Le Harem du roi : Le livre de Djaïli Amadou Amal, Marie Sohna Condé

« Vingt-cinq ans de mariage sans une ombre sur leur bonheur, un mariage si parfait qu'il semblait irréel, une complicité de tous les instants, des enfants exemplaires … tout s'est écroulé en quelques mois. À cause de quoi? A qui en vouloir? Au lamidat? Aux traditions? À la religion qui conforte certains hommes dans leur quête insatiable de désir charnel? » Après les impatientes et coeur du Sahel, Djaïli Amadou Amal revient avec un roman sur la complexité des coutumes et la condition des femmes dans « Le harem du roi » Avant tout, j’aimerais dire qu’à travers ce livre j’ai appris beaucoup de choses sur des traditions au Cameroun dont je n’étais même pas au courant. L’autrice nous plonge dans le territoire du « Lamidat » une organisation traditionnelle qui ressemble à nos sociétés d’antan. Le « Lamido » , le chef, est à la fois chef spirituel et politique. Le lamido a une cours avec des ministres, des « soulaabé » (concubines) des djaagué ( esclaves domestiques) ect… cette histoire est écrite dans un contexte particulier car elle se passe dans notre ère et les personnages principaux sont des gens avec qui on peut s’identifier facilement. Boussoura, professeure en littérature, est marié avec Seini depuis 25 ans. C’est d’abord une histoire d’amour, Seini est médecin il rencontre Boussoura d’abord comme patiente avant de l’épouser. Ils forment une famille moderne vivant à Yaoundé avec leurs enfants. Mais un jour tout bascule lorsque Seini devient « Lamido », Boussoura ne reconnaît plus son mari et ils font tous les deux les frais des lourdes traditions. J’ai encore une fois eu la boule à la gorge en lisant ce livre. L’autrice a cette capacité de nous mettre dans tous nos états en décrivant la réalité de certaines femmes qui subissent aujourd’hui encore les traditions patriarcales. À la fin de ma lecture, non seulement j’étais désolé pour Boussoura mais aussi pour Seini, on aurait dit qu’ils ont tous les deux été pris dans le piège des coutumes et traditions et ils n’ont pas trouvé le moyen de sauver leur amour. Cela m’a rappelé le couple de Yejide et Akin dans « Stay with me » de Ayobàmi Adébáyò ( livre que je ne cesse de recommander) N’hésitez pas à lire ce livre et tous les romans de cette autrice, c’est une valeur sûre !

Alors qu'elle a formé avec Seini, un couple monogame et traditionnel, Boussoura doit accepter que celui ci se retrouve à la tête d'un harem alors qu il devient chef d'une région camerounaise J'ai beaucoup aimé ce livre qui nous parle du poids des traditions, des désirs niés des femmes au nom d'une religion et de la possibilité pour chacun de choisir son destin

Une très bonne lecture : j’ai frôlé le coup de cœur… Au Cameroun, Boussoura et Seini forment un couple heureux et moderne. Elle est professeur de littérature et lui, médecin. Seini se revendique féministe. Ils ont des enfants et sont mariés depuis 25 ans. C’est un couple monogame, et les époux ont toujours été fidèles. Leur vie va être bousculée le jour où Seini, fils d’un lamido (qui signifie roi), est appelé à régner à son tour et qu’il accepte, contre l’avis de sa femme. Un changement dans leur vie de couple et de famille, qui ne sera pas sans conséquences. Tandis que Seini change de jour en jour, Boussoura est de plus en plus mise de côté. Va-t-elle supporter cette nouvelle vie ? Ce roman met en lumière le pouvoir et l’impact des traditions sur une famille. On en apprend plus sur cette tradition camerounaise, qui cautionne notamment l’esclavage et la polygamie. L’auteure dénonce le pouvoir des hommes et la place des femmes dans cette société. On suit le quotidien des femmes enfermées dans ce harem, et cela m’a fascinée. On apprend à les connaître, elles sont bien décrites et on s’attache à elles. J’ai eu particulièrement de l’affection pour Boussoura. C’est un roman à la plume engagée. Je l’ai découvert en audio, et cela a été une franche réussite. J’étais prise dans l’histoire. C’est un livre qui pousse à la réflexion.

Djaïli AMADOU AMAL. Le harem du roi. En refermant ce récit, nous ne pouvons, nous, les femmes qu’éprouver un sentiment de révolte. Comment, en 2024, peut-on encore vivre dans une telle société plaçant l’homme sur un piédestal, et la femme foulée à ses pieds. Il s’agit d’un roman. Il renferme cependant de nombreuses réalités. .. Depuis vingt cinq ans, . Ils sont très amoureux, un couple monogame, Boussara, professeur de lettres vit avec son époux Séini, médecin à Yaoundé, au Cameroun. Ils ont eu quatre enfants, trois ont déjà quitté le foyer, majeurs et entrés dans la vie active. La dernière prépare le baccalauréat. Une belle famille. Le Toumbal, le grand tambour résonne. C’est un grand jour, le couronnement du nouveau roi. Nous sommes dans une chefferie de Peul. Seini va recevoir le sceptre de lomido. Issu d’une famille de prince, il a émis le projet de se présenter sa candidature, afin de succéder à son oncle récemment décédé. Ce dernier a succédé au père de Seini. Détenteur de sang royal, il peut donc prétendre au trône. Dans cette communauté, les traditions coutumières sont strictes et ont toujours été respectées. Seini étant un érudit, très instruit, le plus instruit de toute sa famille, il doit occuper ce poste. Boussoura tente en vain de le faire renoncer, sous peine de détruire la vie familiale harmonieuse jusque là. Le jour du couronnement, Seini reçoit le Toutawal, l’étendard sacré de l’islam. Intrinsèquement mêlée, religion et politique, Boussoura va devoir quitter Yaoundé, son travail, vivre auprès du monarque, dépossédée de ses prérogatives, de sa liberté dont elle jouissait avant l’accession au pouvoir de son époux. Elle n’a plus le droit de sortir de la demeure royale sans autorisation, n’a plus le droit de conduire, etc... Elle va vivre dans le palais mais ne partagera plus le lit conjugal. Elle aura, à sa disposition pléthore de serviteurs et disposera d’un bel appartement, près du harem. Sans cesse, l’entourage du roi lui ressasse les coutumes liées à sa fonction. Il doit honorer les concubines qui lui sont offertes. Succombera-t-il aux charmes de ses femmes, venues de leur plein gré pour devenir mère d’un prince ? Certaines familles sont liées à celle du roi par des liens de féodalités : un suzerain, un vassal. Quelle sera l’avenir de Boussoura dans cette chefferie musulmane, aux règles strictes, avec ses castes, ses traditions ancrées depuis des siècles et que nul ne peut transgresser ? Djaïli nous invite dans ce harem, domaine réservé au roi et à ses concubines, interdit au commun des mortels,. Toutes les querelles, les rivalités entre les femmes, les jalousies, les secrets d’alcôve, la vie quotidienne de cette petite enclave au sein du royaume nous sont narrées par l’autrice. Cette femme témoigne, une nouvelle fois pour défendre la cause des femmes, elle qui aspire à leur émancipation. Ce n’est pas un conte mais la triste réalité qui règne encore de nos jours dans les chefferies, en Afrique et ailleurs... et se perpétue. Je vous recommande la lecture des deux précédents ouvrages de Djaïli : « Les impatientes » et « Cœur de Sahel ». Je vous souhaite une bonne journée et de belles lectures que nous partagerons. ( 16/11/2024).