Cabane : Le livre de Abel Quentin, Pierre-François Garel

n livre qui ne m’a assurément pas laissée indifférente, car basé sur un rapport plus qu’alarmant publié au début des années 70, qui avait bien fait quelques remous, mais qui a fini aux oubliettes et je remercie l’auteur d’avoir remis au goût du jour les questionnements au sujet de la croissance économique et démographique. Mais je suis aussi déçue, puisque le-dit rapport m’a semblé surtout un prétexte à un livre, certes bien écrit et plein de suspense, mais qui pour moi aurait pu être un tantinet plus engagé; mais bon, ce sont sans doutes mes propres attentes non comblées qui sont à l’origine de ce sentiment, et qu’on peut aussi voir la neutralité de l’auteur comme un atout, si on veut. J’ai aimé la description des jeunes scientifiques à l’origine du rapport, très différents les uns des autres et aussi la manière dont ce travail commun a influé sur la vie et l’évolution personnelle de chacun. Tout cela m’a semblé crédible et présenté avec beaucoup de savoir-faire. Là où j’ai un peu lâché, c’est dans la deuxième partie, quand, 50 ans plus tard, un journaliste lambda commence à faire des recherches sur ce rapport et ce que sont devenus les jeunes chercheurs d’autrefois et qu’il s’attache plus précisément à l’un d’eux Johannes Gudsonn. Je pense malgré tout que c’est la partie la plus intéressante du roman, il y a du suspense, des revirements, des découvertes, bref toute la panoplie des moyens qui s’offrent à un écrivain. J’ai un peu pensé aux Millénium de Stieg Larsson, qui a su intégrer si superbement les développements politiques contemporains, sauf que le développement ici est plus lent, il y avait un peu trop de méandres pour moi et je dois avouer que, à certains moments, je me suis un peu ennuyée avant le bouquet final qui, pourtant très osé, m’a plutôt réconcilié avec le livre.

CUniversité de Berkeley, 1973. Sous la houlette de leur mentor, l’éminent professeur Stoddard, spécialiste de la dynamique des systèmes, quatre jeunes chercheurs, deux américains, un français et un norvégien unissent leurs talents pour mettre un point un algorithme puissant capable de prévoir l’avenir de notre civilisation dans un monde fini, aux ressources limitées et à la démographie galopante… Le dernier modèle d’IBM, gavé de données statistiques crache son verdict : au milieu du XXIème siècle, le monde tel que nous le connaissons aura disparu. Les 4 chercheurs sortent ébranlés à jamais par leur découverte. Comment vivre quand on sait comment tout se terminera… Le rapport 21 qui rend public ces résultats aura un retentissement mondial et chacun des protagonistes de l’aventure vivra différemment son impact. En s’inspirant du rapport Meadows qui a réellement existé, Abel Quentin brosse le tableau sombre d’une civilisation qui court aveuglément à sa perte. Une thématique qui n’est pas sans rappeler celle du film Don't Look Up : Déni cosmique. Terrifiant mais passionnant. Un très très bon roman !

Le complexe de Cassandre et la puissance du nombre. Vous ne voyez pas le rapport ? Eux si. Quatre jeunes chercheurs en ont la certitude. le monde court à sa perte. Lisez donc le rapport 21. La croissance industrielle et démographique provoquera à terme un effondrement au niveau planétaire. Les résultats de leurs travaux sont sans appel. A ce rythme, la fin arrivera très vite. Nous sommes alors dans les années 70 et cette sentence sonne comme une malédiction pour nos quatre chercheurs qui seront peu voire pas du tout entendus. Car le monde est en train de scier la branche sur laquelle il est assis en se gavant en toute insouciance des fruits qu'elle offre. Dans cette satire climatique, Abel Quentin nous propose de suivre sur une cinquantaine d'années les trajectoires très différentes de ces quatre personnes confrontées à une vérité scientifique peu reluisante. Du lanceur d'alerte au vendu qui préfère se morfondre dans la luxure en passant par l'errance et la déperdition mentale de celui qui préfère en guise d'expiation s'enfermer dans une cabane sur une île norvégienne, l'auteur nous emmène dans un roman foisonnant où la désillusion de la modernité finit cruellement par s'imposer. Un roman très riche mais un tantinet bavard au risque de noyer le lecteur dans un maelström d'idées et de concepts incommensurable. Il faut toutefois l'avouer, la situation est difficile. Un jour elle sera peut-être insurmontable. Le cochon est dans le maïs et la cabane finira par tomber sur le chien...

L'auteur s'inspire d'un rapport rédigé dans les années 1970 "Les limites de la croissance" pour bâtir son roman. Le fond traite effectivement du contenu de ce rapport et de ce qu'il prédisait mais ce roman s'attache surtout aux personnalités des supposés auteurs du rapport et de leur destin suite à la rédaction de ce rapport. Comment réagir ? quelles attitudes adoptées ? comment vivre face aux conclusions pessimistes ? Ce roman décrit la société de façon très juste et j'ai beaucoup aimé le ton employé.