Agnès Grey : Le livre de Anne Brontë
Un classique de la littérature anglaise en édition collectorÉlevée au sein d'une famille unie mais pauvre - qui n'est pas sans rappeler la fratrie Brontë -, Agnès Grey, 18 ans, fille d'un pasteur d'un village du nord de l'Angleterre, décide de tenter sa chance dans le monde en se faisant gouvernante. Trop discrète et inexpérimentée, elle est vite confrontée à la dure réalité dès son arrivée chez la famille Bloomfield.Désarmée face à l'indiscipline des enfants gâtés dont elle a la garde, et à l'indifférence cruelle des adultes, elle est renvoyée au bout de quelques mois. Dans l'obligation de subvenir à ses besoins, elle trouve alors un emploi chez les Murray. Les jours passent, avec leur lot de monotonie et de difficultés, jusqu'à l'arrivée du nouveau pasteur, Mr Weston...Chronique réaliste à la première personne, non dénuée de satire, Agnes Grey est largement inspiré de l'expérience de gouvernante d'Anne Brontë dans l'Angleterre provinciale de son siècle.
Traduit par : Ch. Romey, A. Rolet
De (auteur) : Anne Brontë
Préface de : Isabelle Vieville Degeorges
Expérience de lecture
Avis Babelio
l-ourse-bibliophile
• Il y a 3 mois
Ce roman s’inspire en grande part de l’expérience d’Anne en tant que gouvernante. Agnes, fille d’un pasteur, éduquée et cultivée, mais pénalisée par une situation financière quelque peu précaire, décide de s’engager auprès de familles bourgeoises en tant que préceptrice, ainsi se retrouve-t-elle placée successivement chez les Bloomfield puis les Murray. Sa bonne volonté et ses principes moraux se heurtent alors à ceux de ses employeurs… parents et enfants. Il pourrait avoir été écrit dans l’optique de faire office de contraceptif tant les enfants sont insupportables : si leur turbulence et leur désobéissance ne me choquent pas autant qu’elles peuvent heurter les standards du XIXe siècle (ceux d’Agnes en tout cas), la cruauté de Tom Bloomfield envers les animaux (parfaitement soutenue par sa famille : « Je pense, répondit-elle, que l’amusement d’un enfant ne peut être mis en balance avec la vie d’une créature sans âme. ») et le mépris dont absolument tous et toutes font preuve envers celles et ceux qui leur sont socialement inférieur·es sont proprement intolérables. Cependant, comment les blâmer pour leur égoïsme ou leur méchanceté alors que leurs comportements se sont que le résultat d’une éducation familiale délivrée par des parents tout aussi détestables ? Ceux-ci sont leurs premiers professeurs ès mépris de classe. Imbus d’eux-mêmes, insensibles, laxismes, les mères (et pères, bien que ces derniers soient relativement absents – comme c’est étrange) excusent tous les faits, gestes et paroles de leur progéniture, interdisent à Agnes de pointer du doigt leurs mauvais comportements ou leurs erreurs dans l’apprentissage de leurs leçons, leur faire des reproches trop véhéments et reportent évidement tout le blâme sur cette dernière. Sa position est donc des plus précaires et instables et bon nombre des discours tenus à Agnes se révèlent tout simplement sidérants et inconcevables. (De quoi trouver à répondre aux personnes qui critiquent « les parents d’aujourd’hui » !) Si les réflexions et les descriptions de sa vie de gouvernante constituent la majeure partie du roman, la vie de la famille Murray et donc d’Agnes s’inscrit dans le cadre du village d’Horton, lieu d’interactions entre jeunes nobles, membres du clergé et personnes pauvres ou malades. Lieu de jeux entre les premiers pour se distraire de leur oisiveté et flatter leur suffisance, jeux de séduction, jeux de paraître, jeux de pouvoir sur autrui… dans lesquels les plus modestes peuvent être gaiement utilisés comme pions sous couvert de générosité et de charité. Et évidemment, les nécessiteux ne peuvent qu’être ravis des attentions de leurs riches voisins, aussi insultantes soient-elles. Agnes assiste aussi dépitée que nous sommes écœuré·es à ces comportements négligents et puérils. Il est certain qu’Agnes Grey, à côté des Hauts de Hurlevent ou de Jane Eyre, paraît plus ordinaire, moins romanesque et romantique, moins passionnée, plus simple… plus gris. Son intrigue est donc plus réaliste, avec une tonalité quelque peu moralisatrice, et de là un peu plus terne et attendue. Je m’amuse d’ailleurs toujours dans ce genre de roman du fait qu’il n’y a absolument aucun suspens quant à qui l’héroïne épousera : dès la première mention, dès la prime apparition, on sait qui sera le seul possible. Ainsi il ne détrônera pas les autres dans mon cœur et je ne partage pas totalement les principes parfois stricts, imbibés de religion, évidemment datés parfois (notamment ceux qui repoussent les femmes dans les ombres de la retenue et de la respectabilité), d’Agnes, même si sa sincérité, gentillesse, sa capacité à s’attacher à certaines élèves en dépit de leurs défauts et sa droiture m’ont tout de même plu. Néanmoins, je l’ai apprécié d’un bout à l’autre : pour la sincérité qui transparaît dans le récit, pour l’immersion du point de vue d’une femme d’une classe moyenne, par ses portraits au vitriol et sa peinture des relations hiérarchiques entre Agnes et les familles bourgeoises, ainsi que toutes les interactions entre les différents habitants du village, Anne Brontë m’a semblé une héritière de Jane Austen, avec certes moins d’ironie, mais avec un certain engagement dans sa dénonciation de l’orgueil des classes aisées.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Classiques et Littérature , Littérature Classique
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- EAN
- 9782377351374
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- Collection ou Série
- Collectors
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- Format
- Poche
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- Nombre de pages
- 275
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- Dimensions
- 180 x 112 mm
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7,80 € Poche 275 pages