Ce que je sais de toi : Le livre de Eric Chacour, Loïc Renard

Un roman triste. Une passion impossible à vivre. Une différence de classe sociale. L’exil pour Tarek plutôt que l’opprobre. On ne sort pas indemne de cette lecture. J’aime la façon de parler en utilisant le « tu ». C’est déroutant au début, mais quand à la fin le « tu » est utilisé indifféremment par la père et le fils, on retrouve un possible espoir. Cet extrait « Ce n'est pas tant que l'on s'habitue aux deuils: on finit simplement par se faire à l'idée que nous sommes mortels. On y trouve même parfois une certaine forme d'apaisement. Il nous arrive de pleurer encore. On pleure pour se sentir vivant, on pleure comme un rappel de son propre sursis, on pleure de mesurer l'extrême précarité de celui-ci. On dit que l'on pleure ceux qui nous ont quittés mais, à la vérité, on ne pleure jamais que sa propre impuissance » est si beau et décrit si bien notre finitude.

J'ai été tenté par toutes les critiques excellentes et j'ai eu du mal à rentrer dans ce livre et puis j ai retenté et adoré... De prime abord, c'est celle d'un homme, un médecin, qui prend la relève de son père au Caire. Mais c'est aussi l'histoire d'une rencontre qui bouleverse une vie, d'un amour impossible entre deux hommes dans Le Caire des années 80, d'un exil, des relations familiales ou encore d'une recherche de ses origines. C'est aussi, en arrière fond, l'histoire d'un pays, l'Égypte, qui se déchire et tente de se réinventer, sans pitié. Ce livre bouleversant raconte la vie, le hasard, ou plutôt, comme le souffle l'un des personnages, le destin. Dans tous les cas, peu importe l'angle par lequel on l'attaque, on ne peut ressortir indemne de cette lecture époustouflante.

Un roman lisse, dont les émotions n'arrivent pas à déborder. le père exigeant et la mère rigide (ou les grands-parents selon le niveau auquel on se place) ont imposé un carcan dont l'auteur peine à faire sortir ses personnages. La fuite et la quête restent polies, bien élevées. Sans rien qui dépasse... Un regret pour Mina la sacrifiée, laissée sur le bord du chemin, alors qu'elle avait une potentialité de révolte qui aurait pu réveiller ce roman tranquille. Mais, dans la première partie du livre, un bel aperçu sur « la communauté levantine du Caire ».

J’ai lu beaucoup de jolies critiques sur ce livre et je l’ai donc démarré sans lire le résumé. J’aime beaucoup faire ça quand les critiques sont unanimes (et que le genre du livre me correspond!) Je n’avais donc aucune idée de l’histoire dans laquelle j’embarquais. L’écriture au « tu » est assez surprenante, ça m’a presque déstabilisé et puis très vite je m’y suis habituée et on comprend au fur et à mesure de l’histoire le pourquoi de ce « tu ». Nous suivons la vie de Tarek, jeune médecin au Caire, qui ouvre un dispensaire et rencontre Ali. Cette rencontre va changer sa vie et celle de sa famille. Ce livre parle d’un tabou de l’Egypte des années 90. Tarek nous entraîne sur plusieurs décennies dans sa vie, ses choix, ses peurs, ses échecs et sa reconstruction. Une belle histoire.