La Petite Bonne : Le livre de Bérénice Pichat, Véronique Vella, Marilou Aussiloux

Je voudrais vous traduire avec toute l'émotion qui me transporte une rencontre exceptionnelle. Bérénice Pichat propose un ouvrage unique, un premier roman d'une qualité rare. Elle nous présente ce qu'elle a de plus précieux : trois personnages évoluant dans une France des années trente. Trois personnages condamnés à errer dans les années d'après première guerre. Un homme aux désirs ravagés par une bataille qui lui a pris un visage, des jambes et des mains. Des mains de pianiste. Une femme au destin tout tracé derrière cet homme. Une vie de missionnaire, pour cet homme qu'elle a si peu connu avant le ravage. Une Petite bonne, qui rythme ses journées au balancement de son panier empli de brosses, au service de maisons pleines de Monsieur et de Madame. Et puis il y a leur rencontre. Madame confie Monsieur à la Petite bonne, cette jeune fille soumise à son homme, vivant (dormant plutôt après des journées exténuantes) dans une mansarde. Madame part quelques jours pour une partie de chasse. Il faut s'occuper de l'infirme. Alors, vous plongez dans les confessions terribles de chacun. Terribles, pour le lecteur. Mais ce ne sont que les pensées quotidiennes d'un homme qui expire à chaque souffle. D'une femme qui réduit son champ de vision à un fauteuil. D'une petite main au service des plus riches qui ne sauraient pas faire seuls. Comment nait la magie d'une rencontre ? Comment des regards peuvent-ils créer une mélodie nouvelle ? La Petite bonne est un roman qui s'écoute, un rythme mélodique qui s'apprend du bout des doigts, un extraordinaire message d'espoir, parce que l'espoir est un traître qui se moque bien des invitations. Ce roman propose une structure unique qui m'a totalement subjuguée ! La Petire bonne qui n'a pas de nom vous parle en petits morcezux de vers découpés au bord de la page, pour ne pas déranger, et puis elle est pressée. Blaise et Alexandrine se confient en pleins paragraphes. Et puis il y a cet autre, qui vous chante sa souffrance, de vers plaqués à droite. Le procédé est absolument magique, on est entraîné malgré soi dans une musicalité du texte, et une richesse de l'histoire banale d'hommes et de femmes d'une époque terrible. C'est un roman à reprendre, à lire plus lentement, maintenait que l'on sait. C'est un coup de foudre immense ! "Madame est de nouveau sortie C'est facile grâce à la boniche Elle garde le domicile Le malade Même si elle a peur d'entrer dans le salon qu'elle appelle - en secret - la chambre mortuaire C'est l'effet que ça lui fait quand elle passe dans le couloir qu'elle voit la porte entrebâillée sur une pièce vide Même s'il est dedans sa présence n'occupe rien Il est une absence un trou dangereusement creux Un néant Elle fait beaucoup de bruit tape du pied cogne les meubles chantonne pour combler le silence qui envahit toute la maison comme une vapeur toxique asphyxiante Elle évite d'entrer dans le salon pour ne pas avoir à lutter contre cette angoisse palpable Elle sait qu'il est là Il sait qu'elle est là Il sonnera la bonniche s'il a besoin d'elle Madame a installé une clochette Mais même ça il ne le fait pas."

Nous sommes entre les deux guerres, vingt ans après 1916…La petite bonne fait partie des premiers de corvée. Elle enchaîne les maisons de bourgeois, levée aux aurores: ménage, lessive, cuisine,…frotter, laver, récurer, préparer les repas. Bonne à tout faire. Pas un mot au-dessus de l’autre, soumise. Elle débute chez les Daniel. Alexandrine est une femme désespérée et de devoir, et Blaise est un invalide de guerre, plus qu’abîmé il est détruit. Une gueule cassée, démembré et ancien pianiste: tout un destin. Il va épancher sa détresse auprès de la petite bonne. Avec des mots simples, une prose très originale, on plonge dans l’intimité des trois personnages, sans jamais remonter à la surface. L’auteure a su magnifiquement insuffler à cette histoire émouvante et bouleversante, une force, un vivant, une sensibilité et un réalisme qui m’ont laissé ébahi. . Je suis vraiment emballé par ce beau roman qui sonne juste de bout en bout. Un grand bravo à Bérénice Pichat. Et merci à Sylvie pour m’avoir mis la puce à l’oreille il y a quelques jours sur cette pépite!

J'ai vraiment beaucoup aimé Histoire d'une très jeune fille, milieu précaire. Elle travaille comme bonne chez les bourgeois. Elle est courageuse, travailleuse. Elle travaille notamment chez les Daniel dont Monsieur est une gueule cassée de la bataille de somme. N'a plus que la moitié du visage, jambes et bras mutilés, il est plein d'amertume. Un week-end, Madame toute dévouée a son mari part pour les 3 jours. La petite bonne se retrouve a s'occuper de Monsieur . Se joue alors une relation entre eux décrite avec pudeur, finesse, sensibilité, parfois colère. C'est très beau ,. La petite bonne est en plus remplie de naïveté, sensibilité et spontanéité La structure du livre, assez court, est assez bizarre : passages en vers livres alternant avec des passages en prose. Dialogue à 3 voix, il faut se repérer au début Très bien

Un merveilleux livre à la fois simple et complexe, intime et si vaste. Un délice, un livre qui m'accompagnera longtemps ! La thématique souvent explorée de la domesticité est ici servie par un tissage soigneux entre les intrigues. La culpabilité étant un point commun entre les protagonistes tous attachants. Vite, lisez-le !