Mon mari : Le livre de Maud Ventura, Jeanne Cherhal

J'ai fermé ce livre en me disant qu'il m'a beaucoup agacé, vraiment, à la limite de la torture littéraire, si un concept pareil est imaginable. Et pourtant, lorsque j'ai eu l'occasion de l'ouvrir lors de mes séances de lecture journalières, je ne suis jamais arrivé à la quitter volontairement. Ce fut toujours une raison externe au contenu de ce livre qui m'a poussé à la refermer. Et c'est bien pour ça que j'attribue cinq étoiles à ce roman. Je n'ai pas souvent ce genre de sensation lors d'une lecture. L'histoire est très voyeuriste, on passe beaucoup de temps dans la tête d'une femme, la quarantaine, professeure et traductrice qui est follement amoureuse de son mari. Et on va la suivre pendant une semaine, elle et ses questions, ses doutes pathologiques, ses remises en question. Et des questions, il y en a beaucoup dans sa tête et c'est bien ce qui m'a le plus irrité: être pris dans ce maelstrom d'émotions parfois contradictoires sans pouvoir parvenir à décrocher. Une lecture improbable, mais qui finalement, ne m'a pas laissé de marbre.

Un livre intriguant, original, à contre-courant : le monologue d'une semaine d'une femme qui aime son mari de façon particulière, pathologique sans doute. Combines, attentes, punitions, trahisons : tout y passe pour mesurer sans cesse la jauge d'amour de son mariage. Si le milieu s'essouffle un peu (on tourne en rond), si la narratrice est agaçante, c'est bien ficelé et on ne veut plus le lâcher. Jusqu'à l'épilogue qui répond aux questions qu'on n'a cessé de se poser.

#10084;#65039;#10084;#65039;#10084;#65039;#10084;#65039;#129293; Réussir à tenir le lecteur en haleine avec le journal de bord d’une femme qui parle de son mari pendant plus de 200 pages, voilà le pari que Maud Ventura parvient à honorer avec brio ! Beaucoup de sentiments m’ont traversée tout au long de ce roman, cette femme m’a stupéfaite, horrifiée, inquiétée, désolée mais aussi attendrie, émue et amusée parfois. L’auteure analyse en profondeur son esprit torturé par sa dépendance affective obsessionnelle, sa volonté maladive de tout contrôler, sa paranoïa et le machiavélisme dans lequel elle s’enfonce ! Et puis il y a cet épilogue jubilatoire et inattendu qui donne une dimension tout autre à l’histoire, c’est très bien écrit, décalé (jusqu’à cette couverture vintage kitsch à souhait), la vie de couple ici ne vous fera pas rêver, loin de là, mais vous fera passer un très bon moment de lecture et découvrir au sens propre ce qu’est l’amour fou…

Nous suivons la semaine d’une femme, mère de deux enfants, professeur d’anglais et traductrice et surtout totalement obsédée par son mari. Quelle bonne surprise ! Je ne savais pas à quoi m’attendre, je dois avouer que j’ai été surprise. Ce livre fait figure d’ovni littéraire, d’abord par sa présentation, le livre se déroule sur une semaine, chaque jour correspondant à un chapitre. Puis, les personnages principaux n’ont pas de nom, c’est un peu perturbant. Enfin, la tension dans la narration sur un sujet aussi banal que le quotidien. On attends le point de bascule, on s’attend à la fois à tout et à rien. J’ai bien aimé la chute, que j’avais soupçonnée. En tout cas, j’ai été vraiment convaincue par cette découverte et je lirai sa nouvelle parution avec plaisir.