L'Heure bleue : Le livre de Paula Hawkins

Vanessa était une grande artiste, peintre et sculptrice. Pourtant, c’était une femme mystérieuse, qui habitait sur Eris, une île isolée, accompagnée de Grace, qui a prit soin d’elle jusqu’à la fin. Son compagnon Julian a disparu dans de mystérieuses conditions. Lors de son décès, elle lègue toutes ses œuvres à une fondation, mais lorsqu’un os humain est découvert dans une de ses sculptures, c’est le choc. J’ai eu un coup de cœur pour ce roman à l’atmosphère épaisse et très bien rendue, et pourtant, rien ne laissait présager au début de ma lecture que ce roman me plairait autant. Il m’a en effet fallu quelques pages avant de rentrer pleinement dans l’histoire, mais une fois que cela a été chose faite, j’ai eu beaucoup de mal à lâcher ma lecture. La psychologie des personnages est finement ciselée, et c’est ce qui fait la force de ce récit. Peu à peu, les personnalités se dévoilent, et les mystères se révèlent. Il ne faut pas s’attendre à un rythme trépidant, sous peine d’être déçu. Ici, l’auteure va vraiment prendre le temps de poser les bases de son intrigue et dérouler avec parcimonie les divers indices qui permettent d’y voir plus clair. J’ai été happée par ce roman d’atmosphère, et ce jusqu’au dénouement glaçant et imprévisible. L’auteure a su distiller son suspense avec beaucoup de talent, et tout passe par la psychologie des divers personnages. La plume de l’auteure m’a beaucoup plu. Je n’ai jamais ressenti d’ennui, et les petits chapitres rythment l’histoire. L’ambiance sur l’île est remarquablement rendue, et les chapitres sont souvent entrecoupés de passages des journaux intimes de Vanessa, ce que j’ai trouvé très judicieux, afin d’en savoir davantage sur ce personnage énigmatique. Un thriller psychologique très réussi, aux révélations surprenantes. À découvrir.

Dans une œuvre d'art naturelle, un expert affirme que l'os utilisé n'est pas celui d'un animal mais d'un homme. A qui appartient cet os ? Et l'artiste ne peut plus s'expliquer, elle est décédée ! Est-elle une criminelle, le savait-elle d'ailleurs ? L'enquête par le conservateur va s'avérer compliquée entre les ayants droits et, entre celles et ceux qui gravitaient autour de l'artiste. A relire les carnets de création, à poser des questions, à remuer les secrets, les meurtres font légions en réalité. Voilà un bon petit thriller bien scénarisé.

James Backer travaille pour la fondation Fairburn, qui doit hériter de l'œuvre de la célèbre artiste Vanessa Chapmann. Quand la Tate Modern le contacte pour signaler avoir retiré une sculpture de l'artiste car elle comporterait un ossement humain, des questions se posent.. Chapmann vivait recluse dans une île écossaise, son mari, Julian a mystérieusement disparu vingt ans auparavant, son amie et exécutrice testamentaire, Grace Caldwell a hérité des autres biens mais bloque la transmission des oeuvres à la fondation. Backer se rend sur l'île pour enquêter sur la génèse des sculptures, et mieux découvrir cette artiste qu'il admirait tant, au travers de sa correspondance. C'est un page turner habilement construit puisque l'on suit d'une part Backer, on progresse donc en même temps que lui, mais le récit est également émaillé d'extraits de journaux et de lettres de Vanessa, qui nous éclairent donc sur les pensées de l'artiste, avide de liberté, et nous livrent d'autres pièces du puzzle. Il y a une vraie ambiance sur cette île, dont on ressent l'humidité du brouillard et l'isolement puisqu'elle est coupée du monde au gré des marées, il y a plusieurs allusions à Daphné du Maurier, dont on retrouve totalement l'ambiance. Si certains passages du journal nous dévoilent des pans de la personnalité de Vanessa en nous livrant ses pensées, d'autres sont sybillins et nous poussent à nous questionner. La relation qui se construit entre Backer et Grace est également intéressante, car leurs discussions révélent peu a peu toute l'ambiguïté de l'amitié entre les deux femmes. Quelques personnages connexes tous bien campés complètent un polar assez classique, mais qui n'est pas dans l'action, plutôt totalement dans l'ambiance et la psychologie, qui nous maintient en tension jusqu'à la dernière page, avec une fin très réussie !

Merci à NetGalley et Les éditions Sonatine pour ce service presse. C'est le second roman de Paula Hawkins que je lis. J'avais beaucoup apprécié "la fille du train", je suis un peu plus partagée cette fois-ci. Le style de l'auteur est agréable, elle sait manipuler son lectorat pour le mener où elle le souhaite. Le suspens est présent, les personnages sont haut en couleur, les descriptions très explicites, que ce soit dans la beauté des paysages ou dans la description des peintures de Chapman. Difficile de décrire les relations qui se tissent ou qui ont existé entre les personnages ; Vanessa, une peintre un brin manipulatrice quand elle y trouve son compte, égocentrique aussi, qui se perd avec la maladie. Grace, la femme dévouée, qui donne tout à celle qu'elle vénère... C'est une possibilité, mais les apparences sont souvent trompeuses et les rôles peuvent s'inverser, le spécialiste des peintures de Chapman, qui jongle entre son patron et ami, sa femme, et sa dévotion à l'artiste. L'auteur nous emmène ici dans un huis clos sur l'île où a vécu la peintre afin de récupérer les œuvres qu'elle avait léguées à sa mort. Le récit en parfois long, mais il est compensé par le suspens mis en place. En revanche, la fin laisse un goût un peu amer, une sensation d'inachevé, c'est dommage. #LHeurebleue #NetGalleyFrance