À l'ombre de Winnicott : Le livre de Christian Niemiec, Ludovic Manchette, François Delaive

Vous aimez le Christmas Pudding ? Votre paradis ce serait de vivre à Downton Abbey ? Ou pour vous ce genre de manoir ce serait un enfer ? Alors venez avec moi découvrir Winnicott ! Vous n'allez pas le regretter ! Nous sommes en 1934 et Viviane Lombard arrive à Winnicott Hall, manoir anglais du XVIIe siècle. Elle vient pour être la préceptrice du tout jeune George Montgomery. George est le fils de Lucille et Archie, riches propriétaires qui viennent d'hériter du domaine. Il est aveugle et son institutrice précédente est partie brutalement. Les Montgomery vivent là avec la nombreuse domesticité ad hoc. On est dans les années 30 mais on pourrait aussi bien être en 1890. Ambiance mi Henry James mi Downton Abbey.. Viviane a son franc-parler de Française libre et cela ne plaît pas à tout le monde. Lucille, elle, se sent coupable d'avoir mis au monde un enfant handicapé et malgré la grande maturité et l'intelligence de George elle le surprotège. Elle se sent seule, Archie est souvent absent plusieurs mois (il est archéologue) et malgré la présence de son fils, des domestiques et de ses amies, épouses des notables locaux, réaménager le manoir ne lui suffit pas. Pourtant il se passe de drôles de choses à Winnicott. George semble parler avec un ami imaginaire. Des bruits de pas, des objets qui se déplacent, des meubles qui bougent.. Des silhouettes qui passent dans le parc ou derrière les fenêtres.. L'angoisse monte peu à peu. La maison serait-elle hantée ? Les Montgomery sont-ils seuls ? Complot ou fantômes ? Je ne vous en dirai rien, évidemment. Les surprises sont aussi nombreuses que les personnages. Personnages auxquels on s'est attaché rapidement. Viviane et George, leur complicité intellectuelle amicale et tendre. Même Talbott, le désagréable majordome.. Et puis il y a Mme Dobbs la cuisinière, les sœurs Ruby et Pearl les deux bonnes pas très futées, le régisseur, le valet... Lucille vit dans une peur et une inquiétude perpétuelles, celle qu'il arrive quelque chose à son fils, celle du monde qui ne va pas bien alors qu'en Allemagne un petit moustachu fait parler de lui en devenant chancelier.. Archie est rassurant, optimiste et.. un peu coincé, en bon Anglais qui se respecte. J'ai dévoré cette histoire et lu les 250 dernières pages quasiment d'une traite. J'ai passé un excellent moment entre suspense, ambiance fantastique et humour. C'est diablement bien fait et cinématographique. On "voit" les scènes, la frayeur, les tableaux qui se balancent, les lustres qui... non, je ne dirai rien ! On tremble la nuit quand quelqu'un vient s'asseoir sur votre lit dans une obscurité totale. On ouvre des portes à la volée.. sur des chambres vides.. Les auteurs se sont servis de tout ce que l'on connaît des films et des romans à suspense, l'émotion en plus. Alors, de vrais fantômes ? une machination ? ou autre chose ? Les réponses vont vous étonner. Et l'émotion vous cueillir. Parce qu'on les quitte à regret ces gens-là. La gorge serrée. Tout est bien qui finit bien ? Pas sûr. Peut-on continuer à aimer par delà la mort ? Sont-ce des apparitions ou des hallucinations ? Vous est-il déjà arrivé de vous sentir observé alors que vous êtes seul ? Qui observe qui présentement ? A vous de le découvrir.. Moi, là, j'ai juste envie de reprendre immédiatement ce livre depuis le début. Pour retrouver les personnages et suivre avec eux le chemin qui les attend, maintenant que je sais. Ce chemin plein de douleurs et d'angoisses.. mais pas seulement !

Sussex, 1934, Viviane Lombard est engagée comme presceptrice par la famille Montgomery. Elle aura la charge d'instruire leur fils George, 10 ans, aveugle de naissance. Mais dès son arrivée au manoir de Winnicott où résident depuis peu ses employeurs, Viviane ressent que quelque chose ne tourne pas rond dans la bâtisse. Et quand surviennent des événements inexpliqués, les habitants ne peuvent que se résoudre à l'évidence : le manoir est hanté ! #128211;MON AVIS : C'est le 2e roman que je lis de ce duo d'auteurs. J'ai commencé, comme beaucoup par Alabama 1963, que j'ai adoré. Celui-ci est d'un registre totalement différent, que j'ai tout autant aimé voir plus. Ludovic Manchette et Christian Niemiec placent leur intrigue dans l"Angleterre des années 1930. Le cadre, le manoir de Winnicott, n'est pas sans rappeler la série Downtown Abbey, avec ses domestiques et leur maîtres. Mais ce manoir n'est pas une demeure comme les autres, car il abrite d'autres habitants qui font froid dans le dos : des fantômes. Mais ces entités spectrales sont-elles réelles ou bien le fruit de l'imagination des personnages ? Ainsi, le duo d'auteurs nous offre un roman d'ambiance angoissant, qui se déroule quasiment en huis clos. J'ai eu le sentiment que le manoir était un personnage à part entière, qui nous révélait peu à peu ses secrets. Le roman est un doux mélange d'humour et de moment de tension incroyable. Mais au-delà de tout cela, ce qui m'a vraiment ému, c'est la rencontre entre Viviane et George, deux êtres qui ne sont pas du même monde, mais qui est de celle qui change le cours d'une vie. J'ai adoré ma lecture, que j'ai trouvé terriblement addictive, pour toutes ces raisons. Je ne peux que vous le recommander ce très bon roman.

On commence très fort avec un personnage à la Mary Poppins qui débarque dans un manoir bien gloomy dans le fin fond du Sussex, en Angleterre. Ajoutez à cela que nous sommes en 1934 et que la menace du nazisme pèse de toutes parts. Et il va s’en passer des choses à Winnicott Hall ! Des meubles qui se déplacent, des courants d’air, des bruits inexplicables,… ces événements impacteront différemment les habitants du manoir. Les protagonistes sont tous plus attachants les uns que les autres: un enfant aveugle mais extrêmement sensible et intelligent, une mère que tout angoisse, un père maladroit et peu présent car toujours en voyage, des employés de maison tous plus farfelus les uns que les autres,… tous font le charme de ce roman d’ambiance qui s’articule autour de la préceptrice française Vivianne. La petite touche particulière qui m’a fait encore plus aimer ce récit que je ne lâchais déjà pas, c’est que les auteurs s’adressent directement au lecteur lors de certains passages, et nous font sortir de l’univers à la façon dont on peut briser le 4ème mur au cinéma. Un troisième roman pour le duo Manchette et Niemiec qui devient un coup de cœur après la dernière page tournée et le livre refermé !

Gros coup de coeur pour ce roman fantastique, une fois de plus ce duo d’auteurs se renouvelle pour nous offrir une pépite, nous quittons les USA pour l’Angleterre de 1934. Viviane, une Française se rend à Winnicott Hall, un manoir du Sussex où elle a été engagée comme préceptrice d’un enfant aveugle de dix ans. Elle reçoit un accueil assez frais de sa patronne et du majordome à cause de son aspect négligé, mais sa relation avec George se passe très bien. L’enfant est surprotégé par sa mère qui le traite comme s’il était en sucre et Viviane ouvre son horizon en le considérant comme un autre enfant, elle lui permet d’explorer le monde autour de lui. Lucile sa mère est très occupée par la décoration du manoir et l’organisation d’un club de lecture avec les femmes de notables. Tout serait parfait si le père, archéologue, ne partait pas si souvent en Irak, mais surtout si la maison n’était pas le théâtre d’inquiétants phénomènes surnaturels. Des manifestations étranges ont lieu dont l’intensité monte crescendo, jusqu’au dénouement de la situation, mais ce n’est pas le coeur du récit. Les relations entre les personnages, à la psychologie très travaillée et convaincante, sont au centre de l’intrigue. Il y a le père très souvent absent, toujours plongé dans le passé et complètement aveugle sur le présent pourtant inquiétant de la montée des fascismes en Europe. Ses analyses de la situation seraient presque amusantes si le sujet n’était pas si dramatique. Comme il le souligne, son épouse vit dans l’avenir, mais un avenir peint en noir, elle s’angoisse pour tout, en particulier l’avenir de George. Elle le maintient complètement sous cloche, ne le laisse même pas aller se promener dans le parc. Viviane, personnage anti conformiste viendra ouvrir l’horizon du petit. Lucile est mécontente de l’allure de Viviane, qui n’incarne pas vraiment l’élégance française, elle la vire à plusieurs reprises pour impertinence, mais la reprend la seconde d’après, car elle n’a pas de solution de rechange, de plus George la défend bec et ongle. Lucile est superficielle, mais accepte de se remettre en question, elle a un bon fond malgré tout. La relation entre maîtres et serviteurs est bien analysée. Le contexte historique de 1934 bien présent et bien documenté, mais ce n’est jamais lourd. L’aristocratie anglaise était plutôt aveugle sur la politique. Il y a aussi beaucoup d’humour tout au long du roman. Je me suis beaucoup attachée à tous ces personnages, en particulier à l’enfant qui sortira de sa coquille grâce à Viviane et sa mère pourra grandir avec lui. L’épilogue confirme la réussite du projet. Certaines scènes sont carrément hilarantes, notamment la séance de spiritisme dans le manoir hanté, qui réussira au-delà des attentes des dames du club littéraire. Il y aussi beaucoup d’émotion. C’est magnifique roman dont j’ai tout aimé, qui touche avec brio à plusieurs genres. Le thème de la cécité est traité brillamment, au premier ou au second degré et finalement George est bien moins aveugle que ses parents.