La Maison idéale : Le livre de Kate Collins

En 2017, Orla et sa famille s’installent au Reeve, une vieille demeure perchée sur les falaises du Dorset. Le cadre est magnifique, mais la maison est isolée, loin du village. Son mari étant à Londres toute la semaine pour son travail, c’est seule avec ses enfants qu’Orla passe presque tout son temps. En 1976, Lydia a suivi la famille pour qui elle travaillait et s’est installée au Reeve. En plein deuil, Sara, la mère des enfants est de plus en plus démissionnaire, et Lydia se retrouve à gérer seule les enfants. Peu à peu, Lydia comme Orla commencent à être témoins de phénomènes étranges… mais personne ne veut les croire, malgré les rumeurs qui circulent au village sur la maison. J’ai adoré ce roman ! Le récit est divisé en plusieurs grandes parties, et l’on suit tour à tour l’installation dans la maison, les premiers phénomènes étranges qui se manifestent… Le roman prend son temps pour s’installer, la double temporalité créant petit à petit des liens entre les deux époques, questionnant le lecteur. L’ambiance s’installe peu à peu, cette maison idéale en apparence se révèle pleine de secrets et de mystères. Les personnages d’Orla et de Lydia sont très intéresants et posent la question de la place de la femme. Lydia est une domestique dans les années 70, soumise aux décisions de sa patronne, même quand celles-ci se révèlent de plus en plus irrationnelles. Cette dernière paraît sombrer chaque jour un peu plus dans son deuil, se désintéresser de ses enfants. Quand à Orla, elle a beau vivre plus ou moins à notre époque, elle est totalement sous la coupe de son époux. C’est lui qui prend les décisions, qui s’impose, alors même qu’il est de plus en plus absent ; jamais Orla ne parvient à affirmer son point de vue. La fragilité qui caractérise ces femmes semble les rendre plus sensibles aux effets de la demeure. A ce propos, je m’attendais initialement à une histoire de maison hantée un peu classique, mais certains indices m’ont vite fait comprendre que la solution serait un peu plus complexe que cela. Certaines explications sont données au court du récit, mais sans que l’on soit sûr de rien finalement. On assiste à quelques événements, mais c’est surtout l’ambiance qui marque le lecteur. De plus en plus pesante, envahissante, suffocante, à l’image de ce gui parasite qui envahit la maison sous les yeux d’Orla et Lydia. Au départ, le dernier chapitre m’a déroutée, j’avais une sensation d’inachevé. Mais après avoir dormi sur ma lecture, j’ai finalement réussi à relier les faits d’une manière qui me convienne, et même si l’on n’a pas toutes les explications, est ce réellement grave sur ce type de récit ? Cette part de l'histoire qui reste brumeuse correspond bien, finalement au Reeve, cette demeure qui reste insaisissable, personnage central de cette histoire...