Les Champs de la Lune : Le livre de Catherine Dufour

Grand format

Robert Laffont

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MOISSON AU CLAIR DE LA TERRE
Le nouveau roman de Catherine Dufour, autrice de science-fiction multiprimée.

Puisqu'il faut trouver une autre planète habitable, pourquoi pas la Lune ? Mais la vie est rude sous le feu blanc du soleil. À l'abri de son dôme agricole près du cratère Lalande, une fermière regarde les moissons et les générations s'élever et retomber comme les marées terrestres.
Le soir, au clair de la Terre, elle parle avec son chat des fièvres qui frappent les humains, des fissures qui menacent la survie de la ferme, des enfants saisis par l'appel du vide, des robots fous et des fleurs dans la mer de la Tranquilité.
Son quotidien bascule le jour où on lui confie le soin d'une petite
fille a la main verte. Qui fera éclore l'autre ?

De (auteur) : Catherine Dufour

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Expérience de lecture

Avis Babelio

sebastientalvas

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 3 mois

C'est le premier ouvrage que je lis de Catherine Dufour, connaissant déjà cette autrice par sa participation à de nombreuses balladodiffusions . Et je ne peux dire que je n'ai pas été déçu. Nous avons pour narratrice - derrière laquelle se "cache" l'autrice - El Jarline, une habitante de la Lune. Est-elle humaine? Est-elle une cyborg? Est-elle une mutante née du "génie génétique"? Le lecteur n'aura jamais de réponse. Mais ce que l'on sait, c'est qu'elle est chargée d'entretenir des champs, leur faune et leur flore, situés sur la lune, mais sous cloche. On ne peut qu'être soufflé par le travail de documentation relatif à l'environnement lunaire fait par l'autrice. Cette dernière dit avoir eu l'idée de ce roman à la suite des propose d'un certain milliardaire américain d'origine sud-africaine trouvant à l'Apartheid d'excellents côtés: l'existence de blancs se prélassant au bord de leur piscine alors que leurs domestiques noirs vivent dans des township. Ce dernier n'a qu'une envie, c'est d'envoyer l'homme blanc sur Mars pour qu'il y créé une société de suprémacistes, machistes et dégénérés à l'image du futur président des Etats-unis qui a pour slogan 'Make Russia great again". Nous sommes vraiment en dystopie. . Catherine Dufour balaie d'un revers de la main ce cauchemar en décrivant des pistes de décollage laissées à l'abandon où seuls des robots dameurs se croisent et s'entre-croisent. Comme Mars, la Lune est un astre rocheux, émanation de la Terre on ne sait comment. Elle est morte, c'est-à-dire qu'elle ne dispose pas d'une atmosphère qui permettrait de se protéger des rayons cosmiques.Toutefois, elle dispose de tubes de lave assez larges pour accueillir une population humaines ainsi protégée des rayons durs du soleil. Ainsi, elle devient en quelque sorte une planète B à la suite de l'extinction de la vie sur Terre qui n'est pas expliquée explicitement. Or, cette "planète B" s'avère être un piège mortel pour ce qui reste d'une humanité toujours aussi "débile". On visite à travers le récit d'El Jarline ses pérégrinations sur la lune, le long de ses cratères, de ses mers de sable, de l'océan des Tempêtes. On découvre toute la beauté de notre satellite au rythme d'une écriture poétique, teintée d'ironie acide. Quant à la description des espèces botaniques cultivées par El Jarline, on ne peut qu'être ému par la vision d'un jardin d'Eden voué à disparaître du fait de la bêtise d'une humanité qui ne mérite qu'une seule chose, sa disparition. On peut penser au sujet du film "Silent running" que je n'ai pas personnellement vu. Le travail d'El Jarline est de soigner les plantes poussant sous un dôme protecteur avec une densité inférieure à celle de la Terre. Elle doit se battre contre la poussée anarchique des arbres avec l'aide d'un chat génétiquement modifié doué de parole. On a ainsi des chiens et des chats qui peuvent communiquer avec l'héroine au cours de ses voyages lunaires. On ne peut que penser au roman Demain les chiens, de Simak. On a ainsi des êtres doués de parole à l'intelligence bien supérieure à celle de la Bête immonde qui souhaite que la France se transforme en République de Gilead. El Jarline est un personnage marginal qui n'est pas membre à proprement parlé de la cité sous lunaire de Mut. Le lecteur suit l'évolution de sa psyché au gré de ses rencontres, tout en subtilité. Notamment, elle fait la connaissance d'une petite fille violentée par son entourage. Se créer un rapport presque filial. Leur solitude se complète. Malheureusement, cette petite fille disparaît rapidement et amène la narratrice à découvrir le chagrin. El Jarline écrit au demeurant des rapports pour son autorité de tutelle que celle-ci met immédiatement au panier. Aussi, elle renonce pour ne relater que ses impressions sur son évolution psychologique. On est loin d'une science fiction de conquête qui montrerait la terraformation de la Lune. Le lecture est plongé dans les affres d'une héroine confrontée à une humanité malade. Nous sommes dans une science-fiction anthropologique dans la droite ligne de l'oeuvre d'Ursula Le Guin. L'autrice s'intéresse à ceux qui construisent des routes et des ponts, plus méritants que des génocidaires comme Louis XIV. El Jarline vit à la surface de la Lune, assez loin des sous lunaires, pour pouvoir avoir sur eux un regard critique; à l'image Des lettres persanes, conte philosophique de Montesquieu du XVIII siècle.

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JustAWord

4.50 sur 5 étoiles

• Il y a 3 mois

Si vous ne connaissez pas Catherine Dufour, considérez que vous avez raté votre vie (de lecteur). Mais comme les choses sont bien faites, il existe plein de façons de rattraper cette terrible lacune. Vous pouvez mettre la main par exemple sur son grandiose Le Goût de l’Immortalité ou sur sa suite-à-punks Outrage et Rébellion. Peut-être que vous préférerez son indispensable Guide des métiers pour les petites filles qui ne veulent pas finir princesses, car, oui, Catherine Dufour est une touche-à-tout. Seulement voilà, vous êtes certainement de ceux qui aiment suivre l’actualité littéraire et c’est pourquoi nous allons aujourd’hui parler de son dernier roman en date aux éditions Robert Laffont dans la collection Ailleurs et Demain : Les champs de la Lune. Prenez vos plus belles bottes de jardin et quelques graines, nous embarquons dès maintenant. Catherine Dufour nous emmène sur la Lune, quelque part dans un lointain futur. De celui-ci, on sait finalement peu de choses concernant notre chère planète bleue qui semble d’ailleurs revenue au gris entretemps, meurtrie par les excès humains et ravagée par un climat devenu fou. Tout est donc si noir pour l’humanité ? Pas vraiment car, dans l’intervalle, l’homme a réussi à coloniser d’autres astres. Loin des rêves de villes martiennes ou de voyages interstellaires en direction d’Alpha du Centaure, c’est sur la Lune, notre gardienne de toujours, que ce qui reste des Hommes a tenu bon. Alors, oui, la Lune, ce n’est pas forcément le meilleur endroit pour émigrer, les vents solaires et les radiations ont tendance à trancher dans le vif et côté horizon, il faut aimer la poussière et le silence des espaces infinis. C’est sous terre que l’on retrouve en toute logique les dernières cités, dans d’immenses cavités creusées par la lave d’un temps oublié. Ces soulunaires comme on les nomme, ont donc établi des villes nouvelles et tentent de conserver une organisation qui tienne le coup. Malheureusement, une terrible épidémie se propage, la fièvre aspic, qui plonge ses victimes dans un sommeil dont ils ne reviennent pas. Certains choisissent même d’aller mourir à la surface et, le plus souvent, dans une des fermes lunaires comme celle d’El-Jarline. Au sein de la ferme Lalande, la vie ne ressemble en rien au reste et figure une sorte de havre de paix inattendu. Cultivant la terre et abritant de multiples espèces animales survivantes, le dôme agricole apparaît comme l’un des derniers horizons d’une humanité à bout de souffle. El-Jarline elle-même, fermière de son état, envoie des rapports réguliers aux autorités de la cité la plus proche, Mut. On peut y lire ses activités et ses pensées ainsi que le compte-rendu de ses visites. Accompagnée par son chat qui parle, Trym, elle va devoir se lancer dans la plus folle des aventures : prendre une apprentie sous son aile pour assurer le futur. C’est ainsi qu’elle rencontre la jeune Sileqi et que sa vie s’en trouve bouleversée. Catherine Dufour construit son histoire comme une suite de rapports puis, chemin faisant, la forme change… et ce n’est pas sans raison. Tout repose en effet sur El-Jarline, notre narratrice et personnage central de cette histoire du futur pas comme les autres. Quel métier plus improbable pour un roman de science-fiction que fermière sur la Lune ? C’est pourtant l’angle d’attaque choisi par Catherine Dufour qui construit avec El-Jarline l’un des plus beaux (et attachants) personnages de fiction. El-Jarline, on le sent dès les premières pages, n’est pas comme les autres habitants de la Lune. Certes, on sait qu’elle a une résistance naturelle aux radiations et aux vents solaires, ce qui lui permet de rester sous ce dôme et d’entretenir cette ferme. Mais c’est dans sa façon de parler, de voir le monde et les autres et, surtout de ressentir qu’El-Jarline se démarque. Catherine Dufour est roublarde, elle sait qu’à force, le lecteur va finir par s’interroger : qui est vraiment cette narratrice ? Dans son analyse très froide, presque clinique, et par sa façon de parler, ses obsessions et ses préoccupations, El-Jarline pourrait simplement être une humaine avec des troubles du spectre autistique. Ou peut-être n’est-elle pas du tout humaine ? Quoi alors ? Un robot ? Un extra-terrestre ? Au final, tout cela importe peu, c’est l’évolution d’El-Jarline et son cheminement dans l’histoire qui compte. « Il faut cultiver notre jardin » disait Candide et, d’une certaine façon, El-Jarline est comme ce lointain ancêtre, avec cette même volonté de préserver quelque chose, de jouer un rôle dans ce qu’il reste de la société pour faire sa part et l’embellir. Pourtant, elle a du mal à s’attacher aux émotions humaines et aux préoccupations plus égoïstes de ses congénères. Elle rationnalise tout, sauf la Nature dont elle prend soin, la Nature qui l’émerveille, la touche. Sa rencontre avec Sileqi va pourtant tout remettre en question car, petit à petit, El-Jarline s’attache à Sileqi et commence à comprendre certains sentiments comme l’amour ou la tristesse. Une chose nouvelle pour elle. En vérité, ce n’est donc pas la nature même d’El-Jarline qui intéresse Catherine Dufour, mais l’éveil à la conscience, aux émotions, aux autres d’une personne qui, jusque là, n’avait encore jamais regarder la Lune sous cet angle. Ce qui fait d’El-Jarline une pure réussite, c’est l’écriture magnifique et mélancolique de l’autrice française, capable de regarder l’humanité incorrigible et d’y trouver encore des traces d’espoir, de regarder le futur et de voir le possible au lieu de l’impossible. Car si nous avons changé de planète, nous n’avons pas changé nos travers. On découvre avec El-Jarline que la bêtise humaine n’est pas morte, bien au contraire. Au pire, elle a évolué sous la contrainte d’un anéantissement définitif. Les affaires de politiques sont toujours désespérantes, la violence n’est jamais loin et l’homme, au final, reste un piètre individu. On le comprendra par l’intime avec les ecchymoses sur le corps de Sileqi, puis par le collectif avec le triste sort de Louge ou lors d’un détour plus fun et inattendu par la Cité Franche. Catherine Dufour montre encore une fois que la science-fiction n’est pas là simplement pour imaginer un futur plus ou moins crédibles mais pour parler de notre époque entre ses lignes et ses rebondissements. On retrouvera des allusions au phénomène complotiste et au déclin de la raison au profit de la croyance, un certain goût aussi pour l’aveuglement avec cette fissure qui n’en finit pas de s’agrandir dans le dôme agricole mais qui ne semble intéresser personne tout comme la prolifération des minicolas, sorte de méduses parasites particulièrement envahissantes. El-Jarline ne cesse d’alerter dans ses rapports, annonce encore et encore la catastrophe mais… rien. Un petit goût de crise climatique vous avez dit ? Ne parlons même pas du rapport aux animaux et à la flore. Au fond, Catherine Dufour pose un regard à la fois tendre et désabusé sur une humanité incorrigible. Elle lui préfère des gens à part, des originaux comme Reine-Constate ou Zante, le zoologue. Des gens qui lui ressemblent, des gens extérieurs à la société ou presque. Elle imagine une Cité Franche complètement différente, avec des chiens et chats qui parlent et qui, demain, autour d’un feu, pourraient bien finir par se raconter des histoires sur les humains disparus. Le futur existera toujours, et l’humanité peut-être pas. Mais la vie continue. Au gré de l’intrigue qui avance, des émotions qui fleurissent, des drames qui s’accumulent, Les champs de la Lune implique son lecteur, transformant ce récit faussement pastoral à la Becky Chambers en quelque chose de plus bouillonnant, de plus vibrant. Catherine Dufour, même si elle voit poindre l’horizon des 60 ans, n’a rien perdu de son envie de tout bousculer, de tout renverser et de changer les choses, de construire un avenir qui vaut la peine, d’aimer plus que de raison. C’est ainsi que la forme du récit va se métamorphoser et briser les règles de rapports initiaux pour se faire poésie et révolte. Que la perte va survenir sans crier gare. El-Jarline, la fermière qui vivait à la marge, va devoir s'impliquer qu’elle le veuille ou non. Il faut s’impliquer, il faut tenter de faire autre chose, une autre société, peut-être avec d’autres que les hommes, qui sait. Ou bien se résigner et laisser toutes ces absurdités aux incorrigibles humains. Pour rêver à nouveau, vers les étoiles. Vers ailleurs. Et pourquoi pas, sur la Lune avec des robots-fous, tristes victimes collatérales d’une race trop égoïste. Pourquoi pas… tant qu’il y aura les hommes ou, qui sait, demain, les chiens (ou les chats)… Sur la Lune, Catherine Dufour nous offre un voyage beau et poignant, sorte de condensé d’une humanité retrouvée peu à peu grâce à El-Jarline, une fermière qui ne savait pas encore la tristesse ou l’amour. Un roman magnifique, un roman de science-fiction pour aujourd’hui et demain, un roman où les chats parlent et où l’on cultive son jardin sous les étoiles.

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Fiche technique du livre

  • Genres
    Romans , Roman Science-Fiction Dystopie
  • EAN
    9782221274552
  • Collection ou Série
    Ailleurs et Demain
  • Format
    Grand format
  • Nombre de pages
    288
  • Dimensions
    217 x 136 mm

L'auteur

Catherine Dufour

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20,50 € Grand format 288 pages