Les Hauts de Hurle-Vent - Collector : Le livre de Emily Brontë

Le palais des courants d'ire Adoré à quinze ans et complètement oublié ensuite... Quel plaisir de redécouvrir ce roman tempétueux ! Je me souvenais d'une histoire d'amour avec un bad boy. Quelque chose d'assez romantique, pensais-je. J'ai toujours un peu mélangé Austen et les Brontë, je ne sais pas pourquoi. Dans ma tête, c'était Darcy. En réalité, rien à voir ! Heathcliff n'est pas un beau brun ténébreux réservé, c'est un enfant malaimé, élevé comme une mauvaise herbe, qui devient un homme singulièrement sombre, habillé de sa colère. Un cœur gâché, dur, qui pour son malheur est aussi un cœur passionné, qui n'oubliera jamais son amour de jeunesse, Catherine. Ces deux là sont les mêmes faces d'une pièce, coupée en deux. Beau récit, dont j'ai apprécié bon nombre de personnages secondaires. Apprécié ou moqué ! Les femmes sont assez mal loties. La servante, témoin privilégié du récit, ne cesse de se lamenter, de protester que ça ne devrait pas se passer comme ça, mais contribue largement aux évènements. Elle finit pas être agaçante, à la fin, à vouloir se dédouaner de tout. Quant à l'héroïne, Catherine, elle n'inspire guère de sympathie, c'est un petit tyran égoïste, qui alterne avec une feinte innocence caresses et menaces. Tout à fait le genre de femme pour lequel un homme peut se damner.

Le point de vue abordé permet d'aborder beaucoup d'humanité au récit. De plus, l'écriture permet de nous plonger entièrement dans cette époque et de comprendre la place qu'y occupaient les femmes au milieu d'un monde masculin. Cependant, se déroule sur deux générations et le récit est empreint d'une lenteur immense. Les habituées de ce type d'écriture n'y verront pas d'inconvénients mais cela pourrait décourager certains lecteurs. Les personnages sont extrêmement bien détaillés. Ce qui est un avantage mais qui complique les choses lorsque la majorité d'entre eux est absolument détestable.

Après Jane Austen, mon intérêt s’est porté sur les œuvres des sœurs Brontë. J’ai une envie de lectures classiques ces derniers mois et les Hauts de Hurlevent était dans ma liste. J’ai donc choisi la jolie édition des Éditions Hauteville dont le récit est ponctué par des illustrations en noir et blanc que j’ai lue à la période de Noël. Tout est parti de l’enfance, Heathcliff, la pièce rapportée dans la famille Earnshaw, le « bâtard », le mal-aimé … Celui que l’on a considéré comme indigne d’amour et indigne d’en donner. Un amour d’enfants et que l’on a empêché, ce qui a transformé les sentiments en ressentiments, en haine, en rage. L’amour étouffé qui a donné naissance à l’envie de vengeance qui s’est transmis sur plusieurs années. Heathcliff et Catherine s’aimaient, malgré que c’était interdit, c’est ce qui renforcé leur attirance. Catherine était partagé entre son rang et la femme rebelle qu’elle était vraiment aux côtés d’Heathcliff. Quand les égos et la fierté s’en mêlent… Puis la perte de l’amour, et la rancoeur qui dévore le coeur et la tête jusqu’à rendre aigri et malveillant. Tout n’est que violence et tyrannie. L’amour qui fait perdre la tête, la frustration amoureuse qui rend fou … Un amour maudit qui éclabousse la génération suivante. Heathcliff veut renverser l’ordre établi, il veut être celui qui écrase, qui dépossède comme on l’a écrasé et dépossédé. Il devient odieux. Il veut que tout le monde souffre comme il souffre. Les destins de la famille Earnshaw et Linton deviennent des pantins entre ses mains. Heathcliff qui devient le chaos. L’histoire des amoureux maudits est racontée par la domestique, Nelly à Mr Lockwood, le locataire de Mr Heathcliff. Le récit est raconté comme un conte au coin du feu. Je m’y suis laissée portée mais mon coeur à moi n’a pas chaviré comme je l’espérais pour ce roman classique si culte…

J’ai commencé ce classique sans avoir lu le résumé et en étant persuadée qu’il s’agissait d’une romance comme Orgueil et Préjugés, quelle erreur monumentale ! J’ai eu tellement de peine pour Heathcliff, ce jeune homme au début apprécié d’au moins une personne, puis injustement détesté par tous… Sa vengeance, terrible mais nécessaire à ses yeux, s’est déroulée s’en encombre et je l’ai dévorée. Tant d’acharnement et de rancœur ont noirci son cœur, du début à la fin j’ai eu envie de le prendre dans mes bras pour le réconforter, même quand il agissait pour le pire. J’ai eu plus de mal à apprécier le caractère de Catherine mais je reconnais la complexité de son âme que j’ai aimé découvrir au fil des pages, cet amour interdit entre Heathcliff et elle, son mariage, sa fille, mais avant son désir inoubliable, c’était si beau et si puissant (quoiqu’un peu toxique quand on y pense). Le texte est impressionnant dans sa qualité, les descriptions des paysages, des personnages, des émotions, tout m’a plus dans ce roman si ce n’est la tristesse globale mais bon, c’était nécessaire à l’intrigue. Comme pour beaucoup de classique, je pense qu’il faut le lire plusieurs fois, je suis même sûre que nous en retirerons des réflexions différentes à chaque fois !