Le gardien de Téhéran : Le livre de Stéphanie Perez

pour un premier roman c'est un coup de maître, cela se lit d'un trait. On ne voit pas le temps passer dans les 40 ans de la vie de ce gardien de musée qui passe des ors de l''empire iranien du shah et de farah diba à la republique islamique de l'ayatollah khomeiny et des mollahs . Cirus , employé de musée s'initiera à l'art de la peinture et se prendra de passion pour cet art en devenant le gardien et sauveur d'une des plus belles collections d'art moderne du monde.

L'histoire de l'Iran à travers l'histoire de son musée d'art moderne.  Comment un pays est passé d'un gouvernement répressif et mégalo à un gouvernement intégriste.  C'est aussi l'histoire d'un chauffeur, devenu gardien de musée, dont la découverte de ses émotions devant des tableaux de grands peintres est admirablement décrite.  Une lecture qui nous entraîne au rythme d'une révolution et de ses débordements.

Je souhaite commencer ma critique en attirant l’attention de l’éditeur sur des manquements: j’ai croisé plusieurs fautes de frappes dans ce livre, dès la deuxième phrase de la première page, dans « l’avertissement »: ‘un musée do1nt le destin (…)’ - puis d’autres coquilles dans le récit - il me semble inacceptable d’avoir aussi peu relu un livre avant de l’éditer. Concernant le livre lui même: il est assez court et se lit raisonnablement vite. Je ne suis pas une férue d’art mais l’histoire de Cyrus, un jeune homme ordinaire qui travaille au musée d’art, est une bonne façon d’introduire la partie historique de l’Iran dans les dernières années de règne du Chah. C’est justement la partie histoire qui m’intéresse, non pas que la partie art ne me fasse aucun effet, mais cette dernière me semble anecdotique. Stéphanie Perez est forte en descriptions, ce qui permet de s’imaginer dans le Téhéran de la fin des années 1970. L’entourage de Cyrus et sa propre vie reflètent celles de millions d’autres Iraniens à l’époque: il y a les jeunes fatigués de la répression de l’empereur, assez heureux de la liberté et l’ouverture vers l’Occident, mais conscients que cette ouverture trop rapide laisse beaucoup de familles sur le carreau. Il y a l’oncle qui préfère écouter les prêches d’un certain Ayatollah exilé en France et qui pense que cette vision de l’Islam apporterait une démocratie raisonnée et respectueuse de la religion. Et puis la jeune Azadeh change d’avis, se tourne davantage vers la religion; le vieil oncle se rend compte qu’il a été naïf de croire que les gardiens de la révolution seraient enclins à respecter la démocratie. Cyrus navigue dans Téhéran qui ne ressemble plus à ce qu’il a connu. Sa seule raison de garder la tête hors de l’eau: protéger a tout prix la collection d’art du musée, qui risque constamment d’être détruite par les fanatiques religieux. J’ai apprécié le récit aussi clair que possible sur les défauts de la monarchie, sur les enchaînements qui ont menés à la révolution islamique. Ce roman se met à la portée du grand public, je le conseille donc à ceux qui s’intéressent à la fin des années 1970-debut des années 1980 en Iran.