Une histoire populaire du football : Le livre de Mickaël Correia

Ce n'est pas vraiment une bande dessinée (au sens d'« art séquentiel »), mais une collection de multiples histoires illustrées et ô combien littéraires du football (foot médiéval, naissance du foot moderne durant l’epoque victorienne, le foot bresilien, le foot argentin, le foot africain, le foot feminin etc.), truffées de commentaires politiques et philosophiques. Car le focus n’est pas d’amuser, mais de révéler la côte révolutionnaire et sociale du foot. Voici quelques citations tirées du début, où quelques amis philosophent et déplorent l'état actuel du football : “Le football, c’est l'émotion de l’incertitude et la possibilité de jouissance” (Valdano), “Violations des droits humains, travailleurs migrants morts sur les chantiers, absurdité climatique… elle cumulait sévère, cette Coupe du Monde au Qatar.” “Faut pas compter sur la FIFA pour faire de l’humanitaire. En 1978, elle a confié le mondial à la dictature argentine. Et à Poutine en 2018.“ “Le football est autant un moyen de contrôle que de libération. Des corps comme des esprits. Les ouvriers anglais qui s’approprient le football inventé par la bourgeoisie… les multinationales qui exploitent les codes du foot de rue pour vendre leurs chaussures… ou les footballeuses qui mettent peu à peu le patriarcat hors jeu. Le football est une histoire de récupérations et de réinventions permanentes.” Ouaip, on tombe dans la déprime rapidement, mais si on saute élégamment outre ces séquences, on trouve des infos sympas, parfois drôles, mais aussi trop souvent tragiques. Les auteurs parcourent toute l’histoire du football, le poursuivant à travers les siècles dans une perspective sociale, et c’est cette perspective qui explique les changements de règles et d’institutions. C’est vraiment intéressant, mais aussi un peu disjoint, car on saute de l’Angleterre victorienne à l'Allemagne nazie, à l'Union Sovietique de Staline, au Brésil des favelas, à l'Argentine de Maradona, au rôle joué par les ultras durant le printemps arabe etc. mais il n’y a pas grand chose ici pour les férus de football, car ils devraient déjà connaître la plupart de ces épisodes. Ce qui me fait penser - quel est le public de ce livre? Pas les enfants, clairement, mais pas les supporters ordinaires non plus, vu l’effort nécessaire à la lecture - le vocabulaire n’est pas grand public, la propagande peut ennuyer, et il y a des moments ou ça ressemble à un papier scientifique. Heureusement, il y a de l’humour, autant dans les dessins sympas et très expressifs que dans les textes. Recommandé pour les fans de foot qui veulent en apprendre plus sur leur sport favori. Avertissement : j'ai reçu ce livre de NetGalley pour en faire un compte-rendu équitable. Ce qui n'a pas influencé mon opinion de quelque manière que ce soit.

Mickaël Correia avait écrit Une histoire populaire du football, il a participé à la mise en images de cette histoire, étant associé au scénario de cette bande dessinée. Les auteurs nous replongent dans les racines du football et explorent la pratique de la balle ronde depuis la nuit des temps. C'est une approche historique mais aussi sociologique. À la lecture de ce récit, on découvre la création des premières équipes de football et surtout l'implication de la bourgeoisie anglaise. Au départ, le jeu est l'apanage d'une bourgeoisie bienpensante, il deviendra peu à peu un moyen de fidéliser et de canaliser les ouvriers des entreprises. À la lecture de cette BD, on apprend l'origine de nombreux clubs de football dans différents pays et leur lien avec l'industrie ou le commerce. L'hégémonie de l'Angleterre est indéniable et s'étend au delà du continent européen. Petite anecdote qui a son importance : dans les années 20, le football féminin existait et avait des épreuves avant de disparaitre des radars du fait du machisme de la fédération internationale de football et renaitre plus tard. Vous découvrirez l'évolution de ce sport avec l'apparition du dribble et d'une nouvelle maitrise de la balle. Vous ferez une incursion en Amérique du Sud sur les traces des génies, Garrincha, Pelé et Maradona. Je pensais connaitre l'histoire du football et bien, cette BD m'a permis de retrouver un peu d'humilité et de combler de nombreuses lacunes. Surtout, elle permet de porter un autre regard sur ce sport, de revenir aux racines que le football actuel semble avoir oublié. Merci à Delcourt et à NetGalleyFrance pour la très belle découverte de #UneHistoirepopulairedufootball #NetGalleyFrance.

J’ai toujours aimé le football. Car c’était un des seuls vrais moments de partage avec mon père lorsqu’on s’affalait dans le canapé et qu’on regardait ensemble les matchs de nos Diables Rouges. J’y jouais aussi mais au vu de la carcasse assez potelée de mon corps, je n’étais pas fort à ce sport (ni à d’autres d’ailleurs) mais j’adorais observer mes copains manier le ballon avec aisance et technique. Je ne m’étais donc pas fixé comme but de carrière le haut niveau footballistique. Et pourtant déjà dans les années 80, les salaires de certaines stars du ballon de cuir frôlait l’indécence. Maintenant il en devient absurde car est-il vraiment logique de payer autant pour un simple joueur? Enfin, là n’est pas la polémique. Au contraire, les auteurs de cette B ont pris le pied à ce foot-business pour mettre en lumière le côté populaire et révolutionnaire de ce sport d’équipe. Car le foot a changé aussi à sa façon le monde. Hormis le côté sportif et ludique de cette pratique, le foot a créé des liens, des groupes et de là sont des idées, des convictions qui ont modifié le destin de milliers de personnes. C’est cette phase cachée et sociale qui est exprimée dans cette intéressante BD. Des anecdotes incroyables sur ce que le ballon a apporté aux peuples comme cette possibilité de changer le destin d’enfants nés dans la pauvreté. On y parle par exemple des cas de Pelé et de Maradona. Le foot a été leur porte de sortie de la pauvreté. L’un s’en est mieux sorti d’ailleurs, l’autre a brûlé ses ailes. J’ai beaucoup aimé ces histoires méconnues et très bien adaptées pour la BD. Les graphismes sont dynamiques et assez amusants parfois. La postface est également très intéressante car complémentaires aux planches. UNE HISTOIRE POPULAIRE DU FOOTBALL peut surprendre par son aspect original et ses recherches incroyables sur l’impact social et culturel aussi de ce sport devenu malgré tout un ogre financier universel.

Passionnant ! Cette Histoire populaire du football offre un voyage dans le temps et à travers le monde par le prisme du football ! Cet album n'est pas réservé aux amateurs du sport, loin de là. C'est une immersion passionnante dans les racines sociales, culturelles et politiques de ce sport. Ca parle avant tout des hommes, de leurs luttes et de leurs rêves .Chaque anecdote et chaque personnage illustrent les liens entre football, histoire et société. La première partie, celle que j'ai préférée, est consacrée à la naissance du football en Angleterre. On plonge dans l'époque industrielle où les ouvriers, après de longues journées de travail, se regroupaient pour jouer. La création des premiers clubs, souvent issus de quartiers populaires, montre à quel point football et société sont liés. Les anecdotes sont nombreuses, surtout concernant l'origine et le nom des clubs anglais. Pourquoi West Ham ou Arsenal ? L'album raconte ensuite comment le football s'est diffusé dans le monde entier, à l'exception notable des États-Unis. Chaque pays s'approprie le sport, l'intégrant à son identité en fonction de ses enjeux politiques et sociaux. On y découvre pourquoi les Brésiliens jouent avec une telle joie et créativité, reflet de leur histoire et de leur culture. Enfin, à travers quelques portraits et des épisodes marquants, les auteurs montrent que le football est un outil d'émancipation, de résistance à travers le monde, pour revendiquer des droits, pour résister ou contester ou pour s'émanciper des pouvoirs en place. Au delà des histoires individuelles ou collectives, cette bande dessinée est magnifique. Gros coups de coeur pour les dessins et la colorisation de l'album. Bravo à Lelio Bonaccorso ! Un seul regret, j'aurais voulu en apprendre encore plus sur l'histoire des clubs et de leur origine. Heureusement, une belle bibliographie en fin d'ouvrage, invite à approfondir les thématiques abordées. À mettre entre toutes les mains, qu'on soit fan de ballon rond ou simplement curieux du monde, même si l'organisation des chapitres m'a un peu déroutée au départ.