Portrait

Portrait d'éditrice : Héloïse d'Ormesson

Publié le 23/08/2023 , par Lisez

C’est en 2004 qu’Héloïse d’Ormesson fonde, avec Gilles Cohen-Solal, les éditions qui portent son nom. Elle publie des textes exigeants ou grand public, des romans historiques ou des comédies romantiques, des textes français ou étrangers… avec toujours une passion intacte pour son métier et un attachement inaltérable à ses auteurs.

 

Après avoir travaillé dans l’édition aux États-Unis, Héloïse d’Ormesson entre en 1989 chez Flammarion puis est engagée chez Denoël. Mais elle se sent un peu à l’étroit dans le métier d’éditrice au sein d’une grande maison : « Je voulais aller au bout de mes engagements, au bout de mes convictions, de mes choix. D’où cette idée un peu folle de créer ma propre entreprise. » Il faut maintenant trouver un nom au projet, Héloïse et son associé y réfléchissent longuement puis, soudain, c’est une évidence : « J’ai coutume de dire que je suis davantage une femme d’influence qu’une femme de pouvoir. Me mettre en avant n’est pas mon inclinaison naturelle ! J’ai compris qu’appeler Héloïse d’Ormesson ma propre maison d’édition me pousserait à m’exposer davantage, à incarner le nom. »

Plus de 3000 manuscrits s’accumulent chaque année dans ses bureaux : « Nous sommes quatre au comité de lecture pour les sélectionner. Tous, sans aucune exception, sont pris en compte. »  Quand l’un des membres du comité repère un texte, les trois autres le lisent à leur tour et c’est ensemble qu’ils prennent la décision finale. « Il peut m’arriver d’être la première à ouvrir un manuscrit. J’aime l’idée de ne pas savoir de quoi il parle, me demander si je vais être charmée, accrochée ou… insensible ! Le jeu c’est de me replier dans mon identité de lectrice et non plus d’éditrice, vierge de tout préjugé. » Chaque année, Héloïse publie 22 titres dont au moins deux premiers romans, « dont certains sont arrivés par la Poste », précise-t-elle.

Quand le livre est accepté, le travail sur le texte peut commencer. « Parfois il est très abouti, la reprise est « cosmétique », des répétitions, des maladresses, à corriger, mais parfois, il faut reprendre en profondeur : bouleverser la structure ou revoir toute la fin s’il elle n’est pas efficace. Un éditeur met souvent le doigt sur un problème que l’auteur pressentait mais n’arrivait pas à résoudre. »

Héloïse ne l’oublie jamais, quand un auteur lui apporte son manuscrit, ce sont ses tripes qu’il met entre ses mains : « Des mois, des années de travail. Pour certains auteurs, faire une remarque sur leurs écrits peut être ressentie comme une agression, une douleur. Notre travail consiste à suggérer des corrections sans qu’il ne se braque mais qu’il comprenne que nous sommes là pour l’aider, que nous n’avons en tête que le bien du texte. La psychologie joue alors beaucoup, il faut avancer en douceur. Je vois la relation auteur et éditeur comme une sorte de tissage, un mouvement patient de va-et-vient qui peut durer des semaines, voire des mois. »

Le livre fini, Héloïse réfléchit à sa date de publication. Certains titres peuvent être publiés à n’importe quel moment de l’année, d’autres correspondent mieux à la rentrée littéraire ou aux parutions du printemps. Il faut alors songer à une stratégie de communication : doit-on soutenir le livre avec des PLV, de la publicité ? Plutôt miser sur les libraires et sur la presse ?

Un éditeur ne s’arrête pas au simple travail du texte. Fini le temps où il restait enfermé dans son bureau. Il faut accompagner le livre, le soutenir de bout en bout. Le défendre bien sûr auprès des journalistes, des libraires, mais aussi lors des salons : « Je les y accompagne très souvent : si l’auteur signe beaucoup, il est ravi que son éditrice soit là pour l’emmener dîner tranquillement. Si au contraire, il a peu signé, je suis là pour lui remonter le moral ! C’est aussi l’occasion de rencontrer des libraires, d’établir entre eux et nous une relation pérenne et de les rapprocher de l’auteur présent sur leur stand. Et puis, c’est pour moi un moyen de sonder le goût du public, de voir leur réaction devant tel ou tel ouvrage, telle couverture. »

La rentrée littéraire est là. Les éditions Héloïse d’Ormesson proposent cette année une primo-romancière, Alice Renard avec La Colère et l’Envie, un écrivain déjà publié, Frédéric Ploussard avec Tout blanc et un étranger, le Néerlandais, Sander Kollaard avec Une journée de chien. « Je fais en sorte que nos auteurs ne se fassent pas concurrence, qu’ils ne se phagocytent pas. » Il faut être sur les strarting-blocks pour être prêt avant l’été. L’offre est immense et journalistes et libraires vont commencer à croiser leurs opinions, les rumeurs sur la qualité de tel ou tel ouvrage vont commencer à bruisser. Il faut sortir du lot. Comme à son habitude, Héloïse défendra bec et ongle ses trois poulains puisque, on l’aura compris, elle ne sait pas faire autrement…

 

La Colère et l'Envie

Isor n'est pas comme les autres. Une existence en huis clos s'est construite autour de cette petite fille mutique rejetant les normes. Puis un jour, elle rencontre Lucien, un voisin septuagénaire. Entre ces âmes farouches, l'alchimie opère immédiatement. Quelques années plus tard, lorsqu'un accident vient bouleverser la vie qu'ils s'étaient inventée, Isor s'enfuit. En chemin, elle va enfin rencontrer un monde assez vaste pour elle.

La Colère et l'Envie est le portrait d'une enfant qui n'entre pas dans
les cases. C'est une histoire d'amour éruptive, d'émancipation et de réconciliation. Alice Renard impose une voix d'une incroyable maturité ; sa plume maîtrisée sculpte le silence et nous éblouit.

Une journee de chien

En ce samedi matin d'été, à peine éveillé, Henk rassemble les pièces du puzzle de son existence bien ordinaire. À cinquante-six ans, encombré d'un embonpoint qu'aucun footing ne parvient à éliminer, il aime à se définir comme un homme réfléchi. Infirmier dans un service de soins intensifs, ce divorcé sans histoire est désormais en ménage avec Canaille, son vieux chien. Mais aujourd'hui, des événements, à première vue anodins, viennent raviver ce qu'il croyait éteint : le désir de s'émerveiller, de se lier et d'aimer.

Avec une simplicité émouvante, un charme discret et un humour pince-sans-rire, Une journée de chien fait scintiller la beauté du quotidien et apprécier les petits riens de la vie, même si elle se révèle parfois chienne.

Tout blanc

C'est décidé, elle part. Blanche refuse d'être l'énième victime d'un féminicide. Tant pis si ce départ lui fait mal, ce ne sera pas pire que les coups qu'elle encaisse. Elle va retrouver son frère à Bourgevel. C'est là, dans la station huppée, qu'un chercheur a inventé un tissu thermorégulé à dix-neuf degrés, décliné en une ligne de vêtements idéaux par tous les temps. Utilisant le même principe actif, il crée de la neige sur commande. Sauf qu'un essai en plein air transforme l'incroyable découverte en cauchemar blanc...

Avec son humour corrosif et son imagination débridée, Frédéric Ploussard s'amuse des excès de la science et livre une satire sociale décomplexée. Anticipation extravagante ? Rien n'est moins sûr. Comédie givrée ? Sans aucun doute.

À PROPOS DE MOBYLETTE
Une joyeuse pétarade. – Marianne Payot, L'Express
Dangereux parfois, hilarant souvent, zinzin en permanence. – Gérard Lefort, Les Inrocks
Mobylette colle à la peau et à l'esprit. – Clara Georges, Le Monde des livres
Un roman féroce et humaniste, drolatique et poignant. – Sophie Pujas, Le Point
Un esprit de dérision hors du commun. – Stéphane Jarno, Télérama