Court toujours : Celle qui reste : Le livre de Rachel Corenblit, Régis Lejonc

Antigone assiste à l'aveuglement de son père, le suicide de sa mère et sent venir le conflit entre ses frères, Polynice et Étéocle, pour la prise du pouvoir. Seule, elle se questionne sur l'héritage de sa famille, la cruauté des Dieux qui ont, bien avant sa naissance, maudit sa lignée. Rachel Corenblit signe un texte court et poétique dont l'écriture en prose magnifie le propos et interroge sur le pouvoir de résilience de son héroïne, condamnée par ses origines, et sur sa capacité à défendre sa liberté dans la tragédie décrite par le devin Tirésias. Cependant, si le propos est pertinent, je reste moyennement convaincue par l'impact que pourra avoir ce texte de par sa brièveté. Il faudra compléter la lecture par le mythe d'Oedipe et celui de sa descendance. Les illustrations de Régis Lejonc viennent nourir et appuyer le tragique dans la simplicité de leur colorisation toute en noir et rouge. On pourra par ailleurs souligner l'importance de l'arbre généalogique qui, en plus de rappeler la tradition des textes mythologiques, permettra de retracer les origines familiales d'Antigone dont on oublie facilement qu'elle est la fille d'Oedipe et Jocaste.

Quelle réussite que ce court roman, d'une collection dont les choix éditoriaux sont toujours remarquables ! Dans un récit à la 1ère personne, Antigone nous apporte son point de vue sur l'histoire tragique de sa famille dans une langue sensible et poétique, avant de revenir à elle et à son devenir, de façon d'autant plus touchante qu'on connaît sa fin....