Frankenstein - Collector : Le livre de Mary Shelley

C'est l'intelligente et jolie critique de Gabylarvaire qui m'a donné envie de relire ce classique. J'en avais moi aussi le souvenir d'un récit du créateur colérique et aigri d'un monstre qui lui échappe. Mais c'est plus que cela. J'avoue avoir eu du mal à passer au-dessus des plaintes et des "c'est la pire épreuve qu'il soit donné à un homme" etc. Ce côte-là m'a un peu fatiguée et a malheureusement biaisé parfois ma lecture. Néanmoins, il s'agit là d'une histoire où prime la sensibilité. Car, finalement, la créature de Frankenstein, aussi hideuse et répugnante soit-elle, ne cherche qu'à construire amour et paix autour d'elle. La vengeance, la mort, la terreur qu'il sème partout où il passe le dépassent, arrivent contre son gré, comme un non-choix. On ressort de ce livre en se posant la question : Et si l'amour et la bienveillance pouvaient finalement tout résoudre et réparer ?

Quelle surprise de me laisser emporter par ce grand livre de Mary Shelley alors que je n'ai a priori pas beaucoup d'intérêt pour ce genre d'histoire. La question de la monstruosité est traitée avec tellement d'intelligence et de talent qu'à la fin de ce livre on souhaiterait ne l'avoir jamais ouvert pour pouvoir le redécouvrir. Tellement brillant que j'en ai eu les larmes aux yeux.

Que d'émotions lors de la relecture de ce roman comptant parmi mes préférés! Un récit introspectif, profond, dont je retiens le caractère infiniment triste et humain, les réflexions philosophiques et éthiques (humanité / monstruosité, responsabilité, culpabilité, solitude, abandon,...), les descriptions de la nature et de l'errance et les multiples résonances avec la vie tragique de l'autrice.

Je ne connaissais que des bribes de l'histoire via des films, séries, etc. J'ai été surprise d'en savoir si peu finalement. J'ai aimé ce livre qui parle de la différence et surtout de l'acceptation de l'autre et de tolérance. L'envie d'être accepté, reconnu et aimé est un sentiment universel auquel chacun peut s'identifier. Le monstre n'est qu'une projection de nos désirs et son créateur qui semble faire peu cas de sa création va finalement comprendre la portée de ses actions. Une longue quête entre deux personnages qui cherchent autant à exister qu'à se détruire l'un l'autre.