La ballerine de Kiev : Le livre de Stéphanie Perez

*La ballerine de Kiev* de Stéphanie Perez est un roman profondément émouvant, qui mêle avec habileté les thèmes de l’art et de la guerre. En tant que passionnée de danse, j’ai particulièrement apprécié la précision et la délicatesse avec lesquelles l’autrice dépeint le monde du ballet. Chaque description, qu’il s’agisse d’un mouvement ou de l’atmosphère d’un studio de danse, témoigne d’un respect profond pour cet art exigeant. Toutefois, ce roman n’est pas qu’une ode à la danse. Il se distingue dans sa capacité à inscrire la beauté du ballet dans un contexte bien plus sombre : celui de la guerre en Ukraine. Perez ne s’arrête pas aux faits historiques ou aux grands discours. Elle s’attarde sur les silences, sur les regards, sur les pensées intimes de ses personnages pris dans le tumulte. Elle nous oblige à ressentir, à comprendre cette douleur brute, cette peur diffuse et, parfois, cet espoir inattendu. Chaque émotion semble pesée et authentique, rendant ainsi l’histoire profondément humaine. Le contraste entre la douceur et la discipline du ballet et la brutalité de la guerre est l’un des points les plus marquants du récit. Perres joue avec cette opposition pour créer un équilibre poignant. Les scènes de danse apportent des instants de grâce et de légèreté, qui tranchent avec l’intensité dramatique des passages consacrés au conflit. Ce dialogue entre deux univers crée une tension narrative qui rappellent la beauté possible même au cœur du chaos. Avec *La ballerine de Kiev*, Stéphanie Perez signe une œuvre à la fois lumineuse et déchirante, qui serre le cœur autant qu’elle l’élève, où la résilience de l’art s’oppose à la violence de l’histoire. À travers cette histoire, Stéphanie Perres rend hommage non seulement à la résilience humaine mais aussi à l’art comme refuge, comme résistance. Ce roman, d’une grande richesse narrative, mérite de trouver sa place parmi les récits qui marquent par leur sensibilité.

Un roman sur la guerre en Ukraine, permettant de vivre les premiers mois de ce conflit au cœur des combats. Ce roman commence la veille du début de la guerre, sur le dernier spectacle de Dmytro et Svitlana avant que tout bascule. Si la menace était présente, les Ukrainiens préféraient ne pas croire à une nouvelle guerre. Et pourtant, le 24 février 2022, la Russie lance les premiers assauts et envahit le pays. Chaque personnage nous touche, de par leur courage et leur résilience. Certains décident de fuir dès les premiers jours, pour la sécurité des femmes, des enfants. D’autres se découvrent une fibre patriotique et choisissent de prendre les armes, de participer à l’effort de guerre en devenant secouriste. Pour ce peuple, l’art est une forme de résistance. Continuer à danser, c’est lutter contre les Russes. Offrir un spectacle à ses concitoyens, c’est redonner de l’espoir et foi en l’avenir. La plume de l’autrice est fluide, poétique et par moment percutante. J’aurais pu relever de nombreuses citations tant elle décrit avec des mots justes ce terrible conflit. Une phrase en particulier m’a saisie durant les premiers chapitres de ce roman : on se croirait dans un manuel d’Histoire, mais c’est la réalité. Ce n’est pas un coup de cœur pour moi, mais un roman qui porte un coup au cœur. Lisez-le, vraiment.

Quand ils ont dansé Le Lac des Cygnes le 23 février 2022, Svitlana et Dmytro, un couple d’étoiles du ballet de Kiev, ont dansé ensemble pour la dernière fois, mais ils ne savaient pas. Le lendemain, l’armée russe attaque l’Ukraine et les obus tombent. Des vies sont fracassées, la survie et la résistance s’organisent, le patriotisme ukrainien se révèle. Dmytro décide de partir combattre et Svitlana participe à la survie des civils. Malgré les corps déchiquetés, malgré l’angoisse et l’horreur, les danseurs décident de continuer à danser, comme une entrée en résistance. A l’hôpital, puis à l’étranger. C’est le parcours ô combien émouvant de Svitlana que nous suivons au plus près et qui révèle une très belle personnalité. Nous sommes happés dans son quotidien brisé, mais elle fait preuve d’une force et d’une résilience hors du commun, elle tient soutient debout son entourage. J’ai été frappée par son caractère sans doute hors du commun, et sa résilience. L’écriture est limpide et hypnotisante tant elle entremêle deux univers totalement opposés : aux corps parfaits et sculptés succèdent les mutilations et les amputations, à la féérie et à la lumière de la scène répondent la boue et le sang. J’ai été frappée par le réalisme des scènes et l’humanité qui en ressort. Ce livre est bouleversant et on le referme le cœur serré. Le conflit est toujours en cours. Juste à côté.

Je crois que ce qui m’a le plus marquée avec ce roman, c’est ce décalage que je ressentais lorsque les personnages évoquaient un téléphone portable, un réseau social, une télévision… parce que les récits de guerre nous rappellent le siècle dernier, et que c’est difficile d’imaginer ce contexte en 2020, 2022 ou 2024. C’est pourtant une réalité à laquelle nous devons nous confronter, et une humanité que nous devons défendre, celle de la paix #10084;#65039;#8205;#129657; J’espère que ce roman, La ballerine de Kiev de Stéphanie Perez, gagnant du prix Talent Cultura 2024, vous touchera autant que moi.