Gatsby : Le livre de Francis Scott Fitzgerald

Je savais qu'en entrant dans l'univers de Gatsby, je ne serais pas déçue. C'est le genre d'homme à tenir ses promesses. . Un homme passionné, qui ouvre les portes de sa maison aux bonnes familles, à défaut de leur ouvrir son cœur, à défaut de nous raconter qui il est. Car de ce personnage qui a donné le titre à ce roman, on ne sait rien. On l'imagine, on le fantasme, au pire, on le conspue. Mais on gravite autour de son aura mystérieuse, précisément parce qu'il ne s'offre pas au premier venu. . Quel plaisir de se retrouver à l'un de ses réceptions ! Elles qui ne sont qu'un moyen de démonter le rêve américain. Les années folles ici, sont des années de désenchantement d'une génération qui a eu plus que son compte. On frôle le nihilisme sans tout à fait le toucher du doigt, mais à travers tout ce faste, toutes ces paillettes, tout ce champagne et toute cette déferlante de bonnes manières, il est difficile d'y déceler la moindre joie de vivre ni le moindre intérêt. Ces soirées mondaines où le tout New York vient s'enivrer ne sont qu'une échappatoire à un plus grand bouleversement, celui d'une vie qui s'échappe plus vite qu'on le souhaiterait. . Ils sont riches, ils sont beaux, ils sont jeunes, ils n'ont rien vécu mais n'ont plus goût à la vie. La guerre est passée par là, elle a emporté les rêves et les espoirs, l'innocence aussi. Ils sont éduqués, se croient maîtres du monde, mais ils se perdent. Ils se veulent insouciants mais leurs sourires n'atteignent jamais leurs yeux. Leurs débats sont creux. Leurs croyances inexistantes. Ils se noient dans les parades, se lancent à corps perdus dans des fêtes interminables où ils se permettent de s'abandonner, sans penser au reste, à leur vie, à leur avenir. . Et au milieu de cette débauche de gens, de froufrous et belles paroles, ils sont seuls. Ils sont affreusement seuls. . Sont-ils vides ? Eux le pensent sûrement. Sont-ils idéalistes ? S'ils en avaient la foi, ils pourraient l'être. En tout cas, ils courent après un impossible, celui de rattraper le passé qui déjà n'est plus qu'un lointain souvenir enseveli. . "C'est ainsi que nous avançons, barques à contre-courant, sans cesse ramenés vers le passé." . Grandiose. Décoiffant. Grinçant.

Un roman dont l’action se déroule à New York dans un milieu de privilégiés fortunés qui se côtoient, s’apprécient puis se détestent et se séparent. Des histoires d’amours croisés entre des personnages hauts en couleur autour du mystérieux Jay Gatsby, dont on ignore l’origine de la fortune et qui organise des fêtes fréquentes et somptueuses dans sa villa de West Egg. Nick Carraway, le narrateur est aussi le trait d’union de ce petit monde artificiel et fantaisiste, il fréquente tous les protagonistes et devient le confident de Gatsby. Cette critique indirecte d’une bourgeoisie new-yorkaise est remarquable grâce aux qualités littéraires de l’auteur qui nous offre des descriptions somptueuses des lieux et des sentiments qui animent les personnages avec ce qu’il faut de mystère autour d’un Gatsby tout à la fois réel et insaisissable.

C’est un roman d'amour où l'on ressent davantage la présence écrasante de l'argent que l'amour lui-même, qui est à la fois soutenu et entravé par des considérations matérielles. L'histoire, à la fois amère et dynamique, explore les complexités des relations humaines dans un contexte où les enjeux financiers prennent le pas sur les émotions. Ce livre, bien qu'il puisse sembler difficile à appréhender dans son ensemble, dégage une vitalité et un charme envoûtant qui captivent le lecteur. À certains moments, le récit est enveloppé d'une atmosphère mystérieuse, presque énigmatique, qui incite à la réflexion. C'est à la page 178 que j'ai véritablement commencé à percevoir toute la profondeur de l'œuvre, avec une phrase qui m'a accroché : « Et dans le crépuscule qui nous apportait un peu de fraîcheur, nous avons roulé vers la mort. » Une mort qui redistribue les cartes et modifie le destin de chacun. Cette citation résonne comme un écho des thèmes centraux du roman, soulignant comment les événements tragiques peuvent bouleverser les vies et redéfinir les relations, tout en mettant en lumière la fragilité des rêves face aux réalités implacables de l'existence.

New York s’embrase , prospérité, changements sociaux et culturels … les années folles. C’est dans ce contexte que Jay Gatsby orchestre de luxueuses soirées dans l’espoir d’y voir apparaître Daisy Buchanan, son amour de jeunesse qui continue de hanter ses pensées , qui l’émerveille , l’enchante et le fascine encore, malgré le temps passé. Pourtant mariée à un homme extrêmement riche , Gatsby va quand même , avec l’aide de Nick , son voisin (le narrateur de l’histoire) forcer le destin pour rencontrer Daisy . Une ténacité qui va influer gravement le cours de sa vie . Après un début qui démarre plutôt en douceur , l’auteur fait évoluer les personnages avec beaucoup de talent . La tension monte lentement , au fur et à mesure que la lecture avance , dissipant petit à petit les troubles apparents . Une ambiance new-yorkaise aussi luxueuse , grandiose que belle et cruelle à la fois . Un roman qui se savoure , où la narration met la perception en éveil en nous fait sentir les lieux , l’époque , les ambiances . Difficile à lâcher , ce livre m’a fait prendre conscience qu’il serait temps que je lise davantage de classiques