Collector Hunger Games - Tome 4 La ballade du serpent et de l'oiseau chanteur : Le livre de Suzanne Collins

C’est mon défaut de l’année : j’ai lu ce livre APRES avoir vu le film. Et j’ai (encore) constaté que ce n’était pas la meilleure des idées. La faute n’est pas à mettre sur le dos de Suzanne Collins, bien au contraire ! Comme à son habitude, on retrouve des personnages forts, aux personnalités développées, qui nous font découvrir un nouveau visage de Panem et viennent ajouter une profondeur à ceux que l’on connaissait déjà : comment était Snow plus jeune ? D’où viennent toutes les chansons que Katniss passe son temps à chanter dans la saga d’origine ? Comment les Hunger Games se sont-ils formés ? Ce livre revient, non pas sur la première édition des jeux, mais sur la première édition sous la forme qu’on lui connaît dans la trilogie d’origine : les mentors, les sponsors, et toute la médiatisation qui s’est développée autour de ces Hunger Games. Et pour le coup, je ne peux qu’admirer le talent que Suzanne Collins possède pour nous exposer un système aux rouages bien ficelés, complètement tordu, mais qui fonctionne. Les jeux ne sont finalement que la partie visible d’un système politique ravagé, mené par des personnages parfois fous, parfois mus par des envies de pouvoir et d’ascension sociale, avec tout ce que cela implique en termes de responsabilités que de contribuer à la construction d’une société aussi perverse. Un plaisir, donc, de replonger dans l’univers de cette autrice que je trouve absolument brillante et subtile dans sa critique de la société de l’image, et de l’instrumentalisation politique qui en est aujourd’hui faite. J’aurai grand plaisir à découvrir son prochain tome à propos de Haymitch, que l’on attend pour mars 2025, pour voir quelles nuances elle peut, encore, nous apporter, pour compléter un univers si cohérent, et qui me fascine tant. L’aspect plutôt négatif de mon expérience avec cette histoire est donc complètement lié à ma propre consommation : le souci des adaptations trop fidèles, c’est que la lecture ne m’a finalement rien apporté de plus. J’ai appris la leçon : je me précipiterai sur le prochain livre dès sa sortie #128214; Alors, rendez-vous en mars !

Je me souviens de mon premier contact avec la trilogie original. Il y a 15 ans, j'avais trouvé l'idée de l'univers vraiment intéressante, tout en regrettant de ne pas en savoir plus sur les origines de Panem, du Capitol et des Jeux. Avec cet opus, l'autrice nous propose justement un petit retour en arrière, en se centrant sur Snow, qui n'est ici qu'un étudiant encore. A à peine dix-huit ans, Coriolanus Snow est un pur produit du Capitol. Issu d'une vieille Famille, bien que désargenté, il incarne à la fois la démesure, la réussite et l'arrogance du Capitole. Orphelin, il vit avec sa grand-mère (ou Grande Dame), qui vit dans l'adoration du Capitole, et sa cousine Tigris. Pour sa dernière année, le voilà désigné comme mentor pour les Jeux. Une occasion de briller et d'obtenir une bourse ? Mais voilà qu'il est désigné pour le tribut féminin du District 12. Honte absolue pour lui et désespoir. Mais rapidement son tribu, Lucy Gray va le convaincre qu'il a une chance... La version audio est admirablement servi par un narrateur qui réussi à nous plonger dans les pensées de Snow et à bien différencier les différents protagonistes de l'histoire. J'admet que parfois, j'étais perdue sur les personnages féminins qui représentaient les autres mentors, mais il faut dire qu'ils ont tous les noms à coucher dehors et qu'on les voit finalement assez peu ! 17h d'écoute c'est plutôt long, mais le bouquin fait 600 pages ! Sauf que je l'ai écouté grâce à Spotify et comme j'ai atteint mon quota (12h/mois) j'ai du attendre décembre pour le terminer ^^" Si le narrateur était top, le personnage principal était également bien campé. Snow est le seul narrateur, nous suivons tous à travers sa vision des choses. On se rend rapidement compte que son statut est celui de l'héritier, petit dernier, qu'on a toujours protégé du pire. Sa famille se sacrifiait pour lui et il devient évident au fil des chapitres qu'il pense que tout lui est dû. Limite, il se pense un cadeau pour le peuple de Panem... c'est dire ! "Ce que l’humanité avait de mieux à offrir." Mais en réalité, au delà de son égocentrisme, Snow est un personnage façonné par les gens et les événements autour de lui. Son statut de petit dernier l'a toujours protégé et l'a habitué à obtenir ce qu'il voulait. Son intelligence le donne l'impression d'être plus malin que les autres - parfois à raison. Son manque d'argent - suite aux décès de ses parents - l'a poussé à devoir être malin et à nouer des contacts tout en exacerbant son talent pour la dissimulation. Plus les Jeux avance, plus on le voit interagir - tant avec les adultes qu'avec ses camarades. J'ai rapidement réalisé que ce n'est qu'un adolescent au fond. Il se cherche et va souvent être orienté par les avis et les actes des gens autour de lui. Sejanus, la Dr. Goal... tous vont le manipuler (et pas toujours consciemment). Au final, avec cette vision en tête, il agira, pensera et parlera toujours en tête en pensant que le Capitol est la solution ultime, que c'est lui qui guide et protège le peuple. Et si ce n'est pas le Capitol, c'est lui. Les apparences sur la famille Snow et tout ce qui pourra être un avantage pour lui. Si on début on n'éprouve rien de particulier pour lui, un peu de sympathie et de compassion peut être pour ce qu'il traverse, dans la troisième partie il y a un vrai basculement. J'ai vraiment eu la sensation d'un personnage qui devient de plus en plus détestable jusqu'à ce point culminant où il prend consciemment la décision qui le fait basculer. Lucy Gray est un personnage intéressant, mais qu'on ne côtoit finalement pas assez pour bien la comprendre. Et la fin du roman retourne énormément de choses. Le lecteur (ou l'auditeur dans mon cas) ne peut que s'interroger sur tout ce qu'il s'est passé auparavant. Clairement, il y aura un ou deux tomes supplémentaires ! Sejanus, idem. Personnage idéaliste, mais naïf, il est vu par les yeux de Coriolanus donc on le voit trop peu. Ceci dit, l'histoire aurait été moins attrayante je pense en le voyant par ses yeux. Il n'a pas l'énergie de Katniss, donc son point de vue sur les Jeux est peu pertinent. Les Jeux justement. On apprend d'où ils viennent, quelle idée les a engendrée. Nous sommes justes après la Guerre, et les gens sont encore marqués. Au Capitol comme ailleurs, tous ont soufferts. Régulièrement, il y aura des échanges entre Coriolanus et la Dr Goal pour connaître le but des Jeux. On voit ainsi l'évolution de Snow mais au fur et à mesure des révélations on en comprend davantage. Davantage que la punition des Districts : il y a le sadisme d'une personne puissante. Au final si j'ai aimé ces phases d'interrogation, les moments de doutes et autres...il y a trop de longueurs ! De longs et longs moments qui pourraient largement être coupé pour gagner du temps. Quant aux noms, ils sont longs et leur répétition toutes les deux phrases est ennuyante à la longue. De même, la version audio oblige, lorsque l'autrice revient sur la liste tribut/mentor, le narrateur est contraint de tout lire, alors que avec le texte sous les yeux, nous pourrions passer plus rapidement et éventuellement ne s'intéresser qu'à un point ou deux. Donc de bonnes idées mais trop de longueurs à mon goût. Coriolanus est certes un anti-héros, mais ce n'est pas beaucoup poussé dans ce tome qui se révèle à cet égard très introductif. Je pense que selon ce qu'on y cherche, on appréciera plus ou moins et surtout différemment ce roman qui a plusieurs prisme d'interprétation et de lecture. Je suis contente de l'avoir écouté, mais aussi contente qu'il ait été offert dans mon offre Spotify car j'aurai été déçue par ailleurs.

Si je voyais le potentiel dans l’histoire de Snow, j’avais un peu peur que ce livre serve à redorer son image et à expliquer sa cruauté pour nous pousser à l’apprécier. Ça n’a pas été le cas et, au contraire, je l’ai trouvé très bien fait. D’autant plus que l’écriture à la première personne nous permet de comprendre la différence entre ce qu’il fait et ce qu’il pense, entre l’image qu’il renvoie et la personne qu’il est intérieurement. Une nouvelle fois, Suzanne Collins arrive à écrire ce qu’il y a de pire chez l’être humain tout en rendant cela très réaliste. Car oui, on comprend pourquoi Snow fait ce qu’il fait mais à aucun moment il n’y a une tentative de rendre ça acceptable. J’ai adoré le fait que, pour une fois, les jeux soient l’élément central sans prendre toute l’histoire, que l’on puisse voir les failles dans ce qui semble être, en tout cas dans le premier tome de la trilogie, quelque chose d’incroyable - et d’apprécié par certaines personnes. On voit que, à partir du moment où il y a une manipulation des événements à travers des médias, des paillettes, de la romantisation, le public en vient à oublier la cruauté derrière et c’est là que l’autrice montre une nouvelle fois sa capacité à expliquer le monde réel à travers sa dystopie. Avec ma relecture, j’ai eu une petite sensation de lenteur dans la deuxième partie, pourtant c’est là qu’on voit un Snow un peu plus humain. Mais la sensation est vite partie ! Et en parlant de relecture, le fait de la faire après avoir vu le film m’a fait apprécier ce dernier davantage. C’est étrange, mais j’avais l’impression que le film s’éloignait pas mal du livre et je me suis rendu compte que c’était dans ma tête. Même si je reste d’avis que l’adaptation a dû être très compliquée à faire car tout ce qui construit Snow se passe à l’intérieur de lui. Je trouve que le film montre un côté plus “doux”, qui redore un peu son image. Mais dans tous les cas, j’ai bien aimé les deux et j’ai hâte de retrouver la plume de Suzanne Collins #128064;

La suite qu’on attendait pour comprendre la vie et les motivations de Snow par rapport à la trilogie d’origine mais j’ai été assez déçue, certains points ne sont pas assez approfondis et d’autres détails sont complètement passés à la trappe. Dommage, car l’histoire aurait également mérité plusieurs tomes pour comprendre tous les tenants et aboutissants tout comme la création des districts et du capitole aurait mérité d’être évoqué plus longuement.