Mon mari : Le livre de Maud Ventura, Jeanne Cherhal

Un traité magistral de cynisme conjugal Terrible. L'amour dans la peur de perdre l'autre. Froid. Calculé. Elle met tout dans des cases. Elle possède mais n'aime pas. Elle pense aimer plus quelle n'est aimée. Elle utilise ses élèves pour analyser son couple. Elle dissimule pour se venger. Mais surtout : Elle attend. Elle ne vit que par lui, par le mouvement de gravitation autour de lui. Et la fin, mon dieu ! Magistrale !

Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas été autant surprise par un roman. J'ai beaucoup aimé le côté psychologique, glauque du roman. On est dans les pensées de la narratrice, ce qui donne l'impression d'être dans un huit clos, un roman noir domestique. On voit à quel point elle est dédiée entièrement à son mari, à quel point sa vie tourne autour de lui, la moindre de ses pensées, de ses actions est liées à lui. On se demande jusqu'où elle va pouvoir aller dans ses actions. Je me demandais pendant ma lecture comment l'autrice allait pouvoir tirer ce même fil durant tout un roman, et elle y parvient parfaitement. J'ai été très surprise par la fin, je ne sais toujours pas si j'aime cette conclusion ou non.

Après Célèbre, j'ai décidé de lire Mon Mari et mon coup de cœur pour cette actrice est confirmé ! Une lecture captivante, drôle et piquante. On se laisse emporter par le récit de cette femme, dévorée par son amour pour son mari et à la fois très lucide. À titre personnel, j'ai eu parfois peur en me reconnaissant dans ce portrait mais ça n'a rendu la lecture que plus savoureuse !

Un premier roman habile et prometteur qui ne m’a néanmoins pas complètement conquis. Au fil de la semaine qui découpe ce roman, la narratrice nous confie à la première personne la moindre de ses pensées. La langue est simple, efficace et drôle. Sans esbroufe, la voix de la narratrice sonne vraie. Certains passages sont aussi drôles que justes. L’obsession amoureuse de la narratrice se révèle à chaque fois un peu plus sévère et maladive que pressentie. Le dernier tiers s’enlise un peu dans la répétition mais repart sur un dernier crescendo asphyxiant. L’épilogue est étrange tant il dénote complètement avec le reste du roman. Le retournement de situation final est aussi astucieux qu’inutile. Pire encore, il porte préjudice au récit tant il désamorce la tension psychologique construite jusque là, en sape sa portée tragique et dénature le commentaire social en rendant le tout improbable. A être trop malin, on en devient inoffensif.