Le Comte de Monte-Cristo : Le livre de Alexandre Dumas (père), Edouard Riou

Impardonnable. Je ne découvre Monte Cristo qu'à mon âge...avancé! Quel trésor! Je suis enchanté, ravi de cette lecture. Riche d'enseignements. D'ailleurs pourquoi n'est-il pas enseigné au collège ou au lycée? C'est à proprement parler un chef d'oeuvre. La qualité du texte dépasse tout ce que j'ai pu lire à ce jour. On pardonnera quelques incohérences sans importance de date, de noms d'ailleurs corrigées dans l'édition Bouquins. Les descriptions (personnages, lieux…) sont admirables de précision et de concision: Ainsi la description de l'abbé Faria: « C'était un personnage de petite taille, aux cheveux blanchis par la peine plutôt que par l'âge… la maigreur de son visage creusé par des rides profondes, la ligne hardie de ses traits caractéristiques, révélaient un homme plus habitué à exercer ses facultés morales que ses forces physiques ». Je vois le vieillard affaibli mais pétillant d'esprit et d'intelligence. Ou encore l'éblouissement qui envahit Dantès à son premier séjour sur l'île de Monte Cristo: « Le soleil était arrivé au tiers de sa course à peu près, et ses rayons de mai donnaient, chauds et vivifiants, sur ces rochers, qui eux-mêmes semblaient sensibles à la chaleur; des milliers de cigales, invisibles dans les bruyères, faisaient entendre leur murmure monotone et continu; les feuilles de myrtes et des oliviers s'agitaient frissonnantes, et rendaient un bruit presque métallique; à chaque pas que faisait Edmond sur le granit échauffé, il faisait fuir des lézards qui semblaient des émeraudes… ». J'entends et je vois la garrigue. Pour qui randonne en Provence ou en Corse, nul besoin d'épiloguer. La qualité des dialogues est incomparable: dynamisme, réflexion profonde, répartie en sont les ingrédients. Ainsi l'abbé Faria se proposant d'éduquer Edmond Dantès, de lui inculquer une solide culture générale: «-Deux ans! Dit Dantès, vous croyez que je pourrais apprendre toutes ces choses en deux ans? -Dans leur application, non; dans leurs principes, oui: apprendre n'est pas savoir; il y a les sachants et les savants: c'est la mémoire qui fait les uns, c'est la philosophie qui fait les autres.» Ou encore la répartie du comte de Monte Cristo lors de l'entrevue avec Villefort, venu le remercier d'avoir sauvé sa femme et son fils: « et ce bonheur qui m'arrive vous dispensait, monsieur, de remplir un devoir dont l'exécution m'honore sans doute, car je sais que monsieur de Villefort ne prodigue pas la faveur qu'il me fait, mais qui, si précieuse qu'elle soit cependant, ne vaut pas la satisfaction intérieure ». Enfin, bien évidemment que dire d'autre de la qualité de l'intrigue si ce n'est que le lecteur est emporté dans un tourbillon d'actions et de situations haletantes. On suit avec avidité les tourments de Dantès, sa volonté de vengeance et son opiniâtreté dans son exécution. Les rebondissements sont multiples, les destins croisés, les fortunes diverses, les amours contrariés. Les feuilletons s'égrènent à grande vitesse, le suspense à son comble. On notera des chapitres clés comme « Le trésor », « La promesse » (entre Valentine et Morrel) ou encore le point de bascule dans le mental de Dantès avec « La rencontre », sa rencontre décisive avec Mercédès. Dumas a écrit: Monte Cristo n'est pas un roman, mais une histoire dont j'ai trouvé la source aux archives de la police. Il a su tirer de se matériau quelque chose de palpitant. Les éléments de morale sont omniprésents et deux camps s'affrontent: les nobles de coeur et les opportunistes. Les premiers d'entre eux, Morcef, Villefort et Danglars, fondent leur existence et leur position sur la lâcheté, la vantardise, l'égoïsme, l'opportunisme et la cupidité; le profit et la position sociale au détriment de toute morale. Les éléments du capitalisme contemporain sont jetés: ainsi les trois ordres de fortune énoncés par le comte de Monte Cristo résonnent aujourd'hui parfaitement: -Premier ordre: revenus du sol (les terres, les mines…) -Deuxième ordre: les entreprises, les industries -Troisième ordre: les revenus financiers Une seule différence aujourd'hui: les troisièmes sont devenus les premiers… C'est un roman fantastique, incomparable. Je serai indubitablement amené à le relire tant les idées et les réflexions sur la nature humaine sont intemporelles.

Excellente lecture classique, qui nous replonge dans les années 1800, avec une justesse d'écriture, un sens inné du détail, des descriptions hyper réalistes et immersives, un choix de mots pertinents, fins. J'ai apprécié lire cet ouvrage, à voix haute qui plus est pour narrer à mon fils dyslexique cette incroyable roman d'aventures qui a réussi à le tenir en haleine plus qu'espéré.

Le Comte de Monte Cristo d'Alexandre Dumas. Version abrégée de Caecilia Pieri Alexandre Dumas est un auteur prolifique du XIXe siècle. Cécilia Pieri est Franco Libanaise, Thésarde et écrivain, elle nous propose ici une version abrégée du livre d'Alexandre Dumas. Abrégé signifie que c'est le texte de Dumas qui est respecté mais tronqué. Ce n'est pas une réécriture. Il est adapté au cinéma cette année d'où l'intérêt pour ce Roman qui pourrait plaire à des lecteurs. En 1815, Edmond Dantes, nouveau jeune capitaine du trois-mat le Pharaon, trahi, et arraché à sa fiancée Mercedes, est "oublié" au château d'if. Sa rencontre avec l'abbé Faria va lui offrir fortune, culture et liberté. Mais également la possibilité de se venger des instigateurs de sa chute. Devenu le Comte de Monte Cristo il frappera. Ainsi Danglar, l'ancien comptable du Pharaon sera ruiné. De Villefort, procureur du roi, infanticide, dont la femme était une empoisonneuse, deviendra fou. Enfin Fernand, qui lui a ravi Mercedes, et qui a commis des actes criminels en tuant un souverain oriental, se suicidera. Après, ces nombreuses péripéties, Edmond aura-t-il tout perdu ou trouvera-t-il la paix et l'apaisement ? Ce roman, qui fait à l'origine 1500 pages est ici ramené à 400. Dumas est le champion des digressions, et il s'agit, principalement, de celles-ci qui écourtent cette version. S'il est vrai que les ellipses sont parfois abruptes et que certaines références à des points de détail ont disparu, le récit reste facile à suivre. Il y a de nombreux rebondissements. En particulier dans la partie vengeance. Ce n'est absolument pas crédible. Écrit par un feuilletoniste qui n'hésite pas à accumuler les événements dramatiques. C'est emphatique, redondant, et ampoulé ! Ceci dit, faut-il lire le Comte de Monte Cristo ? Cela intéresse-t-il le lecteur ? Je dirais "oui" car la sortie du film a créé un regain d'intérêt. L'histoire reste agréable même si parfois il faut faire un effort pour replacer les personnages. La version abrégée aura l'intérêt de ne pas effrayer le lecteur qui ne se voit pas aborder ce monument de la littérature du XIXe siècle et lui donnera un aperçu de l'écriture d'Alexandre Dumas. Et par rapport au film, il y a des différences qui donneront du piquant à la lecture. Cerise sur le gâteau : " les images du film". Trahison, Vengeance, XIXe siècle, Rebondissements #alexandredumas #lecomtedemontecristo #caeciliapieri #roman

Voilà je peux le dire : je l’ai lu. Non pas pour me vanter, la lecture n’est pas une compétition, elle est une passion et un mode de vie. Mais j’ai ressenti la même chose que lorsque l’on voit un tableau célèbre en vrai pour la première fois. Ou lorsqu’on a la chance de visiter un site, un monument réputé : je me suis sentie privilégiée, chanceuse d’avoir pu tout au long de ces pages magistrales, côtoyer Edmond Dantes. Voilà longtemps que je n’avais pas lu un classique aussi marquant depuis La Guerre et la paix, Germinal, l’Assommoir., le Rouge et le noir. Là, je me suis vraiment régalée. Les tournures de phrase à l’ancienne, le mode de vie aux temps napoléoniens, le contraste saisissant entre la misère puante et la richesse quasi illimitée, le dénuement opposé à une vie où l’argent est dilapidée en frivolités. Tout y est : l’histoire d’amour tragiquement stoppée, le cachot puant, les bandits malins et les requins des hautes sphères, les mariages arrangés contrariés, les fortunes qui se font et se défont, les salons où l’on cause, les gants que l’on jette pour venger son honneur dans un duel à mort. On visite des cavernes merveilleuses, les souterrains de Rome, des hôtels particuliers d’un gout exquis ou d’un mauvais gout tapageur, des loges à l’opéra, des petites maisons de pêcheur, des auberges peu recommandables. Les personnages sont tous d’une justesse épatante. Le machiavélisme du Comte est savoureux et satisfaisant. C’est un classique qui distille autant de suspense qu’un thriller contemporain. Ça fait du bien de lire un chef d’œuvre. Alors que pour certains classiques, je doute parfois du pourquoi de la longévité de leur notoriété, le succès du Comte de Monte Cristo est amplement mérité. Alors que pour certains classiques je me demande encore pourquoi on s’obstine à les faire lire au collège ou au lycée, tant ils sont poussiéreux ou éloignés de la littérature contemporaine, ce roman serait un bon moyen de mettre les jeunes à la lecture, même si le nombre de pages peut en rebuter certains au premier abord. Mais je persiste à dire qu’il est plus facile de lire un super roman de 1000 pages qu’un roman moyen de 200 pages. Alors faut-il le lire ? Oui !! Rejoignez le club des privilégiés. Comme je me souviens de la période de ma vie quand j'ai lu L'Assommoir ou d'autres coups de coeur, je me souviendrai que c'est en 2024 que j'ai lu Le Comte de Monte Cristo. Et ensuite, vous pouvez aussi aller voir le film qui est très bien aussi mais qui m’a un peu déroutée car l’histoire a été un peu modifiée.