une union avec son amour de jeunesse, Mira. Les enfants qui viendront ensuite. Son boulot, ses remplacements dans le dispensaire qu'il a édifié à Moqattam, cette décharge à ciel ouvert. Tarek ne se pose pas véritablement de question, Tarek adopte l'itinéraire qu'on lui a imposé. Et puis, il y a la rencontre avec Ali. Cupidon, en créature facétieuse, qui dégaine ses flèches sur deux antagonistes dans un territoire homophobe et croyant. Ali, prostitué, jeune homme qui sent le fumet doré de la liberté, Ali qui lui enseignera qu'aucune conviction ne peut s'opposer aux affres de la passion. Du Caire jusqu'au Canada, conté à la seconde personne, par un narrateur omniscient, Ce que je sais de toi raconte l'histoire d'un homme, qui pourrait être nous, celle d'un individu qui s'est trop conforté à ce que l'on attend de lui et qui finit par ne plus savoir qui il est authentiquement.

En Égypte, dans les années 1980, un jeune médecin, Tarek, a repris le cabinet de son père décédé. Il alterne entre les « vrais » patients comme les appellera un jour, son second, Alli, c’est-à-dire ceux qui payent et les autres qu’il rencontre le mercredi au dispensaire dans un quartier défavorisé du Moqattam. Son destin est tout tracé : Mektoub, c’est écrit. Avec les mêmes initiales que son père, lui aussi sera médecin. Mais, ce mercredi-là, alors qu’il s’apprête à fermer le dispensaire après avoir vu de nombreux patients, un jeune homme lui demande de venir voir sa mère qui est souffrante. Tarek le suit. Cette rencontre viendra bouleverser son existence et viendra remettre en cause, si ce n’est le destin, ce que sa famille avait écrit pour lui. Il sera ébranlé dans toutes ses certitudes : sa moral, son amour, son mariage, sa carrière. Ce que je sais de toi est un premier roman dont on peine à croire que ce soit la vérité tant l’écriture et mature et réfléchie. C’est un récit habité : habité par ce « tu » du narrateur dont on ignore d’abord l’identité : mais qui est-il ou qui est-elle pour le tutoyer ainsi ? Puis par ce « je », avant que le « je » et le « tu » ne forment qu’à l’unisson un « nous ». C’est une construction surprenante et si belle, propice à la réconciliation. C’est un récit habité par l’absence aussi puisqu’en filigrane, c’est l’exil qui prédomine, les non-dits d’une famille et la quête de sens d’un narrateur qui rapièce les souvenirs d’une histoire qui ne lui appartient pas. C’est un récit poétique enfin, les mots sont choisis avec précaution, comme sur la pointe des pieds. Le roman est délicat et pudique. La langue est parfaitement maîtrisée à tel point que j’ai relu certaines phrases et constructions à voix haute pour les entendre résonner une nouvelle fois. Éric Chacour signe un premier roman aussi sensible que subtile, où s’entremêlent traditions, secrets de famille et réconciliation, à l’aune d’une société en pleine transformation, des années 80 aux années 2000. Un véritable bijou.

D'abord il y a "tu" qui parle de "toi". Puis il y a "je" qui parle de "toi" et de "moi". Enfin il y a un "nous" hypothétique qui suggère l'espérance. De 1961 à 2001. Du Caire à Boston 40 ans de vies. Il m'a fallu attendre la page 55 pour entrer dans cette histoire. A partir de là j'ai été happée et lu les 249 pages restantes d'une seule traite. Un langage soutenu, ciselé, une narration fluide. Un très beau roman.