On ne badine pas avec l'amour : Le livre de Alfred de Musset

Suivant ma lecture quelque peu ratée des Caprices de Marianne du même auteur, j’ai voulu prolonger l’expérience, essayer d’aimer l’auteur, grande référence du XIXe siècle littéraire. Il y a plusieurs textes qui sont nécessaires à lire, face auxquels je suis souvent confronté lors de mes études, cela est primordial. On ne badine pas avec l’Amour est une référence absolue, le texte le plus connu de l’auteur. Cette pièce appuie le schéma du triangle amoureux déjà dessiné dans les Caprices. On retrouve entre ces deux pièces des composantes scénaristiques absolument similaires, des tropes et idées reprises. Des procédés redondants, aussi. Les deux personnages principaux qui se tournent autour, l’un qui désire l’autre, ce second qui ne veut pas, puis qui finalement veut, des tribulations pour mettre en place des revanches, et puis un troisième personnage qui tombe, grand final dramatique, au lieu des deux mauvais. Alfred de Musset est un expert en personnages aux mœurs légères et autocentrées, dirait-on. L’égoïsme est à son comble, dans cette pièce, où le personnage de Perdican m’est absolument sorti par les yeux tant je pouvais le haïr. Camille est, quant à elle, très bien écrite, savante, et pleine de verve. L’iconique future sainte le fait prendre à son propre piège, apprend la vie en même temps que ses erreurs et prend les bonnes décisions. Enfin, le personnage de Rosette ne sert à rien, est une victime et n’aura su me faire changer d’opinion à son propos ; elle ne m’a pas même fait de peine. Elle était juste là, semblant exister, mais n’étant que peu importante. J’ai eu du mal avoir mal de son sort. Cette pièce est l’exemple absolument typique que l’on pourrait donner au genre du Proverbe, ce sous-genre de théâtre résolument mondain du XIXe siècle, par son titre proverbial à visée moraliste et son intrigue doublée d’une finalité soldée par l’échec du jeu des protagonistes. Je pense avoir préféré cette pièce à la précédente que j’ai pu lire, mais il me reste en tête cette simplicité générale… L’ingéniosité n’est pas poussée bien loin, les caractères se devinent et la finalité reste un archétype du drame romantique de Musset (où le personnage principal ne meurt pas, à priori). La pièce est courte, dirons-nous qu’il s’agit de sa principale qualité. C’est assez bien écrit, mais en réalité grossi. Je ne suis pas un grand fanatique d’Alfred de Musset, c’est désormais avéré, mais on peut dire qu’il sait maîtriser le drame mondain, romantique et comique (le problème est que, justement, ses drames sont plus drôles que dramatique, mais passons). C’est bien mais sans plus. {16}