Des diables et des saints : Le livre de Jean-Baptiste Andrea, Guillaume Marquet

Au départ, j’ai eu du mal à rentrer dans l’histoire et puis l’orphelinat des Confins m’a transportée. Ses enfants de personne à l’insouciance volée mais à l’amitié solide, m’ont profondément touchée. C’est un récit poignant fait d’injustice, de violence, de silence mais également de musique, d’entraide, de rêve. Un livre à l’aura singulière qui mérite le succès.

Un roman qui vous attrape dés le début et ne vous autorise pas à le lâcher sans connaitre la fin. Cette histoire dramatique centrée sur la vie dans ce sombre orphelinat racontée à travers la vie de ce pianiste virtuose est très enlevée et je me suis senti en communion avec Joe. Sa passion pour la musique et l'espace ( Mickael Collins en particulier) apportent une touche poétique et de la douceur. Certes, les "méchants" personnifiés par l'abbé Sénac et son homme de main Grenouille sont un peu caricaturaux mais on aime les haïr. De plus, alors que l'on pourrait s'attendre à un règlement de compte final, ici, point de vengeance rédemptrice, la vie s'écoule sans cela et c'est ainsi. De même, la perte puis la quête de l'amour de Rose reste en suspend. Le pianiste jouant dans les gares avec l'espoir que son amour le reconnaisse à son jeu si expressif, comme un oiseau qui chante pour appeler sa belle, c'est beau.

Joe est un vieil homme qui passe ses journées à jouer divinement du Beethoven sur les pianos publics des diverses gares parisiennes. Mais pourquoi donc ce pianiste virtuose passe-t-il son temps à jouer dans les gares alors qu'il pourrait être soliste dans les plus grandes salles de concert ? Pourquoi donc ne veut-il jouer que du Beethoven ? Qui attend-t-il ? Pour répondre à ces questions, nous allons plonger dans l'enfance de Joseph. Celle d'un adolescent, qui à la mort de ses parents, va se retrouver enfermer dans un pensionnat religieux en plein cœur des Pyrénées, "Les Confins". Dans ce lieu au bout du monde, les journées sont faites de routine, de corvées, de prières et de maltraitances. Mais aussi d'amitié et même d'amour, avec un but final la fugue, le plus loin possible,... Jean-Baptiste Andréa trouve les mots pour réveiller l'enfant qui sommeille au fond de nous. Il y a tout dans ce roman magistral : de la poésie, de l'amitié, de la mélancolie, de la douleur, de l'humanité, de la révolte, des espoirs, du suspense, de l'aventure,... Le tout conté dans une langue magnifique. Une lecture intense de bout en bout ! Le roman à lire en ce début d'année !

Ce roman est une merveille de sensibilité, de délicatesse, d'humour délicat. Une ode à l'amitié, entre des orphelins dont la devise est "chacun pour soi", au premier amour, à la musique... Jean-Baptiste Andrea déploie tout son talent de conteur et met son immense culture au service d'une histoire qui ne peut que toucher au cœur. Si vous avez aimé "Veiller sur elle", vous adorerez "Des diables et des saints". Même si certains fils narratifs sont un peu moins aboutis, on l'oublie tant ce livre est prenant.