1915 - L'enlisement : Le livre de Jean-Yves Le Naour
1915. Pour les Français pris dans la Grande Guerre, c'est l'enlisement. Le conflit entre dans une phase meurtrière marquée par des offensives aussi terribles qu'inutiles, auxquelles s'ajoute le cruel recours aux gaz asphyxiants. Sur terre comme sur mer, impossible d'échapper aux bombardements. Les zeppelins tombent sur Londres et Paris, les Turcs lancent un djihad en Afrique et au Moyen-Orient, les Allemands étrillent la Russie et écrasent la Serbie. Les Alliés, eux, enchaînent les échecs.
Sourd aux critiques, le général Joffre conduit la guerre comme il l'entend et sacrifie, purement et simplement, 320 000 hommes. Pour les Français, 1915 est une année sans horizon. La crise politique et la lassitude grandissent sur les décombres d'une Union sacrée qui a vécu.
Avec son talent habituel, Jean-Yves Le Naour s'immerge dans le quotidien des Français ; un récit haletant.
De (auteur) : Jean-Yves Le Naour
Expérience de lecture
Avis Babelio
RChris
• Il y a 3 mois
Help ! Je n'ai pas demandé à Jean-Yves Le Naour le sens de sa dédicace : “L’année 1915, celle des grands cimetières sous la lune”... merci de vos interprétations mes Babelamis ! Bon j’ai bien ma p’tite idée ! 1915, une année pour rien, pour les buttes de Lorette, des Eparges ou de Vauquois, si peu ... Au final, d'échec en échec, il ne se passe pas grand’chose, à part des morts. Personne n’était préparé à cette guerre qui s'installe en 1915 dans les tranchées, une guerre d’usure qui devait être rapide : “Cinq mois de guerre pour des braves gens qui ne sont pas des guerriers dans l’âme, c’est déjà beaucoup.” Qu’aurait dit alors à sa femme cet historien combattant, Jules Isaac, s’il avait su que cela durerait 52 mois ! Que c’est passionnant l’Histoire racontée par ce docteur en histoire, spécialiste de la Première Guerre mondiale et auteur du documentaire récemment diffusé sur France 2 : “Quand la grande guerre rend fou”. Il sait mêler plusieurs regards sur la guerre et l’illustrer. Il sait faire appel à Gabriel Chevallier, Louis Barthas… Ici, il sera aussi question des généraux et de l’obstination de Joffre : “Je suis alors sûr de percer et de reconduire chez eux les Allemands”. Bien des idées reçues sont remises en cause, comme celle du brassage social et culturel des soldats pendant la guerre : “Chacun reste à sa place. L’officier ne dort pas dans la paille à côté de ses poilus et il ne mange pas comme eux non plus.” Il critique l’obstination de Joffre, tout à son offensive à outrance, encore adulé en 1915 : “L'historien n’est pas là pour louer, pour tailler des costumes de bonne coupe et des monuments. Il y a eu tellement d’historiens louangeurs, durant la guerre même et jusque longtemps après, tant d’auteurs complaisants et courtisans, chanteurs de geste plus qu’analystes critiques, qu’il paraît iconoclaste, après eux, d’écorner la statue du commandeur. Et pourtant les faits sont là, accablants : en 1915, 370 000 soldats français sont morts au champ d’honneur, 31 000 par mois et tout cela pour un gain de 4 km en Artois et 5 km en Champagne. La belle affaire.” J’ai découvert les oppositions entre les militaires et les politiques : “La guerre ! C’est une chose trop grave pour la confier à des militaires” aurait dit Clémenceau, pourtant le généralissime dirige et maintient sa stratégie offensive des petites avancées, malgré les allégations d’incompétence. Vous découvrirez quel gâchis fut l’expédition des Dardanelles : “Tout dans cette histoire a été mal pensé et encore plus mal réalisé. Une seule chose a été parfaitement exécutée : la retraite.” Si tout n’est pas passionnant dans ce tome, c’est dû à “l'enlisement” comme l’affirme le sous-titre de ce tome. De tractations avec l’Italie en alliances, je le reconnais, je me suis un peu perdu dans les Balkans et les Dardanelles ! J’ai appréhendé comment la Grande Guerre avait offert l'opportunité de l’épuration ethnique des Arméniens : “Selon les estimations 800 000 à 1,5 million d’Arméniens ont péri en 1915-1916… l’histoire de ce premier génocide organisé s’est longtemps perdu dans le drame de la grande guerre, diluée dans le souvenir de quatre années d’épouvante. Et pourtant ce n’est pas une péripétie parmi d’autres mais un événement fondamental qui, à lui seul, représente 8 à 15% des morts de la Première Guerre mondiale.” Si les Arméniens et les Syriaques étaient les boucs-émissaires des Turcs, les Juifs furent ceux des Russes. C’est en 1915 que des gaz furent utilisés de manière efficace ; ce n’était pas la première fois mais les 6 000 bonbonnes de chlore ouvertes en même temps ont bénéficié d’un vent favorable : “Jamais il n’avait été donné à voir un spectacle semblable, une telle débandade.” “La guerre des gaz est restée dans la mémoire des soldats comme une de leur expérience les plus épouvantables, et pourtant cette arme nouvelle ne fut pas la plus mortelle : elle est responsable d’à peine 0,5% des morts sur le front occidental entre 1915 et 1918… mais dans les représentations des contemporains, cette mort invisible soulevait l’horreur, le poison salissait un peu plus le modèle héroïque et détruisait le mythe du progrès en rabaissant la science, qui devait émanciper l’humanité, au rôle d’auxiliaire zélé du meurtre de masse.” Fin 1915, il sera envisagé une attaque française, britannique, italienne, russe coordonnée en juin 1916. “Mais les Allemands n’auraient peut-être pas la politesse d’attendre et pourquoi pas remporter une victoire avant. Pourquoi pas à Verdun ?”
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Sciences Humaines & Savoirs , Histoire
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- EAN
- 9782262072728
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- Collection ou Série
- Tempus
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- Format
- Poche
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- Nombre de pages
- 512
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- Dimensions
- 179 x 111 mm
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10,00 € Poche 512 pages