Les Guerriers de l'hiver : Le livre de Olivier Norek, Thierry Blanc

Un formidable roman sur la « Guerre d’hiver » entre la petite Finlande et l’immense URSS, une centaine de jours entre la fin novembre 1939 et la mi-mars 1940. Un épisode mal connu des prémices de la tempête qui couvait en Europe à ce moment-là. Ce texte sorti l’an passé a mijoté chez Olivier Norek pendant une dizaine d’années, et lui a demandé une quantité impressionnante de recherches qu’il raconte dans ses remerciements en fin de livre. Il se nourrit, précise l’auteur, de « dialogues [provenant] souvent d’archives ou [de] passionnés, des militaires et des historiens. » Cette courte séquence abominable de l’Histoire a coûté près de 400.000 hommes, tués, blessés ou disparus, à l’Armée Rouge et un peu moins de 70.000 à l’armée finlandaise. Les évènements qui portent le roman nous rappellent douloureusement l’actualité européenne et le sanglant conflit russo-ukrainien actuel, la barbarie contée par Olivier Norek nous saisit d’autant plus que, dit-il, « aucun fait d’armes n’a été inventé, ni aucune anecdote » et qu’« aucun acte de bravoure n’a été exagéré ». Le parallèle ne s’arrête pas là : comment ne pas penser, en lisant Norek, que les atermoiements suivis de la non-intervention des français et des anglais, pourtant alliés de la Finlande, résonnent de façon lugubre avec le peu de succès des démarches en faveur d’une paix entre la Russie et l’Ukraine ? Les Guerriers de l’Hiver est ainsi, pour moi, un formidable « roman historique d’actualité » (mes mots).

Au cœur de l’hiver le plus rigoureux et d’une guerre dévastatrice, un petit pays se lève contre un géant. En Finlande, face à un ennemi bien supérieur en nombre, un peuple fait preuve d’un courage hors du commun, porté par le Sisu, cette force intérieure unique. Dans ce chaos, un soldat, Simo Häyhä, devient une légende : celle de la "Mort Blanche". Encore un roman historique qui m’a permis de découvrir une part méconnue de l’Histoire. J’ignorais tout du courage et de la ténacité dont ce petit pays, la Finlande, a fait preuve face à un adversaire bien plus puissant. Cette guerre, souvent éclipsée dans les manuels d’histoire, a été fascinante à explorer, et je salue la richesse de la documentation apportée par l’auteur. J’ai appris énormément de choses, et sur ce point, c’est une réussite. Cependant, si la partie historique m’a captivée, la dimension romancée m’a laissé un peu plus perplexe. Les personnages, bien qu’ils soient censés incarner cette résistance admirable, ne m’ont pas vraiment touchée. J’ai trouvé qu’ils manquaient de profondeur ou d’un petit quelque chose qui aurait pu les rendre inoubliables. De plus, j’ai eu du mal à m’y retrouver entre tous les protagonistes.. Un autre point marquant est l’écho troublant de cette guerre avec l’actualité, notamment le conflit entre la Russie et l’Ukraine. Cela donne une résonance particulière au roman et invite à réfléchir sur la répétition des événements historiques et sur la résilience des peuples face à l’adversité. Au final, c’est une lecture mitigée pour moi. Le fond historique est passionnant et instructif, mais il m’a manqué une dimension émotionnelle pour être totalement embarquée. Je n’ai pas ressenti cette étincelle qui fait battre le cœur en suivant des personnages auxquels on s’attache profondément. Après une expérience déjà un peu décevante avec Surface, je pense mettre en pause ma découverte d’Olivier Norek pour un temps. Peut-être y reviendrai-je plus tard, mais pour l’instant, je préfère me tourner vers d’autres horizons littéraires.

Je termine ce magnifique et précieux roman les larmes aux yeux, ravie d’avoir fait la connaissance de la Mort Blanche, Simo Häyhä. La guerre d’Hiver m’était jusqu’alors inconnue mais grâce à Olivier Norek, j’ai dorénavant envie d’en découvrir plus sur cette si belle Finlande et son histoire.

Ok, je vais le dire tout de suite. J'ai eu la chance de connaître cette histoire par deux biais… un, ma passion pour cette période, deux par une amie finlandaise qui m'avait parlé de cette guerre et qui m'avait fait un résumé (long) d'un livre sur la vie de ce tueur d'élite blanc. Simo Häyhä fait partie de ces snipers célèbres, avec au compteur près de 542 morts. Il est aussi connu que Ludmila Pavlitchenkova (309), Ivan Sidorenko (500), Vassili Zaïtsev (242) ou encore Matthaüs Hetzenauer (345) etc. ; enfin si vous vous intéressez à cela… Surnommé par les soviétiques « la mort blanche », il a officié lors de la guerre d'hiver entre l'URSS et la Finlande entre 39/40. Ceci étant dit, Olivier Norek s'est fortement documenté pour positionner son roman dans cette Finlande, petit poucet face au géant soviétique. Cela se sent tout au long de l'histoire. N'étant pas une connaisseuse de Norek, je me suis dit que commencer par un roman historique n'était pas idiot. Je connais la période, le sujet… Alors, je dois avouer qu'après un départ intéressant, je me suis un peu ennuyée… j'ai trouvé le roman, par moment, un peu plat, malgré toutes les décisions ineptes des soviétiques envoyant (l'Histoire est un éternel recommencement) à la mort des milliers d'hommes et l'intérêt de comprendre la propagande militaire et politique lors de ces mois de lutte. Il m'a manqué principalement de l'empathie, du romanesque dans ce roman, surtout pendant cette guerre vitale pour la Finlande, longtemps sous domination suédoise, puis la Russie impériale, et récemment (1917) indépendante, profitant de la révolution bolchévique. 105 jours de lutte avant un traité de Moscou qui a sûrement, longtemps, hanté les Vorochilov, Timochenko et Shtern ! Pourtant la Finlande perd lourd… un peu de son territoire et un peu plus de son industrie mais elle y gagne sa souveraineté et une reconnaissance mondiale, grâce à la ténacité (sisu, prononcé sisou, terme mythique !)) de leur armée. Norek explique bien, justement, l'arrogance et l'incompétence des chefs militaires soviétiques qui ne s'attendaient pas à une telle résistance… et qui, en sus, n'avait plus les loyaux soldats entraînés, souvent passés dans les purges staliniennes ! Il s'en tient à l'Histoire et oublie un peu la psychologie et l'humanité de ses personnages… C'est dommage car un souffle romanesque aurait pu soulever mon petit coeur de passionnée d'Histoire… Reste à avouer, quand même, que c'est agréable à lire… sans être révolutionnaire ou exceptionnel.