Si c'est un homme - Nouvelle édition 2017 : Le livre de Primo Levi

Honnêtement, j'ai longtemps réfléchi à ce que je pourrai dire de ce livre, mais en fait, il n'y a rien à dire. Sa réputation parle largement pour lui, et qui suis-je pour pouvoir établir une critique quelconque des mémoires et de la situation atroce de la vie dans un Camp de Concentration ? La seule chose que je veux souligner, c'est que le récit est justement décris et centré autour de la condition humaine. On sent largement l'horreur mais sans la voir se dérouler sous nos yeux. C'est un vrai roman de mémoire, plus qu'un jugement. Il est dénué de haine et quelque part, on sent de l'espoir.

Ce livre est d'un étonnement considérable, il nous montre une réalité de la Shoah qu'on ne voit nulle part ailleurs. Les représentations cinématographiques nous montrent toujours des déportés soudés dans l'épreuve, faisant face à des SS omniprésents, purement méchants, sadiques, comme une peinture pieuse de martyre. Avec les constats cliniques et froids de Primo Levi, on comprend que la réalité est plus complexe, bien plus cruelle, d'une atrocité considérable. C'est un livre sur l'assassinat organisé de morts-vivants, de gens avilis, immoraux, rendus laids, sales, méchants entre eux par le conditionnement d'un système monstrueux. Pour survivre, les déportés doivent devenir cyniques, voler, arnaquer, corrompre, écraser les autres. Primo Levi décrit des SS qui surveillent de loin, en intervenant peu, laissant certains déportés se charger eux-mêmes de la répression et du maintien de cet ordre avilissant. Les quelques nazis décrits n'ont pas la rage et de l'écume aux lèvres. Leur regard transperce les juifs comme si ces derniers étaient de vulgaires objets. C'est bien la principale nature de ce génocide. C'est la caractéristique, trop souvent oubliée, qui en fait pourtant le pire crime de tous les temps. Les nazis ne se contentaient pas de tuer les juifs industriellement. Ils prenaient d'abord le temps de leur retirer toute humanité. Un système sadique dont l'efficacité diabolique se basait justement sur la mise à distance au maximum des bourreaux qui, tout nazis qu'ils étaient, auraient eu bien du mal à imposer eux-même cette cruauté à ces centaines de milliers de damnés, en les regardant bien en face pendant qu'ils perdaient la vie. Un livre traumatisant, désespérant, et de très loin le meilleur témoignage sur la Shoah que j'ai pu voir ou lire.

Un récit personnel de la vie de Primo dans les camps de concentration. Bien évidemment ce témoignage est complémentaire à ce que nous avons tous lu sur l’inhumanité de cette vie dans les camps. Il a l avantage de comprendre le fonctionnement et les relations entre les populations captives, comment l’animal qui est en nous peut prendre la place de l homme. Peut être trop lu sur le sujet si bien que le livre ne m a pas marqué même cet avis ne remet pas en cause le contenu qui reste un récit d une période de vie particulièrement difficile