Adélaïde Hautval : Le livre de Denis Labayle

Merci à Denis Labayle (et à mon libraire) de m'avoir fait découvrir cette femme hors du commun. Quelle vie ! Quelle femme ! Je retiens qu'elle ne fait aucun compromis sur ses valeurs, quand bien même sa vie est en jeu. Elle aurait pu renier ce qu'elle avait dit aux soldats nazis afin de défendre une jeune femme juive. Et ne serait alors pas partie dans les camps de concertation. Elle n'a pas renié ses propos. Cette biographie m'a donné envie de lire l'autobiographie.

Médecin psychiatre, Adelaïde Hautval est arrêtée sous l’Occupation parce qu’elle a pris la défense d’une jeune juive tabassée par des nazis dans une gare où elle venait retirer sa valise. Emprisonnée, elle refuse de s’excuser comme l’y incite un officier allemand afin de la libérer. Elle refuse et, pour son simple geste d’humanité, elle est envoyée à Auschwitz puis à Ravensbrück jusqu’à la fin de la guerre. Là, elle affronte au péril de sa vie les médecins nazis qui veulent l’embaucher dans leurs expériences sur les prisonniers. Face au sinistre Mengele lui-même, elle ne cède pas. La force extraordinaire de cette femme nous laisse sans mots. On sait par d’autres témoignages que ceux qui ont fini par collaborer y ont été entraînés par de menues concessions d’abord, qui les ont conduits peu à peu à acquiescer aux pires collaborations. L’exemple d’Adelaïde nous rappelle que la dignité consiste souvent à dire non.

Il est rare que je lise des biographies mais, grâce à l'association "Lire à Saint-Étienne", j'ai eu envie de découvrir celle-ci. Car si Adélaïde Hautval est une figure méconnue de la dernière guerre, elle fait aussi partie de ces héroïnes qui ont apporté un peu de lumière dans l'horreur. Pourtant, au départ, Adélaïde est une femme ordinaire, psychiatre dans les Pyrénées, qui va se retrouver confrontée aux nazis pour avoir perdu sa valise lors d'un déplacement en train. Attendant dans une gare, elle va être témoin de l'antisémitisme et défendre une femme juive. Dès lors, elle sera considérée comme "amie des juifs". Avec Adélaïde, on découvre une autre facette de la guerre, celle de ceux qui se sont retrouvés embarqués par hasard et qui ont résister avec leurs maigres moyens. Car Adélaïde, malgré la faim, malgré la peur et malgré l'horreur va parvenir à dire "non" quand, dans les camps, on lui demandera de participer aux expérimentations médicales. On observe alors l'horreur sous l'angle de la psychiatre qui va peu à peu comprendre que, chez les bourreaux, il y a mille personnalités qui, bien souvent, ne se limitent pas à une simple volonté de détruire. Mais surtout on comprend où peut aller se nicher le courage et surtout l'humanité. Si l'auteur nous plonge dans la vie de cette femme, il ne va pas trop loin dans l'horreur comme pour mettre l'accent uniquement sur Adélaïde. Et une fois cet ouvrage refermé, on se demande simplement "pourquoi". Pourquoi Adélaïde fait-elle partie de ses personnalités de l'ombre au vu de sa force de caractère ?