Rapatriement : Le livre de Eve Guerra
Annabella Morelli, vingt-trois ans, habite à Lyon, loin du Congo-Brazzaville où elle est née. Elle est étudiante, amoureuse et se rêve poétesse. Ses parents : un ouvrier franco-italien exilé en Afrique ; une villageoise congolaise devenue mère trop jeune. Elle fuit les souvenirs au goût doux-amer de son enfance. Les moments de tendresse partagés avec son père ne suffisent pas à effacer ses excès et sa violence. Elle se réinvente une vie loin de lui, resté en Afrique, et à son entourage raconte qu'il est mort. Mais lorsqu'elle apprend sa mort, véritable cette fois, son monde s'effondre.
Confrontée à la question du rapatriement du corps, Annabella enquête, se perd, fouille et démêle bien plus que ce qu'elle cherchait. Secrets de famille, mensonges, corruption. Jusqu'à la dernière page, nul ne sera épargné, surtout pas elle.
" L'autrice nous mène loin dans la nature humaine. "
Transfuge
" Une fille d'aujourd'hui essaie de se débrouiller avec un passé
encombrant. Un premier roman sensible. "
Les Inrockuptibles
" Ève Guerra vient d'entrer dans la cour des grandes. "
Librairie
La Virevolte (Lyon)
Cet ouvrage a reçu le Prix Goncourt du premier roman et le Prix Transfuge du meilleur premier roman français
De (auteur) : Eve Guerra
Expérience de lecture
Avis des libraires
Avis Babelio
Boooks_and_tea
• Il y a 3 mois
Coup de cœur pour ce roman, sélectionné pour 6 concours et en ayant gagné deux autres. Alors non, on ne juge pas un livre à ses prix mais là...ils sont vraiment mérités ! Lorsqu'on passe son temps à dire que son père est mort depuis 2 ans, on peut avoir la juste impression que c'est un peu de sa faute lorsqu’il vient vraiment à mourir. Mentir est une part de l'héritage reçu par Annabella Morelli, étudiante en littérature à Lyon, de son père, récemment décédé au Cameroun. Alors comment expliquer ensuite au monde que vous êtes (encore) en deuil de votre père et que vous avez envie de tout envoyer balader dans votre vie. Résultat : Anna est pommée. D'autant plus que le rapatriement de son père s'annonce compliqué : circonstances de la mort floues, manque d'argent, pas d’assurances...Rien ne va. Ce roman d'apprentissage touche. On ressent tout l’attachement et l'amour filial d'Anna, un amour compliqué emplie de mensonges et de déceptions pour quelqu’un qui n'est plus là pour se défendre et panser les blessures. C'est à ce moment du deuil que la littérature vient faire son travail ainsi même si la mort est inéluctable "La littérature ne donne les clés du monde que si l'on se rend capable de les interpréter, elle ne sauve que parce qu'elle réintègre l'individu dans le collectif et la transmission, il est de là le salut par la littérature". J'ai été conquise par le style de l'autrice qui mêle avec habilité deuil, littérature, rupture familiale dans un récit morcelé par les afflux de souvenirs entre colère et nostalgie. Romancière à suivre de prêt.
Amiramkh
• Il y a 4 mois
Annabella est une héroïne complexe, profondément attachée à un père dont les excès l'ont à la fois façonnée et brisée. Après avoir grandi sous l'ombre de cet homme possessif, aimant mais destructeur, elle a fini par s'en éloigner, coupant les ponts avec lui. La mort de ce dernier l'oblige à revivre les traumas de son passé, entre l’Afrique, où elle a grandi, et la France, où elle tente de reconstruire une vie adulte. Le roman met également en lumière des thèmes universels comme la difficulté d’accepter le passé, la rupture avec ses racines, et la réconciliation entre les deux facettes de soi. La question du rapatriement du corps devient le symbole d’une quête intérieure : celle d’une jeune femme tiraillée entre deux cultures et en recherche de résilience. Avec Rapatriement, Eva Guerra signe un premier roman puissant et introspectif, où l’émotion brute côtoie la lucidité, et où la quête de vérité devient le chemin vers la rédemption. Un livre fort, qui trouve son équilibre entre l’épreuve du deuil et la reconquête de soi.
Apoapo
• Il y a 5 mois
Chère Ève Guerra, J'enfreins ici les conventions de rédaction des critiques l'ouvrages pour donner la mesure du bouleversement que votre texte vient de me provoquer. Habituellement, dans une telle situation, j'attendrais avant d'écrire que mes émotions se calment, que mes idées se rangent de manière ordonnée et construite, puis je les exposerais en essayant de rendre justice à votre premier roman dans la mesure de mes capacités, en construisant mes arguments, en travaillant mes phrases ; au lieu de cela, je m'adresse à vous – qui me lirez, je pense, sans concession et peut-être avec méfiance – mû par une urgence que vous comprenez pour l'avoir sans doute vécue dans l'acte d'écrire, et dont le mérite unique revient à votre création. Ce que je retiendrai de _Rapatriement_, c'est d'abord que la violence, telle l'énergie, ne se crée ni se détruit, elle se transmet et s'accumule à travers les générations, en façonnant les personnes atteintes jusqu'à les entraver dans leurs expériences humaines les plus fondamentales : les relations familiales, les relations amoureuses, le deuil même. Annabella hérite de la violence de son père, qui l'a héritée à son tour de son propre père. Incapables d'exprimer leur amour autrement que par la perpétuation de cette violence, par des comportements possessifs envers autrui et autodestructeurs envers soi, Giovanni et elle-même ressemblent à des condamnés, tels les Labdacides, à moins qu'elle ne trouve enfin dans la littérature et dans la transmission du savoir une catharsis : le roman ne le révélera pas. La deuxième leçon de _Rapatriement_, c'est que la migration, de par la mise en acte de relations profondément inégalitaires et de domination exacerbées, se constitue elle aussi en un puissant catalyseur de la violence. Les relations entre les parents d'Annabella sont particulièrement dissymétriques, absolument coloniaux, mais il en est de même dans la sphère professionnelle, entre l'employé expat et la société SISCO BOIS, exploitant les ressources naturelles africaines de façon prédatrice, son employeur ; et Annabella de grandir dans un univers où les relations entre camarades du même âge, autochtones et migrants, à l'école ou avec les enfants des amis adultes, sont également parasitées par d'infranchissables frontières de classe et de race. Tenaillée entre alexithymie et sentiments de culpabilité, Annabella s'isole, elle se renferme à la communication et se montre presque incapable de recevoir l'aide de ses proches, membres de sa famille et amoureux ; elle a cru à la déclaration mensongère de la disparition de sa mère sans la questionner, entretient des rapports de non-dits plutôt conflictuels avec sa famille paternelle. Dans ces conditions, il n'est pas sûr que même la circonstance d'avoir eu gain de cause concernant le rapatriement de la dépouille paternelle suffira à lui permettre de faire son deuil : elle ne pourra pas ouvrir le cercueil, elle ne va pas « revoir » le père... Serai-je maintenant capable de dire deux mots sur le style du roman ? Vous tenez là « un » style : la seule chose qui mérite d'être retenue à l'encontre d'une quelconque histoire, selon L-F. Céline. J'ai été dérouté, naturellement, par ces insertions textuelles entre deux discours, que vous utilisez dans les moments de plus grande tension émotionnelle : notamment dans le chap. 1er, où le décès du père est appris, et dans le chap. 6, lors de la scène fatale entre les parents (et aussi passim, dans des descriptions) ; j'ai compris ce procédé comme une polyphonie entre voix indépendantes et portant consonantes qui liraient leurs tirades respectives à voix haute sur les planches d'un théâtre. Si ce n'est pas ainsi que vous l'avez conçu, sachez cependant que le travail d'orfèvre pour atteindre cet effet est perceptible même aux yeux du profane, qui s'aperçoit que la qualité poétique de ces fragments se rapporte en finesse à de la marqueterie. L'effet de l'ensemble, néanmoins, est celui d'une claque robuste, dont la marque douloureuse n'est guère amoindrie par le surgissement en excipit de la considération intellectuelle sur la possible fonction de la littérature (cf. cit. 6). de cette marque, paradoxalement, je vous remercie.
Zephirine
• Il y a 6 mois
L’héroïne, Annabella Morelli, étudiante à Lyon, apprend la mort de son père dans un accident sur un chantier au Cameroun. Les conditions de sa mort ne sont pas très claires, et la société qui l’employait ne veut pas payer pour le rapatriement du corps en Charente-Maritime d’où la famille est originaire. Dès les premières pages, on découvre une jeune fille déboussolée, qui ne sait comment récupérer le corps de son père, ce père avec lequel elle avait coupé les ponts, fuyant ses mensonges, sa folie alcoolique et sa jalousie. « et l’herbe a déchiré l’asphalte Rendant mon père fou d’alcool, de solitude Ou bien c’était que le vin de palme Plus fort lorsqu’il est laissé au soleil Attaquait ses nerfs Mon père les yeux rouges maintenant. » Annabella se débat, elle est assaillie par ses souvenirs d’enfance au Congo-Brazzaville puis au Gabon lorsque la guerre civile a éclaté en 1998. Elle se souvient de cette vie libre et insouciante, de l’amour de son père et de ses excès, ses colères qui ont poussé sa jeune épouse africaine à le quitter. Annabella a perdu cette mère congolaise, une mère enfant et elle a choisi l’amour exclusif du père « - Annabella ma fille, tu dois comprendre, dès aujourd’hui, que personne ne t’aimera jamais comme moi je t’aime. » La dépression a suivi le départ de la mère. Beaucoup plus tard, elle finit par s’éloigner de ce père exclusif. Que reste-t-il de tout cela ? Et que représente cette famille de France, la tante et l’oncle Morelli, qui n’ont pas l’argent pour faire rapatrier le corps. Ils sont confrontés aux complexités juridiques et à la corruption qui règne en Afrique. L’histoire de la mort accidentelle varie et la dernière compagne du père a disparu dans la nature. A qui peuvent-ils faire confiance pour connaitre la vérité ? Le texte est très morcelé, tout comme l’est Annabella, tiraillée entre ses souvenirs d’Afrique, sa vie étudiante sans le sou et son avenir d’enseignante. Tout comme son père, elle s’arrange avec la vérité, fuit les responsabilités. L’histoire est celle d’un drame, celui d’un deuil, celui d’une liberté et de l’innocence perdues. Cette quête va forcer Annabella à regarder la vérité en face et se décider enfin à vivre sa propre vie. Dans ce premier roman aux accents autobiographiques, l’auteure a su raconter avec une plume sensible et rude cette dualité entre deux cultures, entre le père et la mère, entre une vie libre et bohème et l’avenir professionnel. On suit les renoncements et les révoltes d’Annabella et on ressent de l’empathie pour cette jeune femme disloquée. « Rapatriement » et un roman d’apprentissage émouvant.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Romans , Roman Français
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- EAN
- 9782266346740
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- Collection ou Série
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- Format
- Poche
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- Nombre de pages
- 208
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- Dimensions
- 179 x 109 mm
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8,40 € Poche 208 pages