Propre : Le livre de Alia Trabucco Zerán
" Je m'appelle Estela, vous m'entendez ? Es-te-la Gar-cí-a. "
La fillette meurt. Voici le fait par lequel Estela commence son récit. Estela, qui a quitté sa famille dans le sud du Chili pour la capitale où elle travaille comme employée de maison. Estela, qui s'est occupée pendant sept ans de la jeune victime, l'a bercée, nourrie, rassurée, grondée aussi. Qui connaît chaque étape ayant mené au drame : la chienne, les rats, les aveux, le poison, le pistolet. Chaque étape jusqu'à l'inéluctable.
Un roman psychologique haletant, angoissant et addictif, à travers lequel notre époque se dessine – une société fracturée par les rapports de domination et d'argent, où les uns vivent dans l'ombre des autres.
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" "Propre", un formidable roman [...], âpre et sans concession "
Clémentine Goldszal
" Page après page, un suspens virtuose prend le lecteur. On veut savoir. Extraordinaire. "
Sophie Delaporte, lectrice du grand prix des lectrices de Elle
" L'une des voix les plus puissantes de la littérature chilienne actuelle. Délicieusement angoissant et addictif. "
El País
" Époustouflant, tragique et essentiel. "
El Mundo
" Un roman sans échappatoire. Acide, intelligent, bien construit et authentique. "
El Diario
" Alia Trabucco Zerán a écrit un cauchemar envoûtant. Un portrait mordant et addictif de la pourriture que cachent les "bonnes familles". "
Fernanda Melchor
De (auteur) : Alia Trabucco Zerán
Traduit par : Anne Plantagenet
Expérience de lecture
Avis Babelio
JustAWord
• Il y a 3 mois
Remarquée en 2021 dans l’Hexagone pour son premier roman, La Soustraction, l’écrivaine Chilienne Alia Trabucco Zerán récidive cette année avec Propre, son troisième ouvrage — Las Homicidas restant toujours inédit dans la langue de Molière — , qui a décroché rien de moins que le Prix Femina 2024 du meilleur roman étranger ! Traduit par Anne Plantagenet pour les éditions Robert Laffont, voici un ouvrage qui annonce la couleur dès les premières pages. En effet, à la seconde page, vous pouvez lire : « La fillette meurt ». La révélation finale n’est plus. Ou peut-être prenons-nous le problème par le mauvais bout. Clac Clac Clac. Comme une bombe à retardement. Alia Trabucco Zerán sait très bien ce qu’elle fait. Nous sommes dans une pièce fermée. Une salle d’interrogatoire ? Certainement puisqu’une glace sans tain sert d’interlocutrice à notre narratrice. Cette narratrice, c’est Estela, une femme du Sud du Chili qui a quitté sa mère et son foyer pour aller chercher du travail plus au Nord. Elle reviendra vite, c’est promis. Il s’agit juste d’aller chercher de l’argent. Pour aider. Pour mieux vivre. Tout cela n’est que temporaire. Estela devient alors une domestique, une « bonne » dans une famille (très) riche et (très) bien sous tous rapports. Madame et Monsieur sont des gens bons. Vraiment. Ce qu’ils veulent ? Une personne fiable, une personne de confiance, qui ne vole pas, qui reste discrète, qui sait se tenir. Estela est-elle cette personne ? Difficile à dire puisqu’elle découvre un peu tout sur le tas. Qu’à cela ne tienne, elle peut le faire. Elle doit le faire. Une surprise va bousculer tout cela : Madame est enceinte et la Petite débarque. Estela devient autant nourrice que servante, mais on le sait, le drame arrive. Au gré des pages, la menace grandit, on ne sait pas vraiment d’où elle vient ni comment. On sait simplement qu’elle est là, que la fillette va mourir. C’est d’ailleurs le principal argument de Propre lorsqu’on lit la quatrième de couverture : comprendre le drame, comprendre la mort de cette gamine. Alia Trabucco Zerán le sait et elle en joue, trop. Confondant le témoin (nous) et le geôlier, l’autrice fait en sorte que le lecteur se sente régulièrement interpellé par Estela qui raconte son histoire. Une histoire qui pourrait être simple, mais qui n’en finit pas de détours et circonvolutions. Un procédé agaçant, d’autant plus que la Chilienne en fait des tonnes pour nous garder captif. Agaçant et addictif à la fois. Tous ces artifices narratifs restent très voyants, et le côté ostentatoire de l’ensemble aura de quoi faire souffler (fort) à plusieurs reprises. Mais le résultat est là : on veut savoir. Sauf qu’à la fin, il n’y a pas grand chose de plus qu’au début. Alors, à quoi peuvent bien servir toutes ces pages ? Propre n’est-il pas un roman d’enquête ? Un thriller ? Non, Propre est tout autre chose et c’est ce qui intéresse vraiment Alia Trabucco Zerán. Propre, c’est l’histoire d’un drame. Mais pas celui d’une gamine qui meurt. C’est celle d’Estela, une jeune femme pauvre du Sud qui découvre la fracture sociale, l’humiliation et la condition de ceux qui ne sont rien. Dans cette magnifique maison, Estela encaisse tout, nettoie les vêtements comme on élimine des cadavres encombrants. Elle est le témoin d’une autre société, celle des riches qui écrasent sans même vraiment s’en apercevoir, car cela leur est dû, car c’est « normal ». Les nombreux détours sont là pour dire le vrai, pour dire la tristesse d’Estela et sa vie qui se vide. La tristesse monte, monte et montre encore jusqu’à tout submerger. La bonne n’est qu’une employée qui doit se taire, regarder les autres posséder, festoyer, baiser, aimer. Dans le respect et le silence. Comme un rat un peu dégoûtant mais qu’on tolère car il est utile, besogneux. On trouvera de la mort aux rats plus tard. Propre, s’il met trop d’emphase dans son faux-suspense, est un roman social qui radioscopie un Chili sur le point d’entrer en ébullition. Ce n’est pas un hasard si Estela trouve du travail à Santiago, premier lieu des grandes manifestations de 2019 contre la précarité qui vireront rapidement aux émeutes. Propre reproduit ce schéma sur le mode intime, à l’échelle d’un individu qui craque, petit bout par petit bout. On s’émeut de cette femme qui se réduit au silence, de cette employée-symbole qui doit nettoyer la saleté mais qui voit que celle-ci persiste dans le cœur et entre les mains de ces employeurs. Pourtant, Alia Trabucco Zerán n’est pas assez simpliste pour représenter ce couple de « Madame et Monsieur » comme d’absolus tyrans. C’est au contraire une accumulation d’infimes brimades et de mots, une tenue et une attitude plus qu’une violence brutale. C’est dans les interstices que l’on comprend qu’Estela ne sera jamais à sa place et qu’elle n’arrivera pas à décrocher, justement parce que l’explosion se fait attendre. Reste alors cette fillette. Une enfant qu’elle va aimer, une enfant qui se ronge les ongles et à qui l’on impose une façon d’être, qu’on modèle. Tandis que celle-ci grandit et prend les habitudes de ses parents, Estela voit dans les yeux de l’enfant se reproduire le schéma social dont elle est victime elle-même depuis toujours. Et sa mère avant elle. La mort frappe, frappe et frappe encore. Rappelant que le temps s’écoule et que tout brûle au fond, tout brûle depuis trop longtemps, que les victimes innocentes s’accumulent et qu’il faut partir. Mais peut-on s’échapper de sa propre condition ? Ou reste-t-on enfermée dans une pièce obscure à raconter son histoire encore et encore en espérant qu’on nous comprenne enfin ? Y’a-t-il seulement quelqu’un qui écoute vraiment ? Il y a quelqu’un ? Propre n’est pas la tragédie que vous pensiez, ce n’est pas non plus l’enquête ou le thriller que vous voudriez qu’il soit et qu’il tente pourtant de vous vendre pour vous faire avancer. Propre, c’est le détour vers l’infiniment petit d’une société qui écrase sans le voir, c’est le destin d’une femme à qui tout échappe, et qui n’a plus que les mots pour vous faire comprendre les raisons de son départ et de sa révolte.
Quatre12
• Il y a 3 mois
ALLEZ, ZOU, DU BALAI ! #128077; Mais que c'est un roman que j'ai aimé #128522; Ok, se pose toujours la question, pour la littérature étrangère, et aussi soient qualitatives les traductions, si j'ai lu le texte original, mais mon espagnol était très limité, je n'avais pas le choix que de lire la VF. Bref ! La vie d'une "domestique", ayant quitté sa lande natale pour la capitale dans l'espoir de... La famille est une famille qui peut "s'offrir" les services d'une femme à tout faire à domicile. Une enfant, la fille du couple, vient compléter le tableau. Et un chien également. Malgré l'annonce, dès le début, du drame qui va se produire, je suis resté haletant dans l'attente de la réponse au "MéKesKiCéPacé ?". Le personnage d'Estela est très attachant et extrêmement réaliste, tout autant que les autres protagonistes d'ailleurs. Tous sont alternativement détestables et pardonnables, tellement humains, simplement humains. Les joies et les drames d'une vie presque normale, celle de vos voisins peut-être, ou même la vôtre. Une vie que j'ai partagée avec eux. Sans oublier l'ouverture vers l'imaginaire : mais qui... Chuuuuut !
KarineMLVL
• Il y a 3 mois
Dans ce long monologue au ton direct et incisif laissé à la bonne, l’autrice Alia Trabucco Zerán donne le ton dès l’incipit : « Le dénouement de cette histoire, vous voulez vraiment le connaître ? La fillette meurt. » Dès lors, comme dans une tragédie grecque, le lecteur est suspendu au récit pour savoir le pourquoi du comment, avec un sentiment de malaise d’autant plus grand que l’on ignore à qui Estella, la bonne, s’adresse réellement : enfermée seule dans une pièce vide, s’adresse-t-elle derrière la vitre sans tain à des policiers ? des psychiatres ? Un roman tout à la fois social, politique - la petite histoire rejoignant au fil des pages la grande – et psychologique, qui se lit très facilement.
amaiine
• Il y a 3 mois
J’ai dévoré ce roman en à peine deux jours dans le cadre du nouveau Bookclub de @la_kube x @robert_laffont. #128214; Complètement happée dès les premières pages par le style incisif et direct, presque intime, de l’autrice qui s’adresse directement au lecteur, j’ai beaucoup aimé cette approche. Le récit est angoissant, le suspense constant, et le sentiment d’oppression est parfaitement bien décrit. Tout l’histoire tourne autour de la mort d’une fillette, et dont le dénouement est sans cesse repoussé dans le récit par la narratrice. C’est seulement au trois-quarts du livre que l’on a enfin l’explication, qui est pour le moins.. surprenante ? Un événement qu’on attend donc tout le livre mais qui, une fois révélé, paraît presque anecdotique. On sent que toute la tension du récit mène à ce moment, mais quand il arrive, il est traité d’une manière si rapide et détachée que j’ai eu l’impression d’être passée à côté de quelque chose. Ce qui m’a laissé avec un sentiment d’inachevé. Quant à Estela, le personnage principal, je ne sais pas trop quoi penser d’elle. Elle est complexe, difficile à comprendre et, à vrai dire, je n’ai pas vraiment réussi à m’attacher à elle. Sa relation avec les autres personnages, notamment les parents de la fillette est intrigante mais reste floue. Le point final de son histoire m’a également laissée perplexe. En fin de compte, c’était une lecture captivante, mais j’aurais aimé plus d’approfondissement sur certains points. Le roman laisse beaucoup de questions en suspens, surtout concernant la fillette et les répercussions de sa mort sur les autres personnages. Malgré tout, j’ai apprécié l’écriture de l’autrice, mais je ressors de cette lecture partagée, avec ce sentiment que tout n’a pas été dit, particulièrement tout ce qui touche au sujet de la lutte des classes, qui je trouve n’est pas assez exploitée et approfondie dans le titre.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Romans , Roman Étranger
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- EAN
- 9782221266878
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- Collection ou Série
- Pavillons
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- Format
- Grand format
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- Nombre de pages
- 272
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- Dimensions
- 216 x 137 mm
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20,90 € Grand format 272 pages