Le Portrait de Dorian Gray : Le livre de Oscar Wilde

J'ai adoré ce roman! Bien qu'au début, j'ai eu du mal à accrocher au roman, il devient de plus en plus intriguant et donne envie de tourner les pages au fur et à mesure, surtout pour voir jusqu'où l'histoire va aller. Bien que le roman se déroule pendant l'époque victorienne, il reste actuel. L'auteur nous plonge superbement dans son univers, au gré des personnages, et on imagine facilement les rues, les maisons, les repas et surtout le fameux portrait. Même si certains dialogues sont parfois un peu longs, je recommande vivement ce roman captivant! Je l'ai adoré et j'ai bien envie de regarder le film pour observer la traduction de ce livre à l'écran et voir les différences.

C'est presque inutile de vous dire que j'ai aimé, et que j'en conseille vivement la lecture, voire la relecture ! Ce livre est le livre d'Oscar Wilde qu'il faut lire avant tout ! Avant tout, pour comprendre le personnage, à la fois complexe et rare qu'Oscar était. Tout y est dit dedans, c'est une forme d'autobiographie introspective, qu'il a retranscrite au travers de ce trio amoureusement amical masculin.Le maléfice qui s'abat sur Dorian, par le biais de son portrait peint avec amour et profonde passion, va le détourner vers une vie de débauche, mais lui, au plus profond de son coeur (car son âme noircie, elle, elle est vendue au diable qu'est devenu ce tableau) il garde cette bonté, cette gentillesse naturelle qu'il avait depuis sa plus tendre enfance... Elle ressurgira, comme un esprit moralisateur au moment où Dorian s'y attendra le moins, mais suffira-t-elle, cette gentille candeur, à le sauver du malheur qui s'abat sur lui, tous les jours un peu plus ? Oscar Wilde nous démontre, là, par bien des tournants, que l'amour aveugle et passionnel peut parfois faire beaucoup de dégâts irréversibles !

C’était quand même une bonne réunion de mascus qui critiquaient les femmes. Voilà. Je me permets de le dire parce que malgré le contexte, je garde un oeil critique. Et quand j’ai commencé le livre, je le savais. Ce n’était pas une surprise, je n’étais pas choquée et je n’attendais pas mieux. Dans ce roman, on déteste les femmes. On retrouve aussi la figure du colon collectionneur d’art, de l’antisémitisme… En bref, ce livre véhicule des biais qu’il est intéressant de pointer pour ne pas tout normaliser. Sauf que mon avis ne va pas tourner autour des propos de Lord Henry qui considère qu’une femme rêve d’être dominée, de la description du propriétaire du théâtre juif (associé à la laideur) et ni le fait que Dorian se soit pris de passion pour la collection d’arts d’Afrique et de l’Orient. C’est un choix et ce sont des notions qu’il est important de garder en mémoire si on se lance dans la lecture du livre. Maintenant, j’ai vraiment bien aimé l’histoire. La plume d’Oscar Wilde est très belle. Je trouve qu’elle dose bien entre toute l’oralité du texte et ses descriptions. Je trouve que tous les échanges donnaient une dynamique nouvelle à l’histoire. On plonge dans chaque scène à la recherche de ce qui va résulter des dialogues. Le seul moment où j’ai décroché de la plume, c’est cette liste continue de la collection de Dorian. J’avais l’impression de ne plus rien y comprendre. L’intrigue était super intéressante. Faut savoir que j’avais envie de lire ce livre suite à la présentation de la thématique du double que j’ai étudiée en cours (par pitié que mon professeur ne lise jamais cette chronique). Faut savoir aussi que je n’étais pas déçue de cette présentation de la thématique dans le livre. Un tableau qui récupère toutes les marques physiques du vices et de la vieillesse. Et surtout cette absence de question sur qui est le monstre. J’ai trouvé le travail très intéressant. Encore plus avec le personnage de Dorian qui est antipathique et qui a l’air de chercher constamment une rédemption auprès des autres. J’étais là et j’y trouvais toute l’ironie de la chose, on sentait la fin arriver et on comprenait que Dorian ne changerait pas. Cette histoire, ce n’est pas la lutte d’un homme avec sa part sombre, au contraire, c’est l’accès à une totale liberté. En fait, tous les personnages dans le roman ne sont pas appréciables. Lord Henry est la figure du dandy, prônant le divertissement et la beauté… Et étant celui qui partage tous les propos misogynes possibles. L’adoration de Basil pour Dorian m’a mise mal à l’aise (tout l’aspect où elle se base uniquement sur l’image qu’il s’en fait et sur le fait qu’il y ait une forme d’infantilisation de Dorian) etc. Vraiment, on ne sort pas en se demandant qui est notre personnage préféré. Ça n’empêche qu’ils sont bien caractérisés. Et surtout, c’est hyper intéressant de voir qu’ils servent d’excuse à Dorian qui considère l’autre comme une boussole morale. Ce livre est intéressant dans le traitement des personnages. Mais il faut vraiment, vraiment, garder un regard critique et se retenir de tout casser devant certains propos. Ah et je l’ai largement préféré à la Peau de chagrin.

Ce roman de la fin du 19ème siècle est un bon reflet de l'état d'esprit un tantinet misogyne d'Oscar Wilde, ainsi que de son mépris pour ceux qui ne sont pas de sa classe sociale, et aurait de quoi révolter s'il paraissait de nos jours. Il est excessif dans le dédain envers les autres, et montre là, à travers deux des trois personnages principaux de son roman, Dorian et lord Henry, sa volonté de choquer le lecteur de son temps, et ce fut donc réussi. Oscar Wilde met en scène Dorian Gray qui brille autant par son hédonisme que par un caractère hautain et cruel, mais surtout par un esprit narcissique bien entretenu par ses amis qui ne cessent de louer sa beauté. De là la naissance d'un magnifique tableau de Dorian peint par Basil, l'ami sincère et bon. Certes, Oscar Wilde a sauvé la morale de l'histoire en punissant Dorian Gray dont le portrait peint se dégrade en faisant apparaître sur la toile les stigmates de ses excès, de ses vices et de son mépris des autres. Mais ce ne fut que pour nous abreuver par ailleurs des débordements de son jeune dandy. La façon péjorative de juger toute personne socialement différente, de dire que les femmes sont majoritairement idiotes et même lorsqu'elles ne le sont pas c'est encore pour les railler (p.232 "-une telle- est trop intelligente pour une femme"), de brocarder ses interlocuteurs qui rougissent à tout bout de champ, tous ces exemples et tellement d'autres encore font le lit de la nature dépravée, mauvaise et néfaste du personnage alors qu'en société il passe pour le plus charmant des hommes. Un leitmotiv apparaît souvent : le "péché" est rappelé de nombreuses fois, pratiquement à chaque chapitre comme une incantation, une sorte le ligne rouge que, pourtant et pour sa perte, Dorian Gray franchit si aisément. Ce magnifique roman qui foisonne des égarements et de la débauche de ce Dorian Gray, néfaste en tout, atteint là le paroxysme. Un chef d'œuvre cynique et cinglant !