Une saison pour les ombres : Le livre de R.J. Ellory

En bref, un roman noir au cœur des forêts du Canada. Une ambiance en huis clos, une double temporalité, des secrets, mêlés au talent de conteur de R. J. Ellory : c'est une réussite ! Il y a des auteurs avec lesquels on sait pertinemment que l'on va passer un bon moment de lecture. R. J. Ellory est dans cette liste pour moi. J'aime sa façon de poser ses histoires, de développer ses personnages et d'installer son atmosphère toujours noire, mais sans tomber dans le glauque. J'ai adoré l'ambiance de Jasperville, avec ses secrets, ses habitants qui se connaissent de génération en génération, cette après-industrialisation qui laisse mourir à petit feu des familles entières : c'est vraiment un contexte social que j'aime beaucoup retrouver dans mes lectures, car il entraîne toujours beaucoup de réflexions. Comme d'habitude, Ellory se concentre sur ses personnages plus que sur l'intrigue et ça me plaît énormément. La culpabilité de Jack, le personnage principal, est vraiment palpable du début à la fin, et même s'il semble lâche d'avoir tout abandonner quand il en a eu la chance, c'est aussi assez compréhensible de ne pas vouloir retourner dans cette ville qui l'a tant perturbé dans son enfance... Ça ne m'aurait même pas dérangé de ne pas avoir d'explications sur qui était le meurtrier finalement, tant le reste est bien maîtrisé.

Quelle claque que cette lecture. RJ Ellory nous entraîne dans le grand nord canadien avec un polar qui commence par une alternance des époques. Cette construction nous attache aux personnages, on les voit grandir et le retour au présent en est facilité. L’intrigue est bien construite, le roman est rythmé et la fin étonnante. Que demander de plus ?

Ce que j'apprécie chez R.J Ellory c'est qu'il mélange roman noir et saga familiale L'histoire commence par un appel téléphonique que reçoit Jack le personnage principal, d'un policier car son frère est en prison pour tentative de meurtre. Il n'a pas vu son frère depuis 26 ans On revient en arrière sur l'arrivée de Jack enfant dans une ville du Nord du Canada avec ses parents sa sœur et son grand-père Le climat y est rude et glaçant mais une fonderie y fait vivre toutes les familles De plus des jeunes filles meurent de façon inexplicable, est ce un animal ou un être humain? Bonne lecture Bon suspens et bon dénouement

Le sujet et la localisation de l’intrigue m’a fait penser à “Le dernier festin des vaincus”, à la différence que ce dernier parle des disparitions de jeunes filles autochtones. Jasperville, coin perdu du Canada n’est pas un lieu où l’on s’installe par plaisir mais pour le travail fourni par les mines de fer car 8 mois d’hiver, une nature hostile et un isolement forcé n’ont rien d’attirant ! En 1972 plusieurs jeunes filles ont péri, à priori victimes de bêtes sauvages. 26 ans après son départ du village, Jacques Devereaux est de retour car son jeune frère, qu’il n’a pas revu depuis son départ, a été arrêté pour tentative de meurtre. L’intrigue est beaucoup moins simpliste que ce que j’en dis, elle est même multiple car chaque personnage décrit est une énigme avec ses fantômes, ses silences et ses aveuglements. L’ambiance est lourde et glaciale, pleine de silence hurlant, me donnant envie de secouer le livre pour qu’ils parlent, tous, de ce qui s’est passé et se passe encore. Malaisant souvent, Ellory mêle, légendes, nature hostile, traumatisme et psychologie. Ambiance à sa sauce garantie ! Pioche Polar juin 2024 : Celise Lecture Thématique Polar décembre 2024 : Neige ou glace