Les sept morts d'Evelyn Hardcastle : Le livre de Stuart Turton

Ce roman d'enquête fantastique est un mix entre Cluedo, Hunger Games et Pierre de Lune de Wilkie Collins (je vous conseille chaudement ce dernier, moins connu que La Dame en blanc du même auteur, mais que j'ai largement préféré car il est très original dans la narration : chaque narrateur présente sa version de l'histoire à sa façon (genre journal intime, lettres, rapport de police...) et c'est en assemblant chaque facette que l'on résout l'énigme. Eh bien c'est tout à fait pareil avec Le sept morts d'Evelyn, sauf que c'est du fantastique et que le style narratif ne varie pas). Il faut rester bien concentrée dans ce roman, car il est construit comme une vraie toile d'araignée dont le héros essaie de démêler les fils tout en échappant au prédateur (ça c'est le côté Hunger Games. Avec l'aspect huis clos aussi). Je vous le recommande si vous aimez les histoires ultra prenantes qui vous font rater les arrêts de tram et vous font cogiter avant de dormir. Et qui ont une ambiance un peu flippante, sans être trop tordu non plus.

En pleine forêt, au petit matin, un homme se réveille brusquement, appelant aussitôt Anna. Il ne reconnaît pas ses mains, ni son corps lorsqu'il se lève. Il entrevoit deux silhouettes, une femme, criant à l'aide, poursuivie par un homme, mais n'a pas le temps de réagir. Il a beau les interpeller, tous deux s'éloignent. Son sang se glace subitement lorsqu'il entend des brindilles craquer derrière lui. Un homme fait tomber une boussole dans sa poche et s'enfuit en lui indiquant d'aller vers l'est. Avec le vent et la pluie, il peine à se repérer mais est soulagé de voir enfin des lumières briller. Lorsqu'il frappe à la porte de la demeure, aussitôt, la personne qui lui ouvre le reconnaît. En revanche, elle n'a aucune idée de qui peut être cette Anna. Sebastian Bell, puisque tel est son nom, semble avoir tout oublié. Et pourtant, il apprendra plus tard qu'Evelyn Hardcastle sera assassinée le soir même et qu'il est le seul à pouvoir résoudre ou empêcher ce meurtre... mais pas forcément dans la peau de Sebastian Bell... Voilà un roman qui sort des sentiers battus. Un véritable casse-tête incroyablement maîtrisé. Et si, comme Sebastian Bell, au cours de cette première journée, l'on est dans le brouillard et un peu perdu, l'on comprend, dès la deuxième, qui n'est, au final, que la répétition de la première, qu'un homme, Aiden Bishop, va revivre, tant que le meurtrier d'Evelyn Hardcastle ne sera pas démasqué, inlassablement la même journée dans le corps des différents invités. Autrement dit, il dispose de seulement huit jours. Mais il se rendra compte que certains événements ne peuvent pas être modifiés ou que d'autres sont liés d'une journée à l'autre. Pour résoudre ce meurtre, il pourra compter sur l'aide d'Anna et du médecin de peste, un homme étrange venu d'on ne sait où, mais devra se méfier du valet de pied. Et notre pauvre Aiden, coincé dans différents protagonistes, avance à tâtons dans son enquête d'autant qu'il ignore pourquoi il se retrouve coincé chez les Hardcastle dans cette boucle temporelle. Ce roman, foncièrement singulier, tortueux et astucieux, se révèle aussi complexe qu'alambiqué, aussi exigeant que captivant. Stuart Turton fait montre d'un talent certain, d'une habileté et d'une maîtrise irréprochables. Un roman aussi délectable que cette ambiance fantastique en pleine campagne anglaise. En un mot : bluffant !

Ça fait longtemps que je n'avais pas accroché autant à un livre à suspens. A chaque fois que le récit semble stagner, l'auteur tire un nouveau rideau et on s'enfonce un peu plus dans l'ambiance de Blackheath. Si vous aimez les intrigues, les complots, les ambiances de bals masqués avec un soupçon de SF, ce livre est fait pour vous.

Premier roman de Stuart Turton, « Les sept morts d’Evelyn Hardcastel » est une fantastique découverte. Laissez vous embarquer dans cet univers d’enquête bourrée de rebondissements. L’intrigue est magnifiquement travaillée. L’auteur nous transporte dans un univers situé entre « Hercule Poirot » et « Downtown Abbey ». Une véritable petite merveille.