Ce que je sais de toi : Le livre de Eric Chacour, Loïc Renard

L'auteur, avec une plume délicate et incisive, parvient à tisser une toile d'émotions qui captive le lecteur dès les premières pages. Une histoire d’amour, de famille, d’abandon, de mensonge, de pardon et d’amour interdit. C'est une lecture magnifique qui, sans aucun doute, marquera ceux qui prennent le temps de s'y plonger. Que l'on soit en quête de réflexions profondes ou simplement d'une belle histoire, ce livre saura toucher les cœurs.

Ce roman explore la vie d'un homme à travers le regard et les recherches du narrateur. Le livre est en trois parties et il aborde plusieurs thèmes, comme les secrets de famille et les non-dits, l'amour et ses difficultés. Le narrateur s'adresse directement au protagoniste, en utilisant le tutoiement. Ce procédé crée une intimité particulière et renforce l'émotion. L'écriture est soignée et riche. Cependant, initialement j'ai eu du mal à apprécier le livre. Je n'aimais pas les longueurs, et même si je voyais que la structure et le style sont soignés, personnellement je n'ai pas été immédiatement conquis. Mais la fin m'a beaucoup ému. Dans l'ensemble je trouve que c'est un livre bien fait.

J'ai lu ce premier roman il y a plusieurs mois, et il est toujours très vivant en moi. Il faut dire que pour un premier roman, il est plutôt remarquable , tant par le sujet que par la forme; le choix de rédiger à la deuxième personne du singulier est assez osé , ça gêne un peu, parfois, quand on revient au texte après avoir posé le livre un moment. Mais je trouve que ça fonctionne, que ça entretient le mystère et que ça titille. C'est un livre très émouvant, qui nous conte le destin radical d'un personnage très attachant. Je l'ai beaucoup aimé; il m'a fait repensé à l'écrivain égyptien Alaa El Aswany et à certains de ses livres.

Et bien voilà une excellent histoire. Bien construite, bien menée, et doté d'une écriture pleine de finesse : une réussite. Tarek est un jeune homme qui voit le jour dans l’Egypte des années 1950. Dans ce milieu coopte chrétien, on est médecin de père en fils, on se retrouve entre Cairotes et on rêve de Paris en écoutant Dalila. Son destin est tracé : devenir médecin comme son père, ouvrir un cabinet en ville et épouser celle dont il rêve depuis qu’il est adolescent, la belle Mira. Entouré de sa mère (un véritable personnage de roman), de sa sœur Nesrine et d'une servante qui jouera plus tard un rôle décisif, il enterrera son père et lui emboitera le pas dans la lignée médicale. Seulement voilà. Alors qu’il a tout pour être heureux, il ouvre un dispensaire dans un quartier pauvre du Caire pour faire profiter les plus pauvres de ses talents en médecine. Un soir, il accepter de suivre un jeune homme qui veut l’entraîner chez lui, dans ce quartier pauvre de Moqattam, où se trouve sa mère qui souffre d’une curieuse maladie - on saura plus tard que c’est la maladie de Huntington - . Elle perdra progressivement la maîtrise de ses gestes, mais elle aura fait promettre à son bienfaiteur d’embaucher son fils Ali pour l’aider au dispensaire. Mais en attendant Tarek reviendra chaque fois qu’il aura terminé sa journée de travail dîner fidèlement chez cette femme dotée d’un fort caractère. Puis surviendra le drame. La pauvre femme finira par passer l’arme à gauche et Tarek se retrouvera face au jeune homme qui va devenir plus qu’un assistant : un véritable amour coupable pour cet homme que rien n’avait préparé à aimer un autre homme. En parallèle Tarek baptisera son épouse de différents surnoms comme autant de variations de son prénom : Mira-Diaphane, Mira – Télépathe … rendant ainsi compte de la détérioration de leur relation de couple. On n’en dira pas beaucoup plus, pour réserver la surprise au lecteur, qui comprendra alors les titres des trois parties : » Toi » , « Moi », et « Nous ». On comprendra pourquoi l’auteur a choisi le tutoiement pour nous décrire la vie de Tarek entre les années 60 et les années 2000. La narration est audacieuse. L’emboitement des trois parties dévoile au fur et à mesure un destin très contrarié pour Tarek, qu’on se plaît à suivre au fil des pages. L’écriture est fine et si one plonge dans l’histoire on se retrouve face à un véritable page turner . Un Prix Femina des lycéens tout à fait juste donc, déjà signalé par de nombreux Babeliotes et dont je confirme son succès pleinement mérité.