Roches de sang : Le livre de Olivier Bal

Une impression un peu mitigée sur ce polar à double intrigue qui se rejoignent à la fin, si celle des bandits corses m'a emballé, l'autre m'a laissé sur ma faim, cette flic d'Europol et son histoire familiale ne m'ont pas convaincu du tout, je me même surpris à accélérer la lecture des chapitres 2019 pour retourner plus vite auprès des bandits d'honneur.

Roches de sang m'a tenue en haleine jusqu'à la fin. C'est un des meilleurs policiers que j'ai lus C'est un hymne à la Corse malgré toutes les horreurs commises. L'alternance entre deux récits, l'un en 1993 et l'autre en 2019 fonctionne très bien. La psychologie des différents protagonistes est parfaitement étudiée. Olivier Bal sait créer une ambiance, donner de l'épaisseur aux personnages, décrire un paysage sans ralentir l'action. Il ne faut pas passer à côté de ce roman.

Il est difficile de juger ce genre de thriller. Et j’ajouterais que c’est la même difficulté pour tous les thrillers qui inondent les librairies. Ils ont tous peu ou prou le même défaut sur lequel je terminerai. Commençons par le positif. L’histoire est très bien construite, avec des allers et retours entre 1993, moment d’un drame initial, et l’actuel. L’enquête actuelle converge peu à peu (mais surement) vers cette période clé de 1993 et révèle le secret qu’on nous a caché depuis la première page. Donc, une construction solide, bien charpentée, d’un auteur qui connaît et maîtrise cette technique. C’est indiscutablement le point fort du livre. Du côté de l’écriture, c’est très inégal. Certains passages sont fort bien écrits (l’auteur sait faire quand il prend son temps et s’applique), d’autres font un peu « torchés à la va-vite » (pressé d’en finir ou de faire de la page ?). Bref, l’ensemble est hétérogène avec des hauts et des bas. Il en va de même d’ailleurs de la psychologie des personnages. Parfois, c’est très sensible, très réussi, parfois un peu lourd ou enfantin. Le défaut qui n’est pas propre à ce thriller est la vraisemblance. C’est presque un contrat dans ce type de roman de les accepter, sinon on n’en lirait jamais. On demande seulement (est-ce trop demander ?) que ces invraisemblances ne soient pas trop énormes, qu’on ne s’y arrête pas en s’exclamant : « Comment une chose pareille est-elle possible ? ». Ici, je n’en citerai qu’un seul exemple. C’est la manière dont quatre hommes (en fait deux car deux sont occupés à autre chose) peuvent maîtriser tous les passagers et les gardiens d’un yacht de plus de 100 m de long. En une phrase, il est écrit à peu près ceci : pendant ce temps-là, machin et machin rassemblèrent tous les passagers sur le pont. Bel exploit, totalement irréalisable. Sans compter qu’ils sont montés à bord passant sans coup férir (mais sans qu’on nous explique la manière) de leur frêle esquif à ce gigantesque yacht (en volant ?). Deux abordages de ce type paraissent si irréalistes qu’on s’agace. J’aurais ainsi une petite liste de « récriminations », comme à chaque fois que je lis un thriller. Heureusement qu’il y a le suspense, le désir de découvrir la vérité, car ce défaut du genre lasse un peu. N’y a-t-il donc pas d’excellents thrillers sans invraisemblances ? Je me le demande.