Les Echappés : Le livre de Renaud Rodier

Ce premier roman de Renaud Rodier est une vraie réussite. Dès le prologue, intriguant, j'ai été cueillie et je n'ai plus su me détacher de ce roman avant d'avoir tourné la dernière page. Ils sont cinq, Lauren, Aaron, Émilie, Nathaniel et Aashakiran, à fuir leurs origines, à échapper à leurs destins pour écrire une nouvelle page de leurs histoires. Chacun a ses raisons. Fuir son passé, sa famille, sa condition, panser ses blessures... Dans des chapitres courts et rythmés, chacun des protagonistes s'exprime. Nous découvrons leurs histoires mais aussi leurs pensées, leurs interrogations, leurs doutes, leurs réussites, leurs déceptions. La force de ce roman choral c'est d'arriver, avec un naturel désarmant, à lier chacun des destins de nos antihéros. Ils se croisent, se séparent pour mieux se retrouver après. Ils se fondent dans notre histoire, celle de notre monde avec toutes les turbulences que nous connaissons. Des personnages qui résonnent longtemps en nous après avoir refermé le livre. Des personnages qui sont le reflet de l'âme humaine tout en étant le miroir de nos propres questionnements. Mes mots ne sont rien en comparaison de ce magnifique roman, de l'inventivité de l'auteur et de son habile narration mais si cette chronique peut vous donner l'envie de vous plonger dedans j'en suis heureuse. Lecture faite dans le cadre du #prixbookstagram du premier roman francophone.

On entre dans ce premier roman par un prologue énigmatique, un pont interminable, un souvenir qui s'échappe, un homme perdu. A l'image de ce premier pas dans son texte, Renaud Rodier se plait à lancer des ponts, entre plusieurs histoires, entre plusieurs pays, entre plusieurs familles. Lauren, Emilie, Aasha, Nathaniel, Harry et Aaron composent les voix de ce roman choral qui nous embarque dans un voyage, à travers les continents et dans l'intimité de ces personnages. J'ai suivi d'abord avec plaisir les récits de chacun d'entre eux, traversés par de nombreuses interrogations sur l'identité, le voyage, l'exil, ou encore le silence. Je me suis prise au jeu des premiers chapitres, de Kiowa à Bombay, en passant par New-York, de ce puzzle littéraire, aux aguets des moments où ces trajectoires se percuteraient enfin. Un premier roman ambitieux, construit avec malice c'est évident, mais dans la seconde partie, le recours systématique aux coïncidences, parfois peu crédibles, la (trop grande) multiplicité des pistes explorées ont rendu ma lecture plus laborieuse, les personnages moins convaincants. Mon intérêt a fini par s'émousser mais cette histoire possède au demeurant une force cinématographique indéniable. Une lecture en demie-teinte et un auteur à suivre malgré tout.

J’ai beaucoup aimé, je me suis laissée emporter par les personnages en cherchant les indices et les liens entre eux pour résoudre l’énigme. Merci pour ce voyage sur tous les continents que l’auteur semble si bien connaître ! Bravo ! C’est un premier roman très réussi !

Les premiers chapitres prennent la forme d'exposition. Renaud Rodier nous dresse le portrait de Lauren, Aaron, Emilie, Nathaniel, Aashakiran, Harry, Kip. Rapidement, leurs histoires se chevauchent et nous voilà happés, impossible d'en échapper. C'est un premier roman, et il est bouleversant de justesse. On tombe sous le charme de la vulnérabilité des personnages, de leur ténacité à oublier ce qui ne cesse de se rappeler à eux, malgré leurs exils volontaires. On est troublé par la question de ce qui fait souvenir ... un lieu - un événement marquant - une personne qui nous est chère. On est ému par la puissance des points d'ancrage liés à des moments tristes ou violents, et surtout, surtout ! l'énergie développée pour que ceux-ci ne viennent pas nous hanter. Et parfois, peu à peu, le passé devient transparence et il est à nouveau possible d'exister au présent...