Comme si de rien n'était : Le livre de Barbara Abel

Je suis à l'affût des sorties pour des auteurs de prédilections dont j’affectionne particulièrement le style et la manière qu’ils ont de nous embarquer dans leurs intrigues. Barbara Abel en fait partie, j’avais vraiment hâte de découvrir cette nouvelle histoire et savoir vers quels tréfonds elle allait bien pouvoir nous entraîner. Je trouve que cette auteure est vraiment l’une des plus douée pour les thrillers domestiques, même si je ne raffole pas de ce terme. Elle à l’art et la manière de transformer le commun des mortels en un monstre dont on ne soupçonnait pas l’abomination et que même le protagoniste lui-même souvent ne soupçonnait pas. J’ai été happée immédiatement par le suspens mis en place, par les mystères que les personnages cherchent à nous cacher. Monsieur et Madame tout le monde, la belle maison dans l’impasse boisée, le petit portail blanc et les voitures garée dans l’allée. Oui mais nous ne connaissons jamais nos voisins, ni ce qui se passent une fois la porte fermée, ni le professeur de votre fils. Ces personnages que nous croisons dans la rue, dans un rayon de supermarché ou en allant récupérer vos enfants nous ne pouvons soupçonner ni leurs noirceurs ni ce qu’ils sont en train vivre et qui vont les faire basculer. C’est dans cette atmosphère que le roman évolue et ça avait vraiment tout pour me plaire, malheureusement je me suis tellement habituée à des cliffhangers magistraux de la part de cette auteure que pour ce roman je suis restée sur ma faim. J’ai trouvé les dernières pages presque trop facile il m’a manqué le retournement qui me laisse sans voix

Cette autrice fait partie de mes must-read donc trop contente de l'avoir trouvé à la bibliothèque. On part ici sur Hugues, professeur de solfège pour des enfants de primaire. Il vivote un peu et galère pas mal dans la vie. Il croise un jour une femme qu'il croit reconnaitre, elle est la mère de l'un de ses élèves et s'appelerait Marie. Sauf que celle-ci nie en bloc et ne le reconnait pas. Adèle de son vrai nom, est une femme mariée comblée et une mère aimante, ainsi qu'une working girl accomplie. Rien ne doit changer son quotidien hyper millimétré, même pas quelqu'un qui insiste en disant la reconnaitre... Barbara Abel est une des reines du thriller domestique et encore une fois, cela se voit dans son dernier ouvrage où elle nous ouvre les portes de l'intimité de la famille Moreau, dont la vie va se trouver changée avec l'arrivée de Hugues. C'est parfaitement écrit et toujours incroyablement haletant. Je le trouve mieux que ses derniers romans (les deux derniers) mais en dessous de Derrière la haine et L'innocence des bourreaux, entre autres. Il n'empêche que quoi qu'elle écrive, je serais toujours au rendez-vous, tant elle a cette capacité de transformer Mr et Mme tout le monde en animal à l'instinct primaire.

« Il avait une chance sur douze. C’est énorme. Et si peu à la fois. » La vie de Hugues va basculer de la plus violente des manières, puisqu’elle va lui faire perdre l’ensemble de ses repères. D’abord, l’annonce de la maladie de son père, Alzheimer, sans appel. Totalement démuni, il va pourtant devoir se montrer fort pour deux, car les événements qui entourent cette maladie ne vont pas tarder à s’en refaire sentir. Et puis cette femme, Marie, qui lui dit vaguement quelque chose. Son fils, Lucas, suit ses cours de solfège qu’il donne en tant que professeur de musique. La première rencontre est tellement déstabilisante, surtout que cette femme affirme s’appeler Adèle. Alors, petit à petit, les morceaux de puzzle s’assemblent et là, l’évidence le frappe. Volontairement, je n’en dévoilerais pas plus pour vous laisser le plaisir d’en découvrir l’histoire. Pour ma part, cela restera une lecture en demi-teinte ! J’ai l’ai trouvé très (voir trop) longue, je m’attendais à un retournement de situation, mais à part quelques rebondissements plutôt prévisibles, je n’ai pas été surprise, trouvant parfois que ça manquait un peu de rythme. Pourtant, j’ai bien aimé évoluer au cœur de cette famille qu’Adèle a tissée au fil des années, apprendre à déchiffrer les codes et les personnalités de chacun de ces membres. L’intrigue reste fluide, l’autrice nous amène doucement vers une issue qui semble sans cesse se resserrer. Un thriller domestique à découvrir, dont les rouages nous entraînent dans une situation des plus délicates, sur fond de chantage et de manipulation. « L’agonie de l’esprit est pire que celle du corps. L’être aimé n’est plus qu’un organisme déserté, sans âme ni lumière, vide d’une histoire qui l’animait d’émotions et le rendait unique. »

Après avoir lu et adoré « Derrière la haine » il y a des années, j’ai dévoré presque tous les livres de l’auteure. Sa dernière sortie était l’occasion de retrouver son univers et sa plume que j’aime tant. Barbara Abel a l’art de nous faire rencontrer des personnages d’apparence ordinaire, auxquels on pourrait facilement s’identifier jusqu’à ce qu’ils soient poussés à commettre le pire. Je savais donc à quoi m’attendre en me plongeant dans cette lecture et même si j’ai analysé tous les personnages en me demandant sans cesse qui allait basculer dans la folie, l’autrice a réussi à me surprendre. Alors que j’adore pourtant être surprise dans les thrillers psychologiques, cette fin m’a plutôt frustrée car je l’ai trouvée beaucoup trop rapide et simple par rapport à la tension présente tout au long du roman. Cela reste bien évidemment mon avis et si vous aimez les thrillers psychologiques et domestiques je vous invite à le découvrir. #128522; Une bonne lecture malgré tout même si elle n’est pas ma préférée de l'autrice.