Martin Eden : Le livre de Jack London
Martin Eden, le chef-d'œuvre de Jack London, passe pour son autobiographie romancée. Il s'en est défendu. Pourtant, entre l'auteur et le héros, il y a plus d'une ressemblance : Martin Eden, bourlingueur et bagarreur issu des bas-fonds, troque l'aventure pour la littérature, par amour et par génie. Mais sa chute sera à la mesure de son ascension vers le succès : vertigineuse et tragique...
" Jack London fait toujours rêver. "
Christophe Mercier, Le Point
Traduit de l'anglais (États-Unis)
par Claude Cendrée
De (auteur) : Jack London
Préface de : Francis Lacassin
Traduit par : Claude Cendrée
Expérience de lecture
Avis Babelio
Carlalaco
• Il y a 2 mois
J ai adoré Un livre sur un transfuge de classe. Autobiographique. Quel génie !c est écrit avec une précision chirurgicale. Mais comme c est en même temps tres réaliste, pessimiste C est quoi le bonheur? Quel est le but de la vie ?Je lirai d autres London, pour moi, ce n était que l auteur de l appel de la forêt....
scarlett934
• Il y a 2 mois
Je ne saurais vous dire à quel point je me trouve mal en ce moment même : je viens à l'instant d'achever la lecture de Martin Eden, et c'est comme si c'était elle qui m'avait achevée ! J'avais à peine eu le temps de me bercer d'illusions sur les choses de la société, que Martin mes les arrachait sans vergogne et me forçait à voir ce qui est : la rareté de l'intelligence vraie, le factice des sentiments amoureux, (du moins de ceux que l'on s'autorise) tout ce génie mal jugé, souillé par l'impertinent aveuglement des bourgeois qui pensent que leur éducation suffit à faire d'eux de grands esprits. Je suis gravement désespérée. Ce roman est une piqûre de lucidité terrifiante ! S'il est vrai que (n'ayant lu qu'une traduction) je n'ai pas trouvé dans le style de Jack London la fougue dont j'aime profiter chez certains auteurs, la marche radieuse des mots qui me surprend parfois chez eux, je ne peux pas nier qu'il a quand-même suffi à m'émouvoir. Ce qui compte ici, à mon sens, n'est pas tant dans l'essence du texte (c'est à dire dans la plume de l'auteur) que dans tout ce qu'on peut en déduire, dans toutes les symboliques que l'on peut y retrouver. Martin Eden, grand marin costaud et qui parle, somme toute, comme les marins de son époque, comme les gens du petit peuple, pénètre maladroitement dans un petit salon digne d'une maison de poupée, se doit de tenir une conversation avec les "gens respectables", les bourgeois. Ce qui l'attire en premier dans tout ce luxe, c'est un livre ! Si ce n'est pas beau ! Quelques minutes plus tard, il rencontre l'Amour, une jolie femme nommée Ruth - universitaire, bien entendu. Cette illumination a donné naissance à quelques passages brièvement beaux, mais dont le choix des mots m'a paru vu et revu. Il en va de même tout au long du roman, plusieurs grands sentiments sont décrits, mais on est bien loin des descriptions irréprochables d'un Zola, bien loin aussi de la proximité avec les personnages censée en découler. Que soit ! Cela n'est pas très grave, si l'on s'engage pour une lecture "simple". En revanche, que de frissons pour la chute de Martin Eden ! Mais peut-on seulement parler d'une chute ? Cela est compliqué à décrire, (moi non plus je ne suis pas Zola !) mais il s'agit d'une sorte de pente positive négative, l'ascension intellectuelle d'un homme mené au suicide ... Plus il s'instruit pour devenir digne de Ruth, plus Martin se rend compte qu'il la dépasse largement par son intellect, et qu'il dépasse la quasi totalité des gens de sa classe, pourtant instruits et fortunés. Personne, pas même sa bien-aimée, ne saisit la qualité supérieure des textes qu'il se met à produire, personne ne capte son génie littéraire. Il faut dire à quel point cela est réaliste ; tous ces artistes incompris de leur vivant, tous ceux que la foule a écrasés de préjugés et de bêtise ! Et cela est bien misérable. Je n'ai encore rencontré que bien peu de gens intelligents durant ma courte vie, les malheureux manquent à l'appel. Mon plus grand malheur sera probablement la conséquence de cette imbécilité dominante, tout comme Martin Eden ; voilà la raison de mes frissons, des frissons de peur. Si tous les esprits intelligents se noyaient en mer de leur plein gré par désespoir, où courrait le monde ? Et puis, quel éloge à la culture ! J'ai peur d'effleurer le discours élitiste que je déteste, mais c'est en grande partie la culture qui mène à l'accomplissement intellectuel (s'il existe ! j'en parle de façon relative !) C'est la raison pour laquelle je m'évertue à lire mes classiques, et c'est par eux que je me sens mûrir. Il en va de même pour Martin Eden. Mais, vous l'aurez compris, cette culture ne fait pas tout ! Ruth, ses parents, ses frères, les gens qu'ils fréquentent ... tous ces piètres esprits sont incapables de voir la beauté sans qu'elle leur soit servie avec les honneurs qu'il faut. Tenez, personne n'apprécie les textes de Martin, jusqu'à ce que ceux-ci soient publiés et qu'il devienne célèbre ! Dès lors les invitations à diner affluent, on traite avec respect celui que l'on observait comme un phénomène de foire. Je me permets une référence qui n'a rien à voir avec Martin Eden, parce qu'un extrait de Lolita, modifié, me parait une bizarre mais bonne idée. Voici : "Présentez à un lecteur normal plusieurs manuscrits en le priant de désigner le texte le plus transcendant d'entre eux : ce n'est pas nécessairement le meilleur qu'il choisira. Il vous faut être un artiste doublé d'un fou, une créature d'une infinie mélancolie, avec une bulle de poison ardent entre les oreilles et une flamme supra-voluptueuse brûlant en permanence dans votre délicat intellect, pour discerner, aussitôt, à des signes ineffables - la courbe légèrement féline d'un C majuscule, la finesse d'une barre sur un T, et autres indices que le désespoir et les larmes de tendresse m'empêchent d'énumérer -, le petit démon fatal au milieu de ces écrits compliqués : aucun d'entre eux ne le reconnait et il demeure lui-même inconscient du fantastique pouvoir qu'il détient." Humbert Humbert, dans Lolita, est le personnage le plus méprisable que j'ai lu, mais, bon sang, comme Nabokov écrit bien les passions, aussi lugubres soient-elles ! Ci-dessous, la version non modifiée du passage emprunté. « Présentez à un homme normal la photographie d'un groupe d'écolières ou de girl-scouts en le priant de désigner la plus jolie d'entre elles : ce n'est pas nécessairement la nymphette qu'il choisira. Il vous faut être un artiste doublé d'un fou, une créature d'une infinie mélancolie, avec une bulle de poison ardent dans les reins et une flamme supra-voluptueuse brûlant en permanence dans votre délicate épine dorsale (oh, comme il vous faut rentrer sous terre, vous cacher !), pour discerner, aussitôt, à des signes ineffables - la courbe légèrement féline d'une pommette, la finesse d'une jambe duveteuse, et autres indices que le désespoir et la honte et les larmes de tendresse m'interdissent d'énumérer -, le petit démon fatal au milieu de ces enfants en bonne santé : aucune d'entre elles ne la reconnaît et elle demeure elle-même inconsciente du fantastique pouvoir qu'elle détient. » Enfin ! Martin Eden est une belle découverte, inquiétante cependant. Quand la bêtise cessera-t-elle d'être une religion ?
read2travel
• Il y a 2 mois
Martin Eden, publié en 1909 par Jack London (1876-1916) est un roman largement autobiographique, bien que London s’en défende. Comme son héros, London, issu d’un milieu ouvrier, mène une jeunesse rude marquée par des petits métiers et des aventures maritimes. Tous deux partagent une volonté de s’émanciper de leur condition sociale, se battant pour rattraper un retard éducatif et s’imposant une discipline quotidienne d’écriture. Martin Eden, orphelin et matelot âgé de vingt ans, débarque à San Francisco. Un beau jour, c’est par ses poings qu’il est introduit dans la sphère bourgeoise après avoir défendu Arthur Morse, un jeune homme aisé. Gauche et ignorant des codes de cette société, Martin Eden se retrouve fasciné par un monde qui lui est totalement étranger. C’est alors qu’il tombe sous le charme de Ruth, la sœur d’Arthur, une jeune femme cultivée, issue de la bourgeoisie. Elle devient pour lui à la fois un amour idéalisé et le symbole de son ambition. Martin Eden se convainc que seule une ascension sociale pourra lui permettre de mériter l’attention de Ruth. Commence alors un long combat, en quête d’auto-apprentissage. Privé d’accès à une éducation formelle dans sa jeunesse, il dévore les classiques de la littérature, explore la philosophie et les sciences, et s’entraîne à bien se comporter en société. Parallèlement, il se consacre à l’écriture avec une rigueur inébranlable, rédigeant des articles, des poèmes et des nouvelles qu’il envoie inlassablement à des éditeurs malgré les refus répétés. Cette progression peut parfois sembler excessive dans sa minutie : le roman s’attarde sur le détail des écrits de Martin, ce qui alourdit certains passages. Cependant, cette insistance reflète la ténacité héroïque de Martin et souligne le poids des sacrifices nécessaires pour réussir. Le désir d’émancipation sociale, est au cœur du récit. Martin Eden incarne un self-made man, un individu prêt à tout pour s’élever, mais cette réussite n’est pas sans coût. London dépeint avec réalisme les obstacles rencontrés dans une société américaine du début du XXe siècle. Le dur labeur, les privations et l’isolement accompagnent son ascension. Sa réussite littéraire finit par arriver, mais bien trop tard : les souffrances qu’il a endurées et le rejet qu’il a vécu l’ont rendu amer et désabusé. Je n’en dis pas plus à ce sujet pour laisser l’intrigue entière. En parallèle, Jack London offre un portrait sombre du milieu de l’édition. Le roman explore les difficultés pour un écrivain débutant de se distinguer, dans un univers dominé par les considérations économiques et sociales. Dans ce roman, les éditeurs, souvent indifférents, sont des figures emblématiques des inégalités d’un système où le talent seul ne suffit pas. Plus qu’un simple roman d’apprentissage, Martin Eden est une méditation sur le prix de l’ambition. À mesure que le héros progresse, le lecteur est entraîné dans ses luttes et ses réussites, mais aussi dans sa désillusion face à une société qu’il a tant cherché à intégrer. La relation impossible entre Martin et Ruth, emblème de l’écart infranchissable entre deux mondes sociaux, illustre l’incapacité de l’amour à dépasser les barrières de classe. Entre critique sociale, réflexion intime et fresque ambitieuse, Martin Eden reste une œuvre universelle, explorant des thématiques qui résonnent encore aujourd’hui : le poids des inégalités, la quête de reconnaissance, les désillusions du succès et les sacrifices qu’elles exigent. Ce récit puissant interroge également sur le prix à payer lorsque l’on tente de s’adapter à des attentes extérieures au détriment de sa véritable essence. Je ne peux que recommander cette lecture, un véritable classique qui n’a pas pris une ride.
jldg
• Il y a 2 mois
"Martin Eden, un marin de vingt ans issu des quartiers pauvres d’Oakland, décide de se cultiver pour faire la conquête d’une jeune bourgeoise. Il se met à écrire, et devient un auteur à succès. Mais l’embourgeoisement ne lui réussit pas… Désabusé, il part pour les îles du Pacifique. Ce magnifique roman paru en 1909, le plus riche et le plus personnel de l’auteur, raconte la découverte d’une vocation, entre exaltation et mélancolie. Car la réussite de l’œuvre met en péril l’identité de l’écrivain. Comment survivre à la gloire, et l’unir à l’amour, sans se perdre soi-même ? Telle est la quête de Martin Eden, le marin qui désire éperdument la littérature. " juste magnifique. on a du mal à en sortir. amour, pauvreté, misère, succès, lutte des classes, opportunisme, bourgeoisie, il y a tellement de thémes d'abordés sublimement...
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Classiques et Littérature , Littérature Classique
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- EAN
- 9782264024848
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- Collection ou Série
- Littérature étrangère
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- Format
- Poche
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- Nombre de pages
- 448
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- Dimensions
- 179 x 111 mm
Nous sommes ravis de vous accueillir dans notre univers où les mots s'animent et où les histoires prennent vie. Que vous soyez à la recherche d'un roman poignant, d'une intrigue palpitante ou d'un voyage littéraire inoubliable, vous trouverez ici une vaste sélection de livres qui combleront toutes vos envies de lecture.
8,30 € Poche 448 pages