Et ils vécurent heureux malgré tous leurs enfants : Le livre de Raphaëlle Giordano

Andrea fait des cauchemars liés à sa vie familiale. Son fils a quitté la maison pour ses études et donne peu de nouvelles. Suzanne, sa fille, à seize ans, est en pleine adolescence et les disputes sont nombreuses. Son mari est « souvent là sans être là, et laisse le sentiment d’un grand vide dans la relation. Présence de l’absence. » (p. 15) Andrea a sacrifié sa carrière à la maternité et, depuis des années, elle cache ses émotions. Mais elle ressent qu’elle est à bout : son mal-être s’immisce dans ses rêves, faciles à interpréter. Dans un centre commercial, une pancarte éveille sa curiosité. Elle annonce un casting pour une émission de télé-réalité : « DARONS ACADEMY ». Le concept prévoit de réunir des parents dans un château, pendant quelques semaines, de leur offrir une parenthèse et « un espace d’expression pour que la jeune génération les voie sous un jour nouveau. » (p. 44) Sans en parler à ses proches, Andrea décide de postuler. « N’est-ce pas ce qu’elle recherche ? Un électrochoc radical dans sa vie de daronne désabusée. » (p. 44) Je n’avais jamais lu de livres de Raphaëlle Giordano, car ils sont classés « feel-good » et « développement personnel », deux genres qui ne me correspondent pas. Cependant, la quatrième de couverture m’a attirée. Je suis maman d’une adolescente de quatorze ans et, même si j’ai une grande complicité avec ma fille, le rôle de parent n’est pas toujours facile. Il est parfois difficile de se positionner entre l’empathie, la compréhension, mais aussi le fait de faire accepter les règles. Notre relation est inscrite dans le dialogue, mais nous ne parlons pas toujours le même langage. J’ai été frappée de lire que Suzanne s’en voulait, parfois, d’être agressive avec sa mère, sans pouvoir l’exprimer. Lors d’un repas, j’ai parlé de ma lecture en cours et j’ai lancé cette information. J’ai été surprise que le lendemain, ma puce me dise qu’elle ressentait la même chose et que cela lui faisait mal. J’ai pu la rassurer. Dans ce roman, j’ai reconnu certaines situations que j’ai vécues. D’autres auxquelles je n’ai pas été confrontée m’ont interpellée et m’ont invitée à être vigilante quand ma fille sera plus âgée. Un autre élément m’a fait choisir Et ils vécurent heureux malgré tous leurs enfants : c’est la part d’humour et d’autodérision que j’anticipais. Et j’ai été comblée. Elle se situe dans les relations d’Andrea avec sa famille, mais aussi dans le programme de télé : les parents sont invités à lâcher-prise et à renouer avec les habitudes de l’adolescence (laisser traîner ses affaires, faire des bêtises, etc.). Le contraste entre leurs responsabilités et ces comportements juvéniles est surprenant et fait sourire. Des jeux sont également organisés, provoquant des confidences entendues par le pays entier, mais aussi par leurs proches. Elles sont émouvantes, rigolotes ou entraînent des cataclysmes. J’ai aimé que deux voix relatent les faits : Suzanne et Andrea. Cela permet de confronter leurs émotions, mais aussi, d’apprendre des secrets. La première n’avait pas conscience de l’épuisement de sa mère ; la seconde ne connaissait pas les affres que vivait sa fille. Cet éclairage audiovisuel modifiera-t-il leur relation ? J’ai adoré ce roman, éloigné de ma zone de confort. J’ai aimé observer (et parfois juger #9786;#65039;) les parents, entendre les douleurs de Suzanne, mais aussi rire. Participeriez-vous à Darons Academy ?

J ai lu tous les romans de l auteure. Impossible d en choisir un qui sorte du lot (Je les aime tous) jusqu'à aujourd'hui. Celui-ci passe devant, il est officiellement mon chouchou! Coup de cœur monumental pour la "darons academy" Cet univers est si parlant! Dire tout haut ce que nous n osons pas dire ou s'avouer. Ah que cette lecture fait du bien. Je déculpabilise un peu, ça fait du bien de se dire ouffff je ne suis pas seule à agir et penser de la sorte. On se sent parfois si démuni. Cette vie... où l'on apprend sur le tas avec nos chers ados. Eux, qui ne perçoivent qu une infime partie de notre personnalité. Ah ben oui, pas facile de voir qui se cache réellement derrière ce masque de daron! J'ai adoré et j'en redemande.

J'apprécie les livres de Raphaëlle Giordano en général, car si le style est facile, il y a toujours un fond intéressant sur des questions de société, de relations, etc. Là, je reste un peu sur ma faim. Certes, chaque lecteur peut se retrouver dans l'un ou l'autre (ou plusieurs) des portraits de "darons" qu'elle nous expose (certains un peu cliché, voire excessifs), mais ça manque de profondeur et la fin en conte de Noël est un peu trop simple à mon goût. Ça reste une lecture agréable qui peut permettre à certains parents de réfléchir à leur "condition" et, pourquoi pas, d'effectuer quelques aménagements !

"Et ils vécurent heureux malgré tous leurs enfants" est une lecture à ne pas manquer. Raphaëlle Giordano réussit une fois de plus à nous toucher en plein cœur, à travers une histoire authentique et bouleversante. Même si le genre feel-good n'est pas a priori votre tasse de thé, ce roman a de quoi vous étonner par sa profondeur et sa qualité narrative. Une belle découverte littéraire et une réflexion sincère sur la parentalité et les défis du quotidien. Il y a même une touche de développement personnel mais sans excès, c’est le talent de cette autrice, mélanger des styles littéraires avec parcimonie pour un résultat honorable.