Les rois maudits T01 Le roi de fer : Le livre de Maurice Druon

Une relecture fort agréable. Je craignais de trouver le style daté et la langue vieillie, et de m’ennuyer parce que l’histoire était trop connue, sans surprise. Ce ne fut pas du tout le cas. Je n’avais pas souvenir de l’abondance de détails documentaires précis sur l’époque, la plupart intégrés dans le récit (sans compter les notes), quant à la langue, elle est classique, émaillée de quelques mots moyenâgeux qui plongent le lecteur dans l’atmosphère d’époque. L’écriture est fluide, c’est très vivant, dynamique, bien rythmé. Les chapitres sont relativement courts et on change à chaque fois de lieux et de personnages. Pas étonnant que cette saga historique ait suscité par deux fois une série télévisée. Il faut dire qu’il s’en est passé des événements dans la France de 1314 ! Tout repose sur des faits réels, hormis la fameuse malédiction qui n’est pas attestée mais qui n’est pas non plus une invention de Druon. Probablement un fake qui circulait quelques années après l’exécution de Jacques de Molay. Il faut dire que le roi de France, son garde des Sceaux et le pape qui meurent la même année, c’est tentant pour lancer l’idée d’un complot, d’une malédiction… surtout quand la suite des événements est une crise dynastique qui entraîne la guerre de cent ans. Je relirai certainement la suite avec bien moins d’hésitations !

Je me suis enfin lancée dans cette référence absolue de la littérature française, et même mondiale si j’en crois l’auteur de Game of Thrones. Effectivement, l’histoire de France à cette période précise est un matériau rêvé pour tout écrivain amateur de roman à intrigue. J’ai beaucoup apprécié les chapitres courts et concis, faisant avancer de façon progressive et cohérente notre connaissance des personnages et de situations, dosant judicieusement explications historiques, portraits, scènes. Cela se lit tout seul et c’est à la fois divertissant et instructif. Cerise sur le gâteau : c’est très bien écrit – avec une petite teinte médiévale qui soutient encore davantage l’atmosphère. Roman d’une grande maîtrise littéraire - peut-être un peu trop... un petit goût de premier de la classe qui est extrêmement brillant, qui remplit parfaitement les cases, mais qui manque un poil d'originalité ou de folie pour moi.

Si Le Roi de Fer était une arme, ce serait une lame parfaitement affûtée, tranchant les illusions d’un Moyen Âge souvent idéalisé. Maurice Druon nous embarque dans une fresque où les rois saignent, les complots suintent et la malédiction des Templiers gronde tel un tonnerre prophétique. Les personnages, qu’ils soient rois ou manants, sont taillés dans une pierre aussi brute que réaliste. On est bien loin des caractères très (pour ne pas dire trop) caricaturaux que l'on retrouve dans bien des romans couvrant cette période. Druon retranscrit avec le finesse d'un maître orfèvre toute l'humanité de chaque personnage. Les dialogues sont des joutes verbales où chaque mot est une arme, chaque phrase une menace voilée. Et l'intrigue maintenant ! C'est le Moyen Âge qui est au centre du roman, sans artifice, ni jolis décors costumes, ni dragon pour détourner notre attention. L’histoire n’est pas qu’un prétexte ; elle est la véritable reine de ce roman. Entre le procès des Templiers et les tensions intestines royales, Druon construit la trame des futurs romans et tisse un piège narratif dans lequel je me suis volontiers laissée happer. Si vous pensiez que le Moyen Âge se résumait à des tournois et des banquets, préparez-vous à une descente dans un abîme de trahisons, de malédictions et de pouvoir à tout prix. • Édition : Les rois maudits, intégrale, de Maurice Druon, Le Livre de Poche. • Prochain livre : La reine étranglée de Maurice Druon (la suite).

Je ne suis pas une inconditionnelle des romans historiques et encore moins s’ils traitent de la période du Moyen-âge. Cependant les rois maudits restent un classique et il est connu que cette saga a inspiré Georges R.R Martin pour l’écriture de Game of Thrones, cela m’a convaincus pour commencer cette lecture. Le roi de fer, c’est ainsi qu’est surnommé Philippe Le Bel (1285-1313) roi de France de la dynastie des Capétiens durant 29 ans. Ce premier tome présente trois intrigues principales se déroulant sous son règne : - La triste fin des Templiers et notamment celle du grand maître Jacques de Molay qui maudit ses juges et les rois de France sur treize générations ! - Les manigances de Robert d’Artois pour récupérer son fief dont il se sent injustement lésé au profit de sa tante Mahaut. - La montée de l’influence des banquiers italiens Conspirations, adultères, meurtres, tous les personnages (extrêmement bien décrits par l’auteur) mènent une lutte acharnée pour la richesse et le pouvoir… Et comme nous sommes au Moyen-âge, la justice est arbitraire, expéditive et terriblement brutale. Les descriptions des tortures pour obtenir des aveux ainsi que les mises à mort sont difficilement soutenables. On comprend les nombreuses comparaisons avec le trône de fer : des têtes tranchées exposées sur des piques, des morts sur le bucher, des poisons préparés par une sorcière… Et tout cela dans un roman historique ! Maintenant c’est une certitude, j’ai mis en mémoire la généalogie des rois de France, bien mieux que lorsque je l’avais rencontrée dans mes manuels d’histoire. Bien sûr, on reste dans de la « romance historique » et les historiens s’accordent à dire que le grand maître des templiers est mort en silence et non pas en hurlant une malédiction (qui marque le départ des romans de Maurice Druon). J’ai malgré tout appris des anecdotes sur les us et coutumes de l’époque grâce aux notes instructives à la fin du livre et j’ai passé un excellent moment de lecture. J’ai hâte de lire la suite car la trame de l’histoire est posée mais de nombreuses affaires sont loin d’être résolues.