Après elle : Le livre de Ariane Bois

Clotilde gît à l'hôpital, plongée dans le coma. L'agresseur est son mari Bruno. Rouée de coups sous les yeux de sa plus jeune fille Manon, elle ne se réveillera plus. Sa sœur Laurie débarque, accompagnée de leurs parents et de la fille aînée de Clotilde, Roxane. Elle décide de prendre en charge, chez elle, ses deux nièces dont la vie est fracassée. Des premiers jours après le drame jusqu'à la fin du procès, l'autrice interroge les conséquences d'un féminicide sur les enfants et la famille. On pense inévitablement à Ceci n'est pas un fait divers de Besson, tant les deux textes entrent en résonance, sans pour autant affadir l'un ou l'autre. Ce livre bouleverse, révolte et fout la rage, parlons clairement. L'autrice parvient très justement à entrer dans le quotidien d'une famille touchée par un drame sans voyeurisme aucun, tout en pudeur. Comment se comprendre quand, bien que partageant un même chagrin, il ne se manifeste pas de la même façon ? Quelles sont les priorités ? Comment parler aux enfants ? Dire, ne pas dire ? Comment parler du père, meurtrier mais néanmoins géniteur ? Comment ne pas se perdre soi-même en donnant tout ce que l'on peut à ces enfants meurtris, aussi ? C'est tout l'enjeu du personnage de Laurie, qui n'hésite pas à bouleverser sa vie, taire ses rêves et ambitions, faire un virage à 180 degrés pour prendre soin d'enfants qui ne sont pas les siens. Quitte à perdre son couple. Quitte à y laisser sa santé. Tout en ayant conscience qu'elle n'est pas la plus à plaindre. P. 134 : « Un homme ne tue pas seulement sa compagne, il condamne aussi ses parents, sœurs, frères, enfants. Tous prennent perpète dans cette histoire. » Bilan : Un texte éminemment puissant, révoltant, criant de réalisme. Dur mais nécessaire pour éveiller les consciences. Si tant est qu'elles en ont encore besoin...

Lorsque Bruno agresse violemment sa femme dans leur appartement à Marseille, c’est toute la famille de Clotilde qui vole en éclats. Manon, la cadette de huit ans et unique témoin du crime se mure dans le silence. Roxane, la fille aînée et adolescente déjà rebelle à la base, sombre chaque jour un peu plus loin. Quant à Laurie, la sœur de Clotilde, elle se voit dans l’obligation de mettre sa propre vie en parenthèse afin de soutenir ses parents tout en recueillant ses deux nièces… À l’instar de Philippe Besson dans son excellent « Ceci n’est pas un fait divers », Ariane Blois se glisse dans la peau des victimes collatérales d’un féminicide. Du crime jusqu’au procès, l’autrice suit les émotions des différents membres de la famille… celle de la victime et même, d’un peu plus loin, celle de l’assassin. Comment ne pas avoir capté les signes précurseurs dissimulés derrière les apparences trompeuses de cette famille sans histoire ? Comment combler le vide de cette fille/mère/sœur disparue sous les coups d’un mari que l’on pensait aimant ? Comment se reconstruire après un tel drame quand on y a assisté ou que l’on navigue déjà en pleine crise de l’adolescence ? Comment élever deux enfants qui ont tout perdu d’un seul coup… leur mère, leur environnement … ET leur père ? Comment ne pas s’offusquer du parcours du combattant qui attend les proches, des démarches administratives à l’absence de soutien psychologique en passant par les aspects juridiques et financiers… sans parler des inepties d’une loi qui ne dépossédait pas encore le parent qui a tué son conjoint de l’autorité parentale à l’époque ? Comment ne pas saluer ce roman qui pointe du doigt ces hommes, beaucoup trop nombreux, qui assassinent lâchement leur propre femme, tout en donnant la parole à ces victimes invisibles, ces proches traumatisés, endeuillés et meurtris à jamais, dont on ne parle que trop rarement ?

Une lecture intense. Éprouvante mais nécessaire. #128074; Ce roman qui évoque les violences conjugales est une vraie claque. Une de ces histoires que l’on n’oublie pas et qui nous poursuit longtemps après avoir tourné la dernière page. Au fil des pages, je me suis prise une véritable vague d’émotions. J’ai été tellement révolté par les actes de Bruno. Cet homme en apparence si normal, parfait, insoupçonnable. Qui en une fraction de seconde va anéantir, la femme à ses côtés, leurs enfants, leurs familles, leurs amis… Il n’y a pas de mot pour décrire l’horreur. On ressent aussi toute cette culpabilité des personnes du cercle familial et amical de Clothilde qui n’ont pas vu ce qu’il se passait. On va suivre ici Manon et Roxane, les deux filles de Clothilde, leur évolution à la suite de cet événement. Suite au décès de leur maman, elles vont aller vivre chez leur tante Laurie. Une situation ô combien complexe. Comment faire le deuil de sa sœur lorsque l’on doit également prendre en charge ses enfants, gérer leurs peines, etc… On voit les dégâts que cette situation va avoir sur chaque personne. Notamment, sur Manon, âgée de 8 ans au moment du drame, et qui a vu la scène se dérouler sous ses yeux. Une histoire vraiment poignante. J’ai été ravie de retrouver la plume d’Ariane Bois que j’avais beaucoup aimé avec L’île aux enfants.

Voici mon retour de lecture sur "Après elle" d'Ariane Bois. Clotilde - sœur, fille, mère - a été violemment agressée dans son appartement à Marseille. Et à l'hôpital, la vérité, sidérante, éclate : c'est Bruno, le mari amoureux, le père attentif, qui a porté les coups. Jusqu'à tuer. Qu'ont-ils tous manqué de voir sous l'apparence du couple aux sourires si lisses ? Auraient-ils pu la sauver, empêcher le drame ? Laurie, la sœur de Clotilde, décide d'accueillir chez elle les deux petites : Manon, huit ans, témoin directe du crime paternel, et Roxane, adolescente en pleine révolte. Mais comment faire famille, vivre avec ce deuil, ce vide, ces questions incessantes ? Comment élever deux enfants traumatisées qui, en un instant, ont tout perdu ? "Après elle" est un magnifique roman qui se déroule en France, en 1999. A cette époque là, même si un parent a tué son conjoint.. il garde l'autorité parentale ! Depuis, la loi a changée. Et en lisant ce roman, je me suis dit : heureusement ! Car ici, les filles doivent continuer à voir leur père malgré ses actes ! Vu son âge, la grande peut choisir mais pas la petite. Nous suivons donc une famille après un féminicide. Clotilde est tuée sous les coups de son mari. Pourtant il était gentil, aimant, ne la battait pas. Il était si gentil avec ses deux filles.. Impossible qu'il ai fait ça.. Pourtant, à l'hôpital, Clotilde décède. Manon, leur plus jeune fille, a vu son père frapper sa mère puis mettre le feu. Elle est traumatisée. Roxane était à la piscine quand le drame s'est déroulé, elle non plus ne comprend pas. Ni Laurie, la sœur de Clotilde, ni la meilleure amie de celle-ci, ni leurs parents.. Peu à peu, le fil de leur vie se déroule. Laurie recueille ses deux nièces ce qui est loin d'être évident. Plus les pages se tournent plus on découvre la vérité sur cette vie de couple idéale.. qui a abouti à un féminicide.. Il est très intéressant de découvrir comment une famille doit continuer à vivre malgré la culpabilité de ne rien avoir vu. Il est tellement plus simple d'ignorer certains signes plutôt que les voir. Je trouve que les sentiments des uns et des autres sont très bien analysés, c'est criant de vérité. Laurie fait de son mieux, elle cherche des professionnels pour aider sa plus jeune nièce mais c'est difficile. Un vrai parcours du combattant ! Certains passages m'ont fait mal au cœur, j'ai parfois eu les larmes aux yeux. Il y a trop de féminicides, il est impératif d'en parler et de faire attention aux signes. J'ai été très touchée par les scènes du procès, et j'ai apprécié l'épilogue. Il est intéressant de découvrir ce que tout ce petit monde devient :) Après elle est une petite pépite que je vous recommande et note cinq étoiles.