Les Guerriers de l'hiver : Le livre de Olivier Norek, Thierry Blanc

Quand un livre fait trop de bruit à sa sortie, j’ai toujours tendance à me méfier et à en repousser la lecture. Oui, mais ça c’était sans compter sans la chance de pouvoir voir Olivier en un temps record lors de la fête du livre de Saint-Étienne ! Je savais que ce livre avait été un gros morceau d’écriture pour l’auteur et j’étais curieuse de découvrir ce petit bout d’histoire totalement méconnu et, en même temps, essentiel dans l’histoire de la 2nde guerre mondiale. Une ambivalence que l’auteur démontre très bien dans son roman et qui fait réfléchir. Ce roman va donc suivre l’histoire de la Guerre d’Hiver qui vit s’affronter la Finlande et la Russie, David contre Goliath. Un récit fort, puissant, hypnotique au court duquel on ressent la peur, le froid, la violence mais aussi l’intensité de cette guerre à la fois rapide et tant ralentie par le cadre où elle évolue. Ce récit très fidèle est d’ailleurs peut-être ce qui m’a gênée avec une impression de redondance parfois et, surtout, les faits d’arme avec lesquels j’ai toujours un peu de mal. D’ailleurs, si on voit tout le travail (magistral !) de recherches et de documentation effectué, j’ai eu parfois plus le sentiment d’un reportage que d’un roman. Les personnages perdent peu à peu leur humanité ce qui s’entend mais ce faisant on perd aussi le côté roman et c’est dommage. Le travail d’écriture ici est juste époustouflant avec une étude du rythme, du style, de la tension dramatique et du documentaire mêlé. Et si on est partagé entre l’envie de dévorer ce roman et de le savourer, on a aussi envie de le prendre ligne à ligne pour mieux le comprendre et l’analyser en profondeur. Nul doute que tôt ou tard ce roman sera étudié en fac que ce soit en Histoire ou en Lettres !

Autant l’écrire d’emblée, je n’aime ni les livres de guerre ni le grand froid arctique. Ce roman était donc autant indiqué pour moi qu’une tong en cristal pour un mammouth obèse ! Pourtant, la curiosité m’aiguisant comme un fusil, un santoku japonais, j’ai décidé d’ouvrir cet ouvrage auréolé d’une jolie réputation liée à ses différentes nominations pour les prestigieux prix littéraires existants, le nom de Norek, déjà connu pour l’avoir lu, me servant de déclencheur. Comme je m’en doutais, ce n’est pas avec la même avidité que d’habitude que j’ai tourné les pages de ce roman, ce quasi reportage devrais-je écrire, qui restitue un fragment tragique de la jeune histoire finlandaise. J’ai cependant ressenti un véritable intérêt pour cet épisode guerrier qui, aujourd’hui et malheureusement, résonne douloureusement avec l’actualité Ukrainienne en un même duel entre le David finlandais hier, ukrainien aujourd’hui, défié par le Goliath belliqueux de l’armée rouge. Puisse la fin du conflit actuel être là même que celle du duel biblique . Norek a pris le parti de nous raconter cet épisode martial par le truchement de la naissance d’un héros national, Simo dit la mort blanche, qui, à priori, n’était absolument pas destiné à graver son nom dans la légende de son petit pays. Une instinctive habileté au tir acquise dés son plus jeune âge pour ramener le gibier qui nourrissait la famille et utilisée habilement ici pour éliminer les premières lignes ennemies a fait de ce jeune, mobilisé dès le début de l’intrusion russe, le symbole de la résistance contre la puissance dirigée par l’ogre Staline. Le soldat venu du froid. Avec lui et avec ses compagnons d’infortune, nous grelottons soit de froid sur le front blanc de neige de l’hiver 1939, soit de terreur face au manque de stratégie militaire ou aux personnalités border-line des officiers improvisant une riposte à l’intrusion russe. Extrêmement bien documenté, le récit nous cueille et nous emporte dans le grand nord combien même le genre n’est pas le nôtre comme tuer n’était pas non plus une évidence pour ceux qui furent amenés à taire leur conscience quand l’instinct de survie prit le dessus pour leur intimer l’ordre de tirer sur un autre humain qui, lui aussi, était sûrement parcouru par le même dilemme. L’absurdité et l’horreur de la guerre sont particulièrement bien mises en évidence dans ces lignes qui tendent à démontrer qu’en chacun de nous peut se cacher une facette héroïque qui n’attend que le moment opportun pour briller même en totale opposition avec nos propres convictions. J’aime pas la guerre, comme aurait dit une ancienne candidate Miss France, mais j’ai quand aimé cet ouvrage, qui, pour autant, ne m’aura pas rabibocher complètement avec le récit militaire. Quelques effets de style m’ont un peu chiffonné, comme ces dialogues théâtraux créés de toutes pièces et prêtés aux instances dirigeantes pour poser la situation géopolitique par exemple. Le récit aurait également pu être plus concis, la répétition des combats m’a paru un peu redondante même si le but en était de montrer la lassitude des soldats embourbés dans une guerre des nerfs qui ne se montrera glorieuse pour aucunes des parties engagées dans cette guerre d’hiver dont, j’avoue, j’ignorais l’existence. Je referme cette page d’histoire meurtri par cette capacité qu’ont les hommes de s’entretuer pour un lopin de terre, une place stratégique, une fierté trop aiguisée ou une simple folie égotique comme celle qui, hier, consumait Staline, aujourd’hui, Poutine. L’histoire enseigne qu’elle n’enseigne rien.

Histoire d'une guerre méconnue qui n'a duré que quelque 100 jours et qui a opposé la Finlande à la Russie. Passionnante incursion au sein de la résistance finlandaise où des soldats amateurs font face à l'armée professionnelle russe si mal préparée à un si grand froid et au terrain finlandais. J'ai suivi avec admiration le parcours du meilleur sniper finlandais. Malgré quelques longueurs, j'ai trouvé le roman passionnant et le parallèle avec les événements en Ukraine très intéressant. A lire!

Si Olivier Norek est connu pour ses romans policiers, c’est avec ce roman historique que je le lis pour la première fois. Il s’intéresse à la guerre d’hiver qui a opposé l’URSS à la Finlande du 30 novembre 1939 au 13 mars 1940. La Finlande est encore un état jeune et fragile, faiblement peuplé. Staline souhaite récupérer des territoires mais les Finlandais n’ont pas l’intention de les lui céder. Les Russes entreprennent donc d’obliger le tout petit pays à faire la guerre : ils font croire qu’ils ont été attaqués. Et qu’il est de leur devoir de défendre leur immense pays. Voilà les jeunes hommes mobilisés pour une guerre insensée. David contre Goliath. Mais c’est sans compter le "Sisu", l’âme de la Finlande. Guidés par l’amour de leur pays, les Finlandais vont aller sur le front avec courage et pugnacité. Les familles aux frontières vont quitter leurs maisons et les laisser être brûlées pour qu’elles ne puissent pas servir de refuge aux Russes envahisseurs. L’auteur va s’intéresser tout particulièrement à la 6e compagnie menée par Juutilainen, surnommé « L’Horreur du Maroc ». Un alcoolique assoiffé de guerre qui n’a pour raison de vivre que de tuer l’ennemi. Mais sous ses dehors de soudard primaire, c’est un stratège qui veut protéger ses hommes. Dans la 6è compagnie, il y a surtout la légende ce cette guerre d’hiver, que les Russes ont surnommée « La Mort blanche » : Simo Häyhä. Il est réserviste pour la garde civile et est naturellement appelé aux armes. Expert de la gâchette, il devient le sniper redouté des Russes. Il sait se fondre dans les décors enneigés, en fourrant de la neige dans bouche pour ne pas produire de buée, en ralentissant les battements de son coeur pour rester immobile, en abritant ses balles sous ses vêtements pour qu’elles ne réagissent pas au froid… Et lorsqu’il tire, il ne laisse aucune chance à sa cible. A ses côtés, il y a ses amis, qui sont comme ses frères. Et chacun va mettre tout son coeur à se protéger mutuellement. Olivier Norek précise que tous les faits et anecdotes relatés sont vrais. Il raconte l’horreur et l’inéquité de cette guerre avec une tendresse et une admiration évidentes pour les Finlandais, sans accabler les forces russes. Car le véritable ennemi, c’est Staline et la terreur qu’il répand jusqu’au front. Personne n’ose remettre en cause ses ordres, dénoncer l’impréparation de la stratégie et des équipements. Ce roman historique est excellent, formidablement écrit. Il englobe la petite histoire dans la grande de façon magistrale, en nous rendant proches du héros de la nation Simo, de ces soldats et de l’infirmière Leena, tout en rendant compte des étapes de la guerre sur place et en Europe grâce à un gros travail de recherche. Et ce qui est flagrant (et terrifiant ! ), c’est comme cette invasion russe résonne avec l’actualité récente. Toujours ce même recours aux mêmes ficelles énormes et à la propagande mensongère… Un coup de coeur.