L'Appel des colombes : Le livre de Martha Hall Kelly

« Souviens-toi toujours ». Ranimer le souvenir des victimes des camps de la mort nazis est toujours intention louable. La mémoire des hommes étant courte et sélective, il est salutaire de dire, de redire, de graver dans les mémoires le calvaire mortel qu'ont subi les victimes de la haine. Salutaire, car la haine dans sa négation de l'autre est toujours prompte à resurgir et se répandre en contagion à la moindre faiblesse de l'humanité. Ranimer ce souvenir est ce à quoi s'emploie Martha Hall Kelly en publiant L'appel des colombes en 2023. L'intention lui est venue après la rencontre d'une ancienne déportée. Elle s'intéresse en particulier dans son ouvrage au sort des femmes et des enfants dans les camps avec pour toile de fonds cette funeste entreprise parmi d'autres des nazis qui était de créer et propager une race pure. J'ai bien peur pour autant que l'autrice se soit laissée emportée par la vague d'émotion qui l'a submergée et ai entaché son texte d'élans romanesques quelque peu puérils. Pour au résultat conférer à son ouvrage des teintes factices par trop voyantes. Telles ces deux adolescentes, les colombes d'or, qui bravent l'impitoyable et cruelle machine de guerre nazie avant de se voir finalement déportées à Ravensbrück, puis en sortir quelques mois plus tard pour devenir espionnes en chasse de par le monde des médecins tortionnaires des camps. Coïncidences, dont on sait qu'elles pallient le défaut d'imagination, anachronismes, invraisemblances ne l'ont pas retenue pour faire de ces jeunettes des héroïnes « superwomen » à affronter les nazis en fuite et les services secrets du monde entier. le but étant de démasquer et mettre la main sur les abominables médecins réfugiés en Amérique du Sud, lesquels n'auraient pas renoncé à leur entreprise eugéniste. Mais soit, s'il faut moderniser l'histoire à ce point pour la faire vivre, pourquoi pas. L'important est de ne pas trahir la mémoire de celles et ceux qui en ont souffert. Ce qui n'est nullement le cas de cet ouvrage. La contrepartie étant que ce pavé souffre d'inévitables longueurs et force détails qui apportent peu à l'intrigue. On reconnaît ici la faconde américaine avec sa tendance à l'affectation exagérée. Mais raviver une mémoire honnie est toujours méritoire quand c'est pour la bonne cause. En cela cet ouvrage trouve sa place et récolte une popularité justifiée.