CHEZ LES FLAMANDS : Le livre de Georges Simenon

Quand Maigret descendit du train, en gare de Givet, la première personne qu’il vit, juste en face de son compartiment, fut Anna Peeters. à croire qu’elle avait prévu qu’il s’arrêterait à cet endroit du quai exactement ! Dans ce village frontalier des Ardennes, les Peeters ne sont pas comme les autres. Ils sont flamands. Riches, confits en dévotion et on les déteste... Les premières recherches de Maigret n'aboutissent à rien. Mais au cours d'une visite dans son bateau, Maigret découvre le marteau qui a servi au crime et le manteau de la victime. Cependant, Maigret ne l'arrête pas : de plus en plus, il est intrigué par le comportement d'Anna, qui garde toujours la même impassibilité et le même contrôle de soi... Une « pseudo-enquête » de Maigret, appelé au secours par une connaissance d’un cousin. Et là encore, les coupables trop évidents seront vite écartés par un commissaire en dilettante qui, curieusement, se souciera bien plus de comprendre que de juger...

Georges Simenon fait entrer le commissaire Maigret dans le quotidien d'une famille flamande en apparence unie, respectable, et accueillante. Et pourtant l'existence tranquille, presque en vase clos, de ces gens simples sera bouleversée par le comportement odieux de certains habitants qui les montrent du doigt, les jalousent en raison de leur train de vie opulent et les accusent de la disparition de Germaine Piedboeuf. A la faveur d'un exercice de style original dont il est coutumier, le romancier marque un changement brutal d'atmosphère en nous faisant passer, sans transition, de la détestation d'une population en colère alliée à une météo maussade à la quiétude un peu trop doucereuse d'un foyer où flotte une lourdeur envoûtante et embrumée. Par le biais d'un scénario bien structuré, le romancier développe progressivement une intrigue passionnante en laissant planer le mystère. La langueur du récit nous emporte dans les vapeurs de genièvre, la douce saveur d'une tarte au riz et la sonorité des notes de musique d'un piano égrenant l'air mélancolique de la chanson de Solveig. Au fil des pages, le suspense évolue lentement, presque pesamment. La haine ou la jalousie ? Quel est le véritable mobile pouvant expliquer la disparition de Germaine ? Il ne faudra pas avoir l'esprit embrumé pour comprendre le message que l'auteur veut nous faire passer en dévoilant les états d'âme du coupable dans un dénouement étonnant et un peu déroutant...