Celle que je suis : Le livre de Claire Norton
Discrète, ordinaire, Valentine jongle entre son petit garçon Nathan, qu'elle chérit de tout son cœur, et son travail à temps partiel dans une grande surface culturelle. Pourtant, dès que la porte de leur appartement se referme, elle vit dans la terreur, redoutant la colère et la jalousie de son mari...
L'arrivée d'un couple dans l'appartement d'en face bouleverse sa vision du monde. Comment résister à la bonté de Guy, qui se conduit avec Nathan comme le grand-père qu'il n'a jamais eu ? Comment refuser la tendresse de Suzette, cette femme si maternelle ? Peu à peu, Valentine se laisse apprivoiser. Jusqu'au jour où elle commet une minuscule imprudence aux conséquences dramatiques... Mais alors, elle ne sera plus seule pour affronter son bourreau et reconstruire sa vie volée.
Lauréat du Grand Prix des Lecteurs Pocket 2022, catégorie littérature française.
De (auteur) : Claire Norton
Expérience de lecture
Avis des libraires
Avis Babelio
audelagandre
• Il y a 3 mois
Dans son roman «#8201;Celle que je suis#8201;», Claire Norton nous plonge dans un récit poignant qui explore la violence conjugale et le combat intérieur d’une femme pour se reconstruire. À travers une écriture sensible et immersive, l’auteure nous entraîne dans l’intimité d’une victime en quête de liberté, offrant un témoignage à la fois bouleversant et empreint d’espoir. «#8201;Celle que je suis#8201;» est l’histoire de Valentine, une femme d’apparence ordinaire, mais dont la vie est marquée par la douleur et l’oppression. Mariée à Daniel depuis de nombreuses années, elle subit en silence la tyrannie de cet homme dominateur et violent. Pour échapper à son quotidien, Valentine trouve refuge dans les livres et dans le lien tendre qu’elle entretient avec son fils, Nathan. Sa vie bascule lorsqu’elle rencontre Suzette, une voisine bienveillante qui apporte un souffle d’air frais dans son existence confinée. «#8201;Celle que je suis#8201;» est construit à la fois sous la forme d’un journal intime et d’un récit au présent. Le journal permet au lecteur un accès direct aux pensées et aux émotions de la jeune femme et d’explorer avec profondeur les sentiments contradictoires qui la traversent : la peur, la honte, mais aussi l’espoir ténu d’une vie meilleure. Dans le récit au présent, le lecteur assiste impuissant au quotidien de Valentine qui se débat avec les excès de colère de son mari et les moments de tendresse avec son petit garçon qu’elle essaie désespérément de rassurer. Ce qui m’a énormément frappée dans «#8201;Celle que je suis#8201;» est la manière dont Claire Norton décrypte le cercle vicieux dans lequel se trouve Valentine. Il repose sur plusieurs dimensions profondément interconnectées. D’abord, la violence physique et psychologique dont elle est la victime, qui engendre une peur constante et un état de vigilance extrême, l’empêchant de se sentir en sécurité même dans son propre foyer. Cette peur la paralyse et l’empêche de s’enfuir. Puis, l’isolement social et financier dans lequel elle est placée. Daniel contrôle tous les aspects de sa vie. (pas de compte bancaire personnel, pas de moyens de paiement) Il l’a isolée tant au niveau social que familial. (Il lui interdit jusqu’à la ballade au parc avec son fils.) Ce contrôle frénétique réduit ses possibilités de chercher de l’aide ou même d’imaginer une vie indépendante. Ainsi, la dépendance affective est totale et l’espoir de changement ténu. Valentine oscille entre un sentiment de résignation et l’espoir que Daniel pourrait changer. Elle rationalise souvent ses actes de violence, cherchant à justifier ses comportements par leurs souffrances respectives ou par l’idée qu’elle pourrait «#8201;changer#8201;» son mari. Cet espoir devient une illusion destructrice, la maintenant dans une relation toxique. Le pire est sans doute l’impact que cette violence a sur Nathan, son petit garçon. Terrifiée à l’idée que Daniel puisse s’en prendre à lui, Valentine ne «#8201;fait pas de vagues#8201;», mais elle se sent également coupable de ne pas le protéger en fuyant. Son sentiment d’échec et d’impuissance est ainsi entretenu. Enfin, l’humiliation constante a érodé la perception que Valentine a d’elle-même. Se considérant comme «#8201;incapable#8201;» ou «#8201;inutile#8201;», elle a perdu toute identité et confiance en elle pour envisager une existence sans son mari. Le piège mental autant que physique dans lequel elle est enfermée fait de chaque journée un combat silencieux. Dans «#8201;Celle que je suis#8201;», la plume de Claire Norton se révèle d’une justesse frappante, réussissant à capturer le quotidien d’une femme prisonnière d’une relation toxique, sans jamais sombrer dans le pathos. Son style allie fluidité et puissance émotionnelle, une tension palpable qui traduit parfaitement l’état d’alerte permanent dans lequel vit Valentine. La récurrence des scènes de violence domestique, décrites avec réalisme, nous fait prendre conscience du cauchemar auquel sont confrontées tant de femmes aujourd’hui. Pour plus d’immersion, j’ai décidé d’écouter «#8201;Celle que je suis#8201;» dans son format audio, lu par Sophie Frison, que je trouve toujours d’une justesse incroyable dans ses interprétations. Valentine, loin d’être une héroïne stéréotypée, incarne la réalité de nombreuses victimes de violences conjugales : enfermée dans une spirale de dépendance affective, elle oscille constamment entre le désir de fuir et la peur des représailles. Daniel est un personnage ambigu, à la fois charmant en public et monstrueux en privé. Cette dualité souligne combien il est difficile pour une victime de dénoncer son bourreau, d’autant plus lorsque ce dernier se montre manipulateur et capable de feindre l’innocence. L’arrivée de Suzette, la voisine attentionnée, apporte une lumière bienvenue dans ce tableau sombre. Elle devient un soutien précieux pour Valentine, même si celle-ci garde en elle la crainte que cette amitié naissante puisse un jour être découverte par Daniel. Les interactions entre les deux femmes sont empreintes d’une sincérité touchante, et offrent un contraste apaisant au climat oppressant de l’appartement conjugal. Que j’ai aimé ce personnage !! Si «#8201;Celle que je suis#8201;» est un récit de souffrance, c’est aussi un hommage à la résilience. À travers le parcours de Valentine, Claire Norton aborde des thèmes universels tels que la quête d’identité, la force de la solidarité féminine et le pouvoir libérateur des mots. L’écriture notamment devient pour Valentine une manière de reprendre le contrôle sur sa vie, de se réapproprier sa voix étouffée par des années de soumission. «#8201;Celle que je suis#8201;» met également en lumière l’impact de la violence conjugale sur les enfants. Nathan, bien que jeune, ressent profondément la tension qui règne au sein du foyer, il fait partie de «#8201;ces funambules de l’enfance#8201;»* qui savent ressentir les grands moments de tension et s’adapter en conséquence. Ce roman ne raconte pas seulement une histoire individuelle : il soulève aussi des questions sociétales cruciales. La violence conjugale est un fléau trop souvent occulté et tu. Claire Norton rappelle la nécessité de briser le silence, à la fois pour la victime, mais aussi pour l’entourage qui bien souvent fait semblant de ne rien voir ni entendre. Trouver de l’aide est une sortie du cercle vicieux. En France, les statistiques de la violence conjugale restent alarmantes. Selon les derniers rapports publiés par le ministère de l’Intérieur en 2023, plus de 271#8201;000 femmes ont été victimes de violences conjugales, avec 88 féminicides à minima (+ 12 tiers, dont 10 enfants) recensés au cours de l’année 2024. Les associations de lutte contre les violences faites aux femmes constatent une augmentation des signalements, en partie grâce à une meilleure sensibilisation du public et à la mise en place de nouveaux dispositifs. Néanmoins, les chiffres réels pourraient être bien plus élevés, car beaucoup de victimes ne se manifestent pas par peur des représailles ou faute de soutien. Pour celles qui souhaitent obtenir de l’aide, il existe des numéros d’urgence comme le 3919, un service gratuit et anonyme, ainsi que de nombreuses associations locales prêtes à soutenir les victimes dans leurs démarches. Cette chronique vise non seulement à recommander la lecture de ce roman, mais aussi à rappeler l’importance de rester vigilant et solidaire face à ce fléau. La violence conjugale n’est pas une affaire privée, c’est une question de société qui mérite toute notre attention. En refermant «#8201;Celle que je suis#8201;», je reste hantée par l’histoire de Valentine. Ce roman percutant pousse à la réflexion et invite à une prise de conscience sur la nécessité d’agir contre la violence faite aux femmes. En ce sens, Claire Norton réussit un tour de force : transformer une histoire douloureuse en un cri d’alarme et en un appel à la solidarité. Témoigner, c’est résister.
carole97450
• Il y a 3 mois
Je termine, chamboulée, ce roman de Claire Norton. Le premier de cette auteure que je découvre grâce à tout les avis positifs sur Babelio. Ce roman poignant parle de violences conjugales, ce fléau qui fait plus d'une centaine de victimes chaque année, rien que dans notre pays. Il parle aussi de résilience , d'espoir et de désespoir, de changement. Valentine vit dans une petite résidence de province et travaille deux jours par semaine au rayon librairie d'une grande surface culturelle. Les livres tiennent une place importante dans sa vie même si son seul bonheur s'appelle Nathan, son fils de 6 ans, qu'elle chérit et aime plus que tout. Car Valentine vit la peur au ventre, qu'à la moindre étincelle, la jalousie et la colère de Daniel, son mari, s'abattent sur son fils. L'arrivée d'un couple de voisins âgés dans l'appartement d'en face va complètement bouleverser sa vision du monde. Guy, qui se conduit avec Nathan comme le grand-père qu'il n'a jamais eu et Suzette, cette femme si maternelle, elle qui a tant manqué de mère. Peu à peu, Valentine se laisse apprivoiser. Jusqu'au jour où elle commet une minuscule imprudence aux conséquences dramatiques... Mais une chose change tout, désormais : elle n'est plus seule pour affronter son bourreau et reconstruire sa vie volée. Même si la fin est romancée, gardons en tête que c'est une histoire tirée de nombreux faits réels, des violences racontées par de nombreuses femmes que l'auteure a rencontrées. Et n'oublions pas que malheureusement, les fins de leurs histoires sont souvent bien tristes.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Romans , Roman Français
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- EAN
- 9782266323000
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- Collection ou Série
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- Format
- Poche
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- Nombre de pages
- 398
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- Dimensions
- 179 x 110 mm
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9,00 € Poche 398 pages