Ces mots qui meurent : Le livre de Nicholas Evans

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La Découverte

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D'ici la fin du XXI e siècle, c'est la moitié des 6 000 langues de la planète que nous risquons de voir s'éteindre. Tous les quinze jours, le dernier locuteur d'une langue en voie d'extinction meurt. Chacune est une véritable bibliothèque aux rayons chargés de grammaires, de dictionnaires, d'encyclopédies botaniques et zoologiques, de recueils de chants et de fables... Le grand linguiste N. Evans en dresse un fascinant portrait, aussi humain qu'érudit.

Chaque langue est une bibliothèque unique, aux rayons chargés de grammaires, de dictionnaires, d'encyclopédies botaniques et zoologiques, de recueils de chants et de fables... Chacune raconte une histoire différente, offre une manière d'être au monde. Or plus de la moitié des six mille langues actuellement parlées pourraient disparaître d'ici la fin de ce siècle.
Dans Ces mots qui meurent, Nicholas Evans, homme de terrain à la passion contagieuse, évoque des langues toutes plus insolites les unes que les autres. Après avoir rappelé l'historique de la curiosité occidentale en la matière, il montre ce que les langues menacées peuvent nous apprendre sur l'histoire des migrations, des technologies, des religions, de la pensée... Il explique comment les linguistes procèdent, croisent leurs indices avec d'autres scientifiques, en quoi l'incroyable créativité linguistique engendre des modèles intellectuels différents – de Vanuatu aux Amériques, du Cameroun à l'Australie, du Népal à la Sibérie –, insiste sur l'importance des arts lyriques et vivants. Avant de s'intéresser aux locuteurs des " petites " langues, à leur avenir comme à celui de la diversité linguistique, bien commun à préserver.
Car si l'érosion n'a jamais été aussi rapide, l'intérêt pour les langues, comme les moyens pour les enregistrer sont inédits. Nicholas Evans propose ainsi des solutions pour protéger la " logosphère ", dans un registre généreux, alliant érudition et chaleur humaine, qui parle aussi bien aux linguistes qu'à un public plus large, ouvert à l'autre.

Cet ouvrage a bénéficié d'une aide du Centre National du Livre (CNL).

De (auteur) : Nicholas Evans
Traduit par : Marc Saint-Upéry

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Expérience de lecture

Avis des libraires

Tous les quinze jours, une langue disparaît du globe. A ce rythme, ce sont pas moins de 3000 qui devraient être rayées des cadres d'ici à la fin du siècle. Et cela, sans que nous les connaissions, emportant dans la tombe un fonctionnement et une vision du monde. Car les inflexions du sandawe de Tanzanie ou la grammaire biscornue du kayardild d'Australie porte une pensée propre, dont la disparition constitue une "érosion catastrophique des modes de connaissances de l'humanité", dit Nicholas Evans, linguiste de "terrain". Lequel explique à quoi elles servent et pourquoi il faut les protéger des hideux assauts de l'uniformisation.

|Arnaud Gonzague
Terra Eco

" Tous les quinze jours, quelque part dans le monde, le dernier locuteur d'un idiome en voie d'extinction meurt. " Tel est le constat alarmant que dresse l'Australien Nicholas Evans dans son dernier ouvrage. Selon lui, à la fin du siècle, la moitié des 6000 langues encore parlées sur la planète aura disparu, et avec elles, à chaque fois, une manière unique d'appréhender le monde. "La grammaire aide à créer notre univers social et intellectuel - ce n'est pas seulement le sens de tel ou tel terme qui varie d'un idiome à l'autre, ce sont aussi les liens entre les objets et es événements, le rôle joué par les individus dans ces événements, et les modèles de connexion métaphorique", explique Mark Abley dans le Time Literary Supplement. L'ouvrage d'Evans se veut "une réponse à cette érosion catastrophe des modes de connaissance de l'humanité".

Books

Si on s'alarme à raison de l'érosion de la biodiversité, on oublie trop souvent une autre perte collective non moins fondamentale : le recul de la diversité linguistique. Ainsi, les quelque 6 000 langues recensées aujourd'hui ne représentent qu'un dixième à peine de celles qui ont existé. Et moins de la moitié devraient passer le prochain siècle. Battant en brèche la thèse d'une grammaire universelle portée notamment par Noam Chomsky, l'auteur, lui-même linguiste, nous interpelle sur cette menace en s'appliquant à montrer toute la richesse que recèle chaque idiome. Car chaque langue constitue un certain rapport au monde, où la position géographique des choses va par exemple revêtir une importance primordiale, qui découpe d'une certaine manière le réel en catégories. Et elle porte également en elle une ou plutôt des histoires, notamment celle des rapports entre différents peuples. Erudit tout en restant accessible, cet ouvrage atteint son but, non sans parvenir à susciter quelques rires. A lire, même dans cette version traduite. Un comble !

|Igor Martinache
Alternatives Economiques

A la suite des travaux de Noam Chomsky, la linguistique s'est longtemps concentrée sur l'étude des propriétés universelles du langage. Nicholas Evans, spécialiste des langues aborigènes d'Australie, défend ici l'approche inverse, il faut aller sur le terrain à la rencontre des langues, car elles peuvent contredire les propriétés induites d'un échantillon trop restreint ou découvrir des possibilités nouvelles de classification. Il réhabilite ainsi la thèse de Edward Sapir et Benjamin Whorf selon laquelle chaque langue découpe le monde à sa façon. Surtout, Evans s'inscrit dans la lignée de ceux qui, en suivant l'expansion occidentale, notent les langues en train de disparaître, découvrant dans les sociétés les plus humbles un Homere ou un Shakespeare apte à jouer de toutes les ressources de sa langue. Un passionnant voyage à travers les continents.

|Frédéric Keck
Le Monde des Livres

Six mille langues parlées sur Terre aujourd'hui, moitié moins d'ici la fin du siècle ? Dans ce livre, l'auteur, linguiste, évoque cette menace et fait oeuvre de militantisme en faveur de la diversité linguistique. en prenant notamment l'exemple du kayardild, une langue aborigène d'Australie dont il est spécialiste, il explique les richesses que recèlent les langues menacées - sur les migrations, la pensée... - et insiste sur la nécessité de les préserver.

La Recherche
Cet ouvrage est riche et particulièrement dense. Riche au regard de la réflexion apportée sur la disparation des langues et de ses conséquences sur la manière dont on peut analyser le monde, et dense au regard du travail de terrain réalisé et des exemples qui illustrent sa démonstration. Par ailleurs, l'auteur ne fait pas que décrire " froidement " l'enjeu des connaissances linguistiques, il se pose aussi, comme nous pourrions l'appeler, en " conservateur des langues " en en défendant l'intérêt anthropologique et culturel. Car comme il le fait remarquer, certaines langues sont " tellement singulières qu'une seule d'entre elles détient parfois la clé d'une énigme qui se présente à l'humanité.|Gérard Creux
Liens socio
La traduction en français du livre de Nicholas Evans vient opportunément rappeler au public francophone l'ampleur et, surtout, la gravité d'un phénomène sur lequel peu de communication est faite dans sa langue : l'extinction linguistique massive qui se produit actuellement.|Denis Bertet
La vie des idées

Tremble ch'ti, tremble. Selon l'Unesco, tu es menacé de disparition, tout comme vingt-cinq langues parlées en France: l'angevin, le lorrain... Le chercheur australien Nicholas Evans renchérit: "Le ch'ti peut s'éteindre en une génération, si les enfants qui l'apprennent ne le parlent qu'avec leurs parents." Dans Ces mots qui meurent, il alerte. Des 6000 langues parlées dans le monde, la moitié sont menacées de disparition. Conséquence de la globalisation des échanges et des médias, de l'éducation dans les langues nationales, voire de la répression.

|Joël Métreau
20 Minutes

Livre passionné, passionnant, tout à l'opposé des réductions chomskyennes qui ont été si longtemps à la mode. A la gloire de l'inventivité humaine. Oeuvre d'un auteur australien qui parle français aussi facilement qu'une langue australienne, comme il l'a montré quand il a été interviewé par Antoine Perrot pour l'émission de France Culture: "Tire ta langue". Tout pour plaire et enthousiasmer. Et se mettre à cette école tant qu'il en est temps.

|Jean-Claude Chevalier
La Quinzaine littéraire

Comment les langues viennent-elles à être menacées ? Au Néolithique, la tendance spontanée des petits groupes nomades à fabriquer leur propre langue s'est estompée avec la sédentarisation. Puis, les grands empires et les États-nations ont imposé un petit nombre de langues véhiculaires internationales ou nationales, en éliminant progressivement la concurrence. La diversité initiale subsiste tant bien que mal dans les pays situés aux marges des empires ou découverts tardivement, comme en Papouasie-Nouvelle-Guinée, qui compte 850 langues, dont certaines comportent très peu de locuteurs. Nicholas Evans n'hésite pas à comparer cette diversité à la biodiversité : dans les deux cas, la diversité constitue un réservoir d'adaptabilité à différentes " niches " écologiques. En outre, la variété linguistique permet d'exploiter les possibilités créatives de l'esprit humain. En effet, pour l'auteur, qui suit en cela les linguistes Edward Sapir et Benjamin Lee Whorf, chaque langue possède une grammaire propre qui impose, à travers des routines mentales, un découpage particulier de la réalité observée, et donc une façon spécifique de penser l'espace, le temps, la causalité et les relations sociales. Il s'oppose en cela aux théories de Noam Chomsky ou de Jerry Fodor pour qui tous les hommes pensent le monde de la même façon, même s'ils le traduisent en différentes langues. Il s'appuie sur des tests réalisés auprès de locuteurs du guugu yimithirr, dans le Nord-Est australien, qui possèdent une " boussole mentale " leur permettant de se positionner systématiquement par rapport aux points cardinaux. Ce sens absolu de l'orientation contraste, en effet, avec l'usage courant que nous faisons des orientations relatives (gauche-droite). Enfin, les langues menacées développent une littérature orale souvent sophistiquée, dont les cultures lettrées n'ont plus l'équivalent. La diversité linguistique doit donc, affirme N. Evans, être préservée, ou archivée d'urgence en ce qui concerne les parlers en voie d'extinction.

|Régis Meyrand
Sciences Humaines

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Fiche technique du livre

L'auteur

Nicholas Evans

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Nous sommes ravis de vous accueillir dans notre univers où les mots s'animent et où les histoires prennent vie. Que vous soyez à la recherche d'un roman poignant, d'une intrigue palpitante ou d'un voyage littéraire inoubliable, vous trouverez ici une vaste sélection de livres qui combleront toutes vos envies de lecture.

28,50 € Grand format 396 pages