Le Soleil suivant - Tome 3 Le Pas de nos pères : Le livre de Éric Marchal

La trilogie, disons-le d’entrée, se termine en beauté. De nombreuses portes, ouvertes plus tôt dans le roman initial et dans les premiers tomes de cette trilogie, trouvent un aboutissement, et c’est à un sentiment de travail accompli, mais également de la nostalgie, que l’on referme ce dernière livre. Aurons-nous encore une fois l’occasion de les retrouver, ces amis de papier, dans une nouvelle suite ? Rien n’est annoncé à ce stade… mais, si jamais l’auteur n’en avait pas eu l’idée – ce qui serait étonnant -, j’avoue que c’est avec grand plaisir que l’on retrouverait, dans une série parallèle, quelques enquêtes menées par cet Henri de Revier qui, visiblement, au moment de participer à cette enquête, n’en est pas à son coup d’essai… C’est malin, c’est solide, c’est trépidant. Bref, tout ce que l’on aime. Et, cerise sur le gâteau, pour celles et ceux qui s’intéressent à l’histoire de ce duché de Lorraine qui, alors que règne Léopold Ier, est encore indépendant, au moins sur le papier, l’auteur montre une belle érudition ! Il y a suffisamment de twists et d’intrigue pour que l’on ne s’ennuie pas ; suffisamment d’Histoire pour que l’on apprenne des choses ; suffisamment d’énigmes pour qu’on se satisfasse de ne pas avoir à les résoudre nous-mêmes. Bref, chacun pourra y trouver de quoi agrémenter sa lecture. Alors, vous sentez vous prêts à affronter le redoutable Ordre du Graal ? Alors rejoignez-nous, sans oublier de vous munir d’une cape bien chaude et d’un solide fermoir : les nuits parisiennes peuvent être froides !

Ce troisième tome est aussi bien ancré dans la réalité, l'ambiance et le danger que les deux premiers. J'ai beaucoup aimé les personnages, notamment Henri de Revier qui est d'une finesse et d'une intelligence admirables et j'ai été émerveillée par la chorégraphie de tous ces protagonistes qui s'assemblent, se séparent, se croisent, se retrouvent... De la nouvelle ville de Saint-Pétersbourg à Paris, du duché de Lorraine au Palais de Versailles, des petites boutiques du Palais-Royal au marché des Halles, la quête est intense, compliquée, parsemée d'embûches, d'espions et de fausses pistes. Parfois même un peu trop alambiquée, mais qu'importe. On y rencontre avec délice Mme de Pompadour, le duc de Saint-Simon, la veuve de La Reynie, Nicolas de La Mare, auteur du premier Traité de la police, et bien d'autres personnalités fascinantes de l'époque, cette époque pleine de sociétés secrètes, de cabinets noirs et de petits arrangements entre amis puissants. Ce mélange entre les personnages fictifs et réels est réalisé avec maestria, dans un tourbillon plus vrai que nature. Enfin, Éric Marchal maîtrise l'Histoire et l'histoire au cordeau. Si vous saviez tout ce que j'ai appris dans ce roman... vous le liriez aussi ! Une lecture à partager tant les sujets de discussion sont nombreux.

Le pas de nos pères apporte le dénouement de cette trilogie qui fait suite au célèbre Le soleil sous la soie. Comme il s’agit d’un volume de clôture, la lecture préalable des volumes précédents (a minima ceux composant la série Le soleil suivant) est sinon indispensable, du moins très fortement recommandée. Cette fois-ci Éric Marchal nous offre un petit résumé, fort utile. La lecture pourra donc être faite plusieurs mois après la fin du volume précédent. Cette fois-ci l’intrigue va se dérouler essentiellement dans le duché de Lorraine, entre Lunéville et Nancy occupée, mais également à Paris et à Versailles. Le programme paraît a priori moins alléchant que les villes traversées par le passé mais c’est sans compter avec le talent de Éric Marchal. Nous allons à nouveau partir à la recherche du Codex, bien qu’ici il s’agisse davantage d’un prétexte à de multiples petites aventures secondaires qui nous amènent à découvrir la vie de tous les jours, les intrigues de cour, le fonctionnement des services de police… tout cela n’est qu’une petite partie de tout ce qui va attendre le lecteur. Bien entendu nous allons rencontrer autant de nouveaux personnages secondaires, sans oublier certains qui ont été croisés par le passé. Les relations entre les personnages seront ici plus apaisées que dans le volume précédent et d’ailleurs l’équipe sera rejointe par un nouveau venu qui va devenir aussi indispensable aux deux personnages principaux qu’au lecteur. C’est probablement lui la plus belle surprise de l’ensemble. Annonce-t-il des romans qui lui seraient consacrés ? L’idée serait des plus intéressantes… Le pas de nos pères est indéniablement une conclusion peut-être un peu légère de la quête initiale mais un roman historique de grande qualité. Assurément ce nouveau volume confirme que l’aventure valait la peine d’être suivie. Un très bon cru !