Cabane : Le livre de Abel Quentin, Pierre-François Garel

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Lizzie

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Berkeley, 1973. Département de dynamique des systèmes. Sur le campus californien qui sort à peine de la révolution hippie, quatre jeunes chercheurs mettent les dernières touches au rapport qui va changer leur vie, et choquer le monde.

Les résultats de l'IBM 360, alias " Gros Bébé ", sont sans appel : si la croissance industrielle et demographique ne ralentit pas, le monde tel qu'on le connaît s'effondrera au cours du XXIe siècle. Au sein de l'équipe, chacun réagit selon son tempérament ; le couple d'Américains, Mildred et Eugene Dundee, décide de monter sur le ring pour convaincre l'opinion mondiale de l'urgence d'une réaction ; le Français Paul Quérillot songe à sa carriere, rêve de vivre vite et de gagner des millions ; et l'énigmatique Johannes Gudsonn, le Norvégien, surdoué des maths ? Gudsonn, on ne sait pas trop. Certains disent qu'il est devenu fou ...

De la tiède insouciance des seventies à la gueule de bois des années 2020, Cabane est le récit d'une traque et la satire féroce d'un monde qui danse au bord de l'abime.

De (auteur) : Abel Quentin
Lu par : Pierre-François Garel

 

Ressources

Expérience de lecture

Avis Babelio

LBarrachina

3.00 sur 5 étoiles

• Il y a 3 mois

Un parti pris intéressant de suivre la destinée de ces quatre scientifiques. Le livre est un peu long. Il tourne parfois en rond. Une lecture qui conscientise mais un peu déprimante, car il ne semble pas vraiment y avoir d'espoir. À l'image du rapport 21, le livre est plus un constat de l'immobilisme. On se demande quelles actions pourraient faire bouger l'humanité.

zouips

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 3 mois

Cabane parle du destin de quatre chercheurs, qui, en 1970 publient un rapport sur l'avenir du monde. Un rapport scientifique dont les conclusions quels que soient les scénarios sont sans appel. Il prédit l'effondrement à l'horizon 2050 de nos conditions de vie telles que nous les connaissons si l'humanité continue de se développer et à puiser dans ses ressources à cette même vitesse. Abel Quentin s'inspire directement du rapport scientifique « Meadows » sur la limite de la croissance en 1972 pour écrire la fiction qu'il nous propose. Il met en scène les quatre scientifiques auteurs de ce rapport qu'il nomme ici « rapport 21 » et imagine leurs destins. Il aborde également le thème littéraire de l'effondrement, non pas sous la forme d'un roman post apocalyptique ou d'anticipation , mais en racontant les cinquante dernières années de ces quatre scientifiques et comment chacun appréhende cette angoisse qui va crescendo pendant les cinquante années d'une vie humaine. L'auteur va mettre en scène un couple d'américains, Mildred et Eugène Dundee, qui, durant toute leur vie vont militer et porter le message extrêmement angoissant et terrifiant de ce rapport. Le troisième personnage, un français, Paul Quérillot, est le plus stratégique et le plus cynique. Il refuse de se laisser emporter par le message sinistre du rapport. Il a envie de vivre et de profiter. Il tournera le dos à ce message qui critique la société industrielle et sa consommation frénétique pour profiter de tout ce que la vie peut lui apporter, en étant tout de même travailler par la mauvaise conscience. Le dernier personnage est un norvégien, Johannes Gudsonn, jeune génie des mathématiques dont on perd la trace dans les années 1980. En 2023, un journaliste Rudy Merlin, découvre « le rapport 21 » et va se poser la question de ce quatrième savant dont on a perdu la trace. Certains disent qu'il est devenu fou, d'autres qu'il se serait marginalisé. Il décide alors de mener l'enquête et de suivre les quelques traces qu'il a laissées. Abel Quentin s'empare ici du réel et le décrit avec férocité afin de provoquer une prise de conscience sur l'urgence de réagir même s'il est déjà trop tard. Cabane aborde le thème de la crise climatique sur fond de croissance industrielle et démographique qui mène l'humanité vers l'effondrement de notre monde. Lu dans le cadre du « Prix Landerneau des Lecteurs 2024 » Je remercie les Editions « L'Observatoire » pour cet envoi.

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hmurgia

3.00 sur 5 étoiles

• Il y a 3 mois

Au début des années 70, sous l’impulsion d’un professeur de dynamique des systèmes, quatre chercheurs de Berkeley rédigent le Rapport 21 qui met en évidence l’effondrement inéluctable des sociétés humaines - planète limitée et population croissante, technique omniprésente et capitalisme aveugle. Parmi ces quatre chercheurs, un couple d’Américains, les Dundee, se lance ensuite dans un tour du monde de conférences pour partager le résultat alarmiste de leurs études, le français Quérillot est embauché dans une entreprise polluante, et le norvégien Gudsonn semble devenir un obscur professeur de lycée en Norvège…Plusieurs décennies plus tard, un journaliste trentenaire d’un mensuel est missionné par son rédacteur en chef pour écrire un long article sur le sujet, suite à la mort d’un des chercheurs. Il va mener l’enquête, s’intéressant particulièrement au Norvégien… Un roman en deux temps, aux deux styles différents, d’abord quasi documentaire puis plutôt journalistique. C’est bien écrit et plutôt instructif ( en particulier ce qui a trait à Ted Kaczynski), cependant j’ai l’impression d’avoir lu et relu le même texte autour de Fibonacci, des ressources limitées etc.

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Kirzy

4.50 sur 5 étoiles

• Il y a 3 mois

°°° Rentrée littéraire 2024 # 41 °°° Abel Quentin s'est inspiré du rapport Meadows, Les Limites de la croissance, dans lequel des scientifiques du MIT prédisaient en 1972 la fin du monde tel que nous le connaissons, un effondrement économique et démographique total si la croissance continue de façon exponentielle. Il a conservé le nombre d'auteurs pour inventer quatre personnages et leurs trajectoires sur cinquante années. « Ils étaient quatre, comme les Beatles ou les évangélistes » L'auteur aurait pu opter pour un roman camouflé en essai politique moralisateur pour évoquer ces cinquante années où on savait mais rien fait, cinquante ans perdus, gâchés à cause de l'indifférence, l'hybris ou l'aveuglement des sociétés. Il fait au contraire le choix d'appréhender l'angoisse existentielle qui a saisi ces quatre jeunes gens, âgés d'une vingtaine d'années, pour raconter, avec des accents quasi balzaciens, comment on vit après ça, après fait la découverte terrifiante d'un effondrement futur inéluctable. C'est l'aventure humaine qui intéresse Abel Quentin. Chacun des personnages incarne une réaction possible face au déni collectif. Les Américains Mildred et Eugene Dundee sont ceux qui partent au combat, ceux qui durant toute leur vie portent le fardeau/ flambeau et prêchent en Cassandre dans le désert. le Français Paul Quérillot, c'est le cynique, celui qui ne veut pas se faire emporter par le rapport et décide de profiter, épousant son temps en travaillant pour une industrie pétrolière tout en étant travaillé par sa mauvaise conscience. Et il y a le Norvégien, Johannes Gudsonn, le génie des maths, celui qui ne supporte par la réalité d'une croissance exponentielle inarrêtable et disparaît des radars. «  le rapport 21 a mis au jour un mal sans visage, un crime collectif dénué d'intention criminelle : la croissance. Des milliards d'individus qui, pris isolément, ne poursuivent aucune intention malveillante : ils vont pourtant entraîner la mort de millions d'autres, provoquer des famines et noyer des deltas. » Cabane est construit avec une précision d'horloger. Une courte partie pour contextualiser la rédaction du rapport. Une deuxième partie consacrée aux trois premiers scientifiques, à tour de rôle. Je me suis régalée de la plume malicieuse de l'auteur qui par mille détails d'entomologiste raconte leurs parcours à travers l'angle des faiblesses et des vanités humaines. Même si ces personnages relèvent de l'archétype, la façon dont Abel Quentin a de coller à eux fait que leur évolution physique et leur rapport à leur corps dit tout de leur psyché, de leurs tourments et de leurs failles. Et puis, changement -génial- de braquet avec la troisième partie. Totalement inattendu alors que le récit commençait à ronronner dans cette succession de portraits. Un nouveau personnage fait irruption, Rudy, un journaliste français qui est né après le rapport de 1972 et part enquêter sur le plus énigmatique du quatuor : le Norvégien qui a disparu, dont on ne sait même pas s'il est toujours vivant. Un coup de fouet romanesque qui transforme le récit en quasi thriller pour savoir ce qu'il est devenu. « Je ne vois plus que les famines, les pénuries, les monstruosités que préparent nos orgies présentes. San Francisco, où je me suis aventuré hier, me débecte : l'atmosphère paresseuse de la fête est partout, les gens boivent et rotent, l'air ahuri, satisfaits. » Johannes Gudsonn est LE personnage du roman. C'est vers lui que converge tout le récit. La mue de ce prodige des maths ayant soif d'absolu en Saint-Just hanté par la fin du monde, décrit à travers le regard des autres, est absolument passionnante de complexité et radicalité, jusqu'aux confins de la folie. Plus le roman avance, plus il se teinte de réflexions philosophico-existentielles qui résonnent forcément avec notre époque. Car comment ne pas devenir fou lorsqu'on sait ce que va devenir l'Humanité et que le déni collectif est un mur ? Johannes est la première victime de la solastalgie, cette détresse psychologique lié à la prise de conscience d'une urgence écologique. Derrière ses tonalités volontiers sarcastiques et ironiques, c'est finalement la sincérité de l'auteur, sa colère, son effroi, son désenchantement, qui affleurent. Derrière les portraits de ces quatre scientifiques, c'est la solitude de l'Homme face à sa conscience qui émerge. Le titre est impeccablement choisi. La cabane, il nous en faudrait toute une, matérielle ou mentale. Pour fuir, s'isoler, se protéger, penser l'action, vivre sans compromis dans une intégrité radicale. En écho à d'autres cabanes : celle du philosophe naturaliste Thoreau qui s'est retiré à Walden pour critiquer la société américaine moderne ? Celle de Theodore Kaczynski, dit Unabomber, dans le Montana, mathématicien devenu le premier éco-terroriste ? Mildred Dundee souhaitait comme épitaphe : « On vous avait prévenus, abrutis ». La fin du roman est toute aussi abrupte. Sur le coup, elle ne m'a pas convaincue avec son nihilisme à la Houellebecq, mais elle est totalement cohérente. C'est juste que j'aurais bien continué d'avancer dans le récit. Reste que ce roman, érudit et intelligent, est d'une virtuosité absolument remarquable et rare.

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Fiche technique du livre

  • Genres
    Romans , Roman Français
  • EAN
    9791036637940
  • Collection ou Série
  • Format
    Livre audio
  • Durée
    600 min

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